Publié
Temps de lecture : 5 minutes
Michel Barnier doit détailler la feuille de route de son gouvernement aux députés mardi après-midi. Près d’un mois après sa nomination à Matignon, il va faire face à un hémicycle hostile.
“Mardi, ça va être l’horreur absolue, la gauche va être furieuse.” Comme ce député Républicain, beaucoup craignent une ambiance tendue dans les allées de l’Assemblée nationale pour la déclaration de politique générale de Michel Barnier, mardi 1er octobre à 15 heures. Devant les députés, le Premier ministre doit prendre la parole pour un discours censé détaillerSes priorités et la méthode qu’il compte appliquer depuis Matignon.
Prévu par la Constitution, cet exercice revêt une importance particulière pour ce nouveau gouvernement, car sa base politique est fragile : plusieurs partis, y compris au sein du camp présidentiel, ont mis en garde Michel Barnier contre “lignes rouges” qu’il ne doit pas franchir sous peine de perdre leur soutien, voire de déclencher le vote d’une motion de censure. Voici les enjeux de ce rendez-vous déjà crucial pour Michel Barnier et son gouvernement.
Près de quatre semaines après sa nomination par Emmanuel Macron, Michel Barnier doit entrer mardi dans l’arène de l’Assemblée nationale, avec à ses côtés une équipe gouvernementale complète. Peu de choses ont filtré sur le contenu du discours qu’il entend prononcer et qui devrait fixer le cap de sa politique pour les semaines et les mois à venir. Ce ne sera pas « non pas un catalogue, mais un panel de grandes priorités et quelques mesures de rupture »explique simplement l’entourage du chef du gouvernement à France Télévisions.
Pour préparer cette rencontre, le Premier ministre a pu s’inspirer du séminaire gouvernemental organisé vendredi à Matignon. Un conseiller ministériel a expliqué à franceinfo que le chef du gouvernement avait demandé à chacun de ses ministres de venir avec ses propositions pour l’aider à construire la déclaration de politique générale. Reste à savoir si ces pistes auront été retenues par Michel Barnier.
Une chose est sûre : il n’y aura pas de vote de confiance à l’issue de ce discours, comme l’a confirmé lundi l’entourage de Michel Barnier à franceinfo. C’est un « usage constant en dehors de la majorité absolue », “pas une obligation constitutionnelle”nous justifions à Matignon, où nous assurons que “chaque texte fera l’objet de discussions avec tout le monde”. Les prédécesseurs de Michel Barnier, Elisabeth Borne et Gabriel Attal, n’avaient pas non plus sollicité la confiance des députés.
Le Premier ministre sera particulièrement attendu sur la question budgétaire, sujet brûlant dans un contexte de finances publiques très difficile. Pour tenter de remettre les comptes à l’ordre, va-t-il annoncer une forte réduction des dépenses de l’État ou une augmentation de certains impôts ? Parmi les pistes envisagées, selon une source du ministère de l’Économie à France Télévisions, les collectivités territoriales pourraient être amenées à réduire leurs dépenses. Leurs dépenses accrues ont conduit à une “déraper” du déficit de 16 milliards d’euros en 2024, selon l’ancien ministre Bruno Le Maire. En termes de revenus, « Michel Barnier parlait de ne pas taxer ceux qui travaillent. Les retraités ne travaillent pas, donc les plus riches pourraient être imposés.»avance encore cette source à Bercy.
Depuis son arrivée au pouvoir, Michel Barnier a fait de l’immigration l’un des axes majeurs de sa politique. « Nous allons faire des choses concrètes pour limiter et contrôler l’immigration qui devient souvent insupportable et qui conduit à ne pas accueillir dans notre pays ceux que nous accueillons »a-t-il prévenu sur France 2, dimanche 22 septembre. Nul doute que cette question sera à nouveau évoquée lors de la déclaration de politique générale de mardi.
Par ailleurs, sa position sera également scrutée de près sur l’Etat de droit alors que Bruno Retailleau, le nouveau ministère de l’Intérieur, a suscité une polémique en déclarant dans Le JDD que « l’État de droit n’est ni intangible ni sacré ». Une partie du bloc présidentiel, dont plusieurs membres sont au gouvernement, a vivement dénoncé ces déclarations. La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a par exemple rappelé que l’État de droit “protégé(a) notre démocratie”se disant “inquiétude” propos de l’ancien patron des sénateurs LR.
La manière dont le Rassemblement national accueillera le discours de Michel Barnier déterminera en partie sa durée de vie. Depuis l’arrivée à Matignon de l’ancien commissaire européen, le parti de Marine Le Pen et Jordan Bardella a entre ses mains le destin de l’exécutif : en ajoutant ses voix à celles de la gauche dans le cadre du vote d’une motion de censure, cela pourrait directement faire tomber le gouvernement. Pour le moment, le RN se montre très prudent et exigeant. Si Michel Barnier « fait le jeu de la gauche, alors il y aura la censure »a rappelé Laurent Jacobelli sur franceinfo. La porte-parole du RN souligne le “lignes rouges” de sa formation politique sur l’immigration, le pouvoir d’achat ou la sécurité des Français.
Contrairement au RN, la gauche a décidé de ne pas attendre les intentions du gouvernement de Michel Barnier pour se prononcer : les quatre groupes parlementaires du Nouveau Front populaire à l’Assemblée nationale voteront la censure. Deux choses sont néanmoins à surveiller parmi les 193 élus du bloc de gauche : vont-ils déposer une motion de censure dans la foulée de la déclaration de politique générale, mardi en fin de journée ? Dans ce cas, le vote aurait lieu jeudi et nécessiterait les 11 groupes parlementaires se positionner très rapidement sur le sort du gouvernement Barnier. L’autre élément à scruter tient davantage à la forme : les élus de gauche vont-ils perturber le discours du chef du gouvernement mardi après-midi ? “J’ai très peur : ça fait quatre mois que les rebelles sont dans la marmite, ça va être une catastrophe”anticipe un député LR.
En théorie, les trois partis de l’ancienne majorité présidentielle font partie du « socle commun » sur lequel repose le gouvernement de Michel Barnier. Ils ne devraient donc pas s’opposer à son discours. En fait, ils sont très exigeants et demandent des garanties au nouveau chef du gouvernement. Certains sont mécontents après la sortie de Bruno Retailleau sur l’État de droit, tandis que d’autres sont opposés à une augmentation des impôts. Il faudra donc surveiller les réactions, notamment celles des députés de gauche d’Ensemble pour la République et du MoDem, pour voir si la base de Michel Barnier s’effrite déjà.
Michel Barnier a rappelé mardi en Conseil des ministres "son attachement intangible à l'Etat de droit", dont le non-respect constitue…
A l'extrême droite, le groupe Rassemblement national compte 126 députés et le groupe Union des droits pour la République dirigé…
C'estIl y a un paradoxe inquiétant : le jour de l’année où l’on souffle nos bougies pourrait bien être le…
Jérémie Iordanoff, député écologiste de l'Isère, lors d'une séance de questions avec le gouvernement à l'Assemblée nationale à Paris, le…
Porte-conteneurs CMA CGM au port d'Anvers, Belgique, septembre 2022. YVES HERMAN / REUTERS P.jolis terminaux portuaires ! Les grands armateurs…
LE ANALYSE SPORTIVE - AJ Griffin, qui était sous contrat avec les Houston Rockets en NBA, a décidé de mettre…