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Éditorial Marseille
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Article rĂ©digĂ© par Black-Track, l’application spĂ©cialisĂ©e dans les cold cases.
Peu d’Ă©lĂ©ments ressortent de l’enquĂŞte initiale menĂ©e par le parquet de Gap, qui a depuis confiĂ© le dossier Ă la brigade spĂ©ciale de Nanterre, depuis le 8 septembre 2007.
C’est Ă cette date qu’elle a Ă©tĂ© tuĂ©e Ginette Enfoux77 ans, dans un petit village des Hautes-Alpes.
Pas de réponse au téléphone
Dans la petite ville de Veynes, les faits divers ne font pas souvent la une des journaux. Et pourtant, toute la population s’apprĂŞte Ă dĂ©couvrir le drame qui a frappĂ© l’un de ses plus anciens habitants le 8 septembre 2007.
Ginette Enfoux ne rĂ©pond pas au tĂ©lĂ©phone ce samedi matin. Son fils Jean-Max Enfoux, le mĂ©decin du village, s’inquiète de ne pas avoir de ses nouvellesOn craint un malaise, une chute, mĂŞme si Ginette Enfoux est encore alerte pour son âge.
Ginette Enfoux se repose dans son jardin
C’est donc sa belle-fille qui est envoyĂ©e dans la petite maison de la rue des Jardins, pour s’assurer que tout va bien. Mais rien ne va. Ginette Enfoux est allongĂ©e dans son jardin, en chemise de nuit, tĂŞte ensanglantĂ©e.
Son corps, étendu là depuis plusieurs heures, est caché à la vue, invisible depuis la rue. « À l’époque, une haie épaisse entourait la maison », se souvient Huguette, une voisine qui connaissait bien Mme Enfoux. « Là où elle se trouvait, Nous ne pouvions pas la voirmême depuis le bâtiment derrière la maison.
La thĂ©orie de l’accident est Ă©cartĂ©e
La thèse de l’accident a Ă©tĂ© rapidement Ă©cartĂ©e par la police Ă son arrivĂ©e sur les lieux, puis dĂ©finitivement Ă©cartĂ©e après une autopsie. Mme Enfoux a Ă©tĂ© frappĂ©e par plusieurs coups au visage et au crâne avec un objet contondant. Une pierre, un outil ? MĂŞme l’avocat et ami de Jean-Max Enfoux, Me Kader Sebbar, est restĂ© dans l’ignorance pendant toutes ces annĂ©es.
« Nous ne l’avons jamais su, soit parce qu’il Ă©tait impossible de le dĂ©terminer, soit parce que l’information est restĂ©e secrète. » L’arme du crime n’a jamais Ă©tĂ© retrouvĂ©, ce qui suggère que le meurtrier s’en est dĂ©barrassĂ© lors de sa fuite.
La vieille dame et les jeunes
Dans le village, la police a interrogĂ© le voisinage, les habitants du quartier, ceux qui connaissaient la victime. On voyait Mme Enfoux tous les jours, faire ses courses, discuter avec tout le monde, ou encore « galĂ©rer pour rentrer sa voiture dans son garage », sourit Huguette. « C’Ă©tait une femme gentille, sympathique, très dynamique, avec un fort caractère. Elle ne se laissait jamais marcher sur les pieds ! »
C’est peut-ĂŞtre ce qui a conduit Ă la mort de Mme Enfoux. En tout cas, c’est une piste que la police a Ă©tudiĂ©e. Car quelques semaines avant le meurtre, Mme Enfoux s’Ă©tait battue avec des jeunes des immeubles voisins.
Certains sont venus pour « fumer ou boire, parfois faire des bĂŞtises « Comme si on s’introduisait dans les jardins des gens », se souvient Huguette, qui a connu ce problème lorsqu’elle Ă©tait encore propriĂ©taire de son terrain. Mais ces histoires ne dĂ©passaient jamais « quelques insultes ».
Ginette Enfoux ne se sentait plus en sécurité
La situation aurait pu devenir plus grave pour Ginette Enfoux, qui a admis ne plus se sentir en sécurité chez elle plusieurs semaines avant son décès.
Une altercation avec des « jeunes » s’est-elle terminĂ©e par des menaces ? « On l’a envisagĂ©, on l’a peut-ĂŞtre encore, mais imaginer qu’on puisse tuer si sauvagement « C’est encore difficile de demander Ă une dame âgĂ©e quelque chose d’aussi trivial », admet Me Sebbar.
Une autre piste envisagée
Un cambriolage qui aurait mal tournĂ© a Ă©galement Ă©tĂ© envisagĂ© par les enquĂŞteurs. Lors de l’inspection de la maison de Mme Enfoux le jour de sa mort, les tiroirs renversĂ©s et les placards ouverts laissaient penser Ă une visite nocturne qui aurait rĂ©veillĂ© Ginette Enfoux. Les visiteurs, surpris, auraient paniquĂ© et tuĂ© la vieille dame. Mais pourquoi le meurtre aurait-il eu lieu dans le jardin et non Ă l’intĂ©rieur de la maison ?
Après la mort de Ginette Enfoux, les rumeurs ont rapidement commencĂ© Ă circuler. Personne n’imaginait alors que ce crime violent, ce meurtre d’une femme apprĂ©ciĂ© de tousaurait pu ĂŞtre commis par quelqu’un du village. Et les regards se sont tournĂ©s vers l’extĂ©rieur. « C’était au moment de la fĂŞte du village, donc tout le monde a pointĂ© du doigt les forains qui Ă©taient arrivĂ©s peu avant, se souvient Sylvie*, une autre habitante de la rue des Jardins. Mais c’était la solution de facilitĂ©. Ă€ mon avis, c’est juste parce qu’on ne voulait pas que ce soit quelqu’un du village. »
La police a cependant explorĂ© la piste des forains selon l’avocat Me Sebbar, bien que cette piste n’ait rien donnĂ© Ă sa connaissance, tout comme celle des jeunes du village. La thĂ©orie du cambriolage reste Ă©galement prĂ©caire : “Selon Jean-Max (Enfoux), rien ne manquait dans la maison. Soit le cambriolage a Ă©tĂ© interrompu après le meurtre, soit il s’agissait d’un coup montĂ©.” En tout cas, le fils de Mme Enfoux n’a jamais eu de rĂ©ponses Ă ses questions. Il est dĂ©cĂ©dĂ© en 2016, deux ans avant que le tribunal de Gap ne rende son dossier sans suite.
Reprise du dossier
En 2022, les magistrats de la brigade des crimes non élucidés – ou PCSNE – de Nanterre entreprendront un « tour de France » des tribunaux judiciaires pour recueillir les affaires non élucidées et commencer leur analyse.
Le meurtre de Ginette Enfoux en fait partie. Le tribunal de Gap s’est donc dessaisi de l’affaire au profit du tribunal de Nanterre. Pour l’heure, aucune information n’a Ă©tĂ© communiquĂ©e sur l’examen de ce dossier et sur d’Ă©ventuels nouveaux actes d’enquĂŞte.
*Le nom a été changé.
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