Les habitants de Catalogne, centre économique du nord-est de l’Espagne, se préparent à voter ce dimanche 12 mai pour les élections régionales. Un scrutin clé pour élire les 135 députés du parlement régional sur lequel Pedro Sanchez parier gros. Reprendre le pouvoir aux indépendantistes serait une victoire majeure pour le Premier ministre qui veut tourner la page de la tentative de sécession de 2017.
Pierre Sanchez veut consolider sa campagne
Les sondages donnent le Parti socialiste largement en avance sur la formation de Carles Puigdemont, Junts per Catalunya (Ensemble pour la Catalogne), et sur l’autre grand parti séparatiste, la Gauche républicaine de Catalogne (ERC), dirigé par l’actuel président régional Pere Aragones.
Un bon résultat permettrait à Pedro Sánchez de relancer un nouveau mandat marqué par une opposition farouche de la droite et l’ouverture d’une information judiciaire contre son épouse, à l’issue de laquelle il a failli démissionner. Un succès signifierait « une nouvelle étape » en Catalogne « après dix années perdues », a déclaré le candidat du Parti socialiste à ces élections, Salvador Illa.
La carrière politique de Carles Puigdemont dans une impasse
Les indépendantistes ne comptent pas abandonner. Les partis indépendantistes conservent la majorité à l’assemblée avec 74 sièges depuis le dernier scrutin de 2021.
La stratégie de relaxation de Pedro Sanchez l’a conduit à gracier les dirigeants séparatistes condamnés à la prison pour leur rôle dans la tentative de sécession et à accorder une loi d’amnistie, contestée dans la rue par la droite, en échange du soutien des partis catalans à son renouvellement au pouvoir en novembre.
Ce texte, qui doit être voté dans les prochaines semaines, permettra à Carles Puigdemont, visé par un mandat d’arrêt, de faire son grand retour en Espagne après sept ans d’exil. En attendant, c’est depuis le sud de la France que l’indépendantiste mène sa campagne.
Il a fortement progressé dans les sondages ces dernières semaines. Président de la région en 2017, Carles Puigdemont veut croire en ses chances de diriger à nouveau la Catalogne si Junts s’impose comme le parti leader du bloc séparatiste et que ce dernier, très divisé, conserve la majorité des sièges.
jeux d’alliances
Cette hypothèse paraît a priori compliquée, d’autant qu’une nouvelle formation séparatiste, l’Alliance catalane, classée à l’extrême droite et avec laquelle les autres partis indépendantistes ne veulent pas s’allier, a émergé ces derniers mois et est créditée d’une poignée de sièges par les sondages.
Carles Puigdemont joue donc gros dans ce scrutin, car il a assuré qu’il se retirerait de la politique locale s’il ne parvenait pas à être élu président de la région. Crédités dans les sondages d’une quarantaine de sièges, loin de la majorité absolue fixée à 68, les socialistes devront aussi trouver des alliés pour gouverner.
Une des hypothèses est un accord avec l’extrême gauche et avec l’ERC, mais cela finirait par faire imploser le mouvement indépendantiste. Ernesto Pascual, politologue à l’Université autonome de Barcelone, ne pense pas que ces jeux d’alliances puissent mettre en danger le gouvernement de Pedro Sánchez, dont la fragile majorité parlementaire dépend du soutien des Junts et de l’ERC.
Ces deux partis n’ont aucun intérêt à “pousser Sánchez à la démission” et à provoquer de nouvelles élections, car “le scénario (politique) pourrait changer très rapidement” à l’échelle nationale, souligne-t-il en référence à une éventuelle arrivée au pouvoir de la droite et du parti. extrême droite, vent fort contre l’amnistie des indépendantistes.