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« Qui serait aujourd’hui assez aveugle pour ne pas proclamer sa volonté de rupture ? Mais les faits sont têtus. »

LLe week-end des 7 et 8 septembre, deux formations de gauche ont laissé échapper leur colère de ne pas être installées à la tête du pays, alors que le second tour des législatives du 7 juillet avait placé le Nouveau Front populaire en pole position. La première, virulente, a manifesté en vue d’obtenir la destitution d’Emmanuel Macron, accusé d’avoir trompé les électeurs en rejetant la candidature de Lucie Castets à Matignon. La seconde, plus discrète, a maudit la direction du Parti socialiste d’avoir laissé filer l’occasion de pouvoir réinstaller, dans une forme de cohabitation inédite, un gouvernement de gauche sous l’égide de Bernard Cazeneuve, l’ancien Premier ministre de François Hollande. Derrière cet échec collectif, la tension classique entre radicalité et recherche de compromis, qui éclaire toute l’histoire de la gauche mais la dépasse désormais.

Qui serait assez aveugle aujourd’hui pour ne pas proclamer sa volonté de rupture ? Tout y pousse, à commencer par la dévitalisation accélérée du président de la République qui, depuis 2022, peine à donner un sens à son second mandat et a fini de se ruiner dans la dissolution de l’Assemblée nationale. À cela s’ajoutent le discrédit subi par la représentation nationale dans son ensemble, la mauvaise image donnée par l’Assemblée fragmentée en trois blocs, le rejet des partis, le tout précisément documenté par la dernière enquête électorale réalisée par Ipsos pour Le mondela Fondation Jean Jaurès, le Centre de recherches politiques de Sciences Po et l’Institut Montaigne (Le monde à partir du 31 août).

Prolongez le « en même temps »

Dans ce contexte délétère, l’épidémie de rupture ne concerne pas que les extrêmes. Elle touche aussi le bloc central, n’épargne pas le camp présidentiel, qui s’est retrouvé agité mercredi 4 septembre par la déclaration de candidature d’Édouard Philippe. Préparé à toutes les éventualités y compris celle d’une élection présidentielle anticipée, l’ancien Premier ministre s’est promis de proposer quelque chose ” massif “ aux Français, une manière de rompre avec le bourbier ambiant le jour où Emmanuel Macron semblait incapable de trouver un Premier ministre qui ne serait pas immédiatement censuré. Et quand, le lendemain, un nom fut enfin annoncé, celui de l’ancien commissaire européen Michel Barnier, c’est à nouveau le registre de la disruption qui s’activa, le candidat promettant sur le perron de Matignon de s’engager « changements » Et « ruptures ».

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Avec Michel Barnier, la rupture de continuité à Matignon

A ce stade, pourtant, les faits sont têtus. Au terme de l’incroyable séquence de soixante jours durant laquelle le pays s’est retrouvé en apesanteur, administré par un interminable gouvernement démissionnaire, l’impression de continuité prévaut au sein de l’exécutif. Mettant en avant son gaullisme social, rejetant tout sectarisme, le successeur de Gabriel Attal se présente davantage comme un homme d’ouverture que comme un ancien candidat à la primaire de la droite en faveur de la retraite à 65 ans et d’un référendum pour permettre un retour à une démocratie plus juste. « liberté de manœuvre » en matière d’immigration.

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Celine

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