Les députés ont supprimé la possibilité donnée à un tiers d’administrer la substance mortelle.
Publié
Temps de lecture : 3 minutes
Les députés ont voté jeudi 6 juin l’article 5 du projet de loi sur la fin de vie, qui fixe les grands principes de l’aide à mourir. Mais le texte est remanié car les députés ont modifié une disposition importante. D’un vote, ils ont supprimé du texte le fait qu’un proche puisse administrer la substance mortelle au patient qui le souhaite.
Ce que prévoyait le texte initial
Le texte initial prévoyait qu’un condamné, souffrant et lucide, pouvait demander l’aide à mourir. Le principe établi est que c’est à lui d’administrer le produit mortel. Mais il y a une exception. Si le patient est physiquement incapable de le faire, quelqu’un peut l’administrer. OMS ? C’est la grande question. Le texte prévoyait deux possibilités : que l’acte soit accompli par un infirmier ou un médecin bénévole ou par un tiers volontaire qui pouvait être un proche, une épouse, un fils, un père, un ami.
De longs débats entre députés
Un proche peut-il tuer quelqu’un ? C’est la question que se posent ouvertement de nombreux députés depuis plusieurs jours. De longs débats ont eu lieu sur cette question de bioéthique. Ce point touche à l’intime et les députés ont finalement décidé de supprimer cette possibilité, jugeant que cela ferait peser une très lourde charge sur les épaules du proche concerné. “Moi, si mon père me le demande demain, parce qu’il n’en est pas physiquement capable, je le ferai. Mais je suis presque convaincu que toute ma vie je porterai un traumatisme et je vivrai le fait de l’avoir très mal tué, même s’il a souffert, même s’il a été condamné, il ne faut pas oublier ceux qui restent.a notamment fait valoir Thomas Ménage, député RN.
“C’est une des questions sur lesquelles j’ai beaucoup changé, et j’ai peut-être encore des doutes, mais en tout cas, pour le moment, je pense qu’il faut restreindre l’administration de cette substance mortelle soit par le patient, soit par un soignant et ne pas y amener une autre personne”a pour sa part défendu la communiste Elsa Faucillon.
« Quelle liberté a une personne lorsque son proche lui demande de faire cela ? Quand n’oseront-ils pas dire non ?
le député socialiste Laurent Panifoussur franceinfo
“La prise en charge par un proche, ce qui serait une innovation unique au monde, n’est pas une mauvaise idée, c’est une très mauvaise idée”de son côté a décidé la députée Renaissance Laurence Cristol.
A l’inverse, permettre à un proche de tuer peut être un acte d’amour, estiment les rapporteurs généraux du texte Olivier Falorni et Danielle Simonnet des Insoumis. “Il n’est pas possible selon moi de refuser que, dans certaines circonstances, parce que le patient le souhaite, parce que l’être cher le souhaite, on interdise ce que l’on peut considérer à tort ou à raison comme un acte d’amour du prochain.a argumenté Olivier Falorni. “Qui sommes-nous pour juger et interdire. Et surtout, cela est déjà arrivé et cela arrivera. La question est donc ‘est-ce qu’on protège les soignants qui étaient à proximité et les soignants qui ont fait ça ? en toute conscience ?” juge pour sa part Daniel Simonnet.
Cette question pourrait revenir dans d’autres articles
Dans le nouveau texte, les députés ont donc décidé qu’un proche ne pouvait pas causer la mort, mais ce débat n’est pas forcément définitivement clos. La suppression de l’intervention des proches n’a été votée que par 43 voix contre 42, elle a donc été décidée par une voix à la reprise des débats à 9 heures du matin, alors que peu de députés étaient présents. La question pourrait également se poser à nouveau. Les députés ont voté l’article 5 qui posait les grands principes de cette aide à mourir, mais les articles suivants détaillent les modalités et la procédure d’administration du produit mortel. Les tiers, soignants ou proches, seront à nouveau abordés cette fois à l’article 11. Avec très certainement, une nouvelle fois un débat sur le sujet. Mais cela n’arrivera pas immédiatement. Après dix jours d’examen, les députés n’en sont qu’à l’article 6, celui qui définit les critères à remplir pour les patients qui souhaitent bénéficier de l’aide à mourir. Cet article est discuté depuis jeudi midi et il y a beaucoup d’amendements à considérer.
Les députés ont supprimé la possibilité donnée à un tiers d’administrer la substance mortelle.
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Les députés ont voté jeudi 6 juin l’article 5 du projet de loi sur la fin de vie, qui fixe les grands principes de l’aide à mourir. Mais le texte est remanié car les députés ont modifié une disposition importante. D’un vote, ils ont supprimé du texte le fait qu’un proche puisse administrer la substance mortelle au patient qui le souhaite.
Ce que prévoyait le texte initial
Le texte initial prévoyait qu’un condamné, souffrant et lucide, pouvait demander l’aide à mourir. Le principe établi est que c’est à lui d’administrer le produit mortel. Mais il y a une exception. Si le patient est physiquement incapable de le faire, quelqu’un peut l’administrer. OMS ? C’est la grande question. Le texte prévoyait deux possibilités : que l’acte soit accompli par un infirmier ou un médecin bénévole ou par un tiers volontaire qui pouvait être un proche, une épouse, un fils, un père, un ami.
De longs débats entre députés
Un proche peut-il tuer quelqu’un ? C’est la question que se posent ouvertement de nombreux députés depuis plusieurs jours. De longs débats ont eu lieu sur cette question de bioéthique. Ce point touche à l’intime et les députés ont finalement décidé de supprimer cette possibilité, jugeant que cela ferait peser une très lourde charge sur les épaules du proche concerné. “Moi, si mon père me le demande demain, parce qu’il n’en est pas physiquement capable, je le ferai. Mais je suis presque convaincu que toute ma vie je porterai un traumatisme et je vivrai le fait de l’avoir très mal tué, même s’il a souffert, même s’il a été condamné, il ne faut pas oublier ceux qui restent.a notamment fait valoir Thomas Ménage, député RN.
“C’est une des questions sur lesquelles j’ai beaucoup changé, et j’ai peut-être encore des doutes, mais en tout cas, pour le moment, je pense qu’il faut restreindre l’administration de cette substance mortelle soit par le patient, soit par un soignant et ne pas y amener une autre personne”a pour sa part défendu la communiste Elsa Faucillon.
« Quelle liberté a une personne lorsque son proche lui demande de faire cela ? Quand n’oseront-ils pas dire non ?
le député socialiste Laurent Panifoussur franceinfo
“La prise en charge par un proche, ce qui serait une innovation unique au monde, n’est pas une mauvaise idée, c’est une très mauvaise idée”de son côté a décidé la députée Renaissance Laurence Cristol.
A l’inverse, permettre à un proche de tuer peut être un acte d’amour, estiment les rapporteurs généraux du texte Olivier Falorni et Danielle Simonnet des Insoumis. “Il n’est pas possible selon moi de refuser que, dans certaines circonstances, parce que le patient le souhaite, parce que l’être cher le souhaite, on interdise ce que l’on peut considérer à tort ou à raison comme un acte d’amour du prochain.a argumenté Olivier Falorni. “Qui sommes-nous pour juger et interdire. Et surtout, cela est déjà arrivé et cela arrivera. La question est donc ‘est-ce qu’on protège les soignants qui étaient à proximité et les soignants qui ont fait ça ? en toute conscience ?” juge pour sa part Daniel Simonnet.
Cette question pourrait revenir dans d’autres articles
Dans le nouveau texte, les députés ont donc décidé qu’un proche ne pouvait pas causer la mort, mais ce débat n’est pas forcément définitivement clos. La suppression de l’intervention des proches n’a été votée que par 43 voix contre 42, elle a donc été décidée par une voix à la reprise des débats à 9 heures du matin, alors que peu de députés étaient présents. La question pourrait également se poser à nouveau. Les députés ont voté l’article 5 qui posait les grands principes de cette aide à mourir, mais les articles suivants détaillent les modalités et la procédure d’administration du produit mortel. Les tiers, soignants ou proches, seront à nouveau abordés cette fois à l’article 11. Avec très certainement, une nouvelle fois un débat sur le sujet. Mais cela n’arrivera pas immédiatement. Après dix jours d’examen, les députés n’en sont qu’à l’article 6, celui qui définit les critères à remplir pour les patients qui souhaitent bénéficier de l’aide à mourir. Cet article est discuté depuis jeudi midi et il y a beaucoup d’amendements à considérer.