Malgré l’absence de relations diplomatiques, l’Iran et les États-Unis ont procédé lundi à un échange de prisonniers au Qatar dans le cadre d’un accord conclu en août.
• Lire aussi : Washington confirme un échange de prisonniers avec l’Iran
Cet accord, qui ne porte pas sur le programme nucléaire iranien, fait suite au transfert de six milliards de dollars de fonds iraniens gelés en Corée du Sud vers un compte spécial au Qatar pour être restitués à l’Iran. Issus de la vente d’hydrocarbures par l’Iran, ces fonds ont été bloqués suite aux sanctions américaines.
Américains libérés par l’Iran
Cinq Américains détenus en Iran ont été transférés de prison en résidence surveillée en août avant d’être transférés au Qatar pour être libérés lundi.
Le cas le plus médiatisé est celui de l’homme d’affaires Siamak Namazi, arrêté en 2015 et condamné à dix ans de prison en 2016 pour espionnage.
Son père octogénaire, Mohammad Baquer Namazi, s’est rendu en Iran pour tenter d’obtenir sa libération. Il a été arrêté et condamné avant d’être exempté de peine en 2020 et de quitter l’Iran en octobre 2022.
Sur la liste figure également Emad Sharqi, un investisseur, condamné à dix ans de prison pour espionnage.
Morad Tahbaz, un Irano-Américain qui possède également la nationalité britannique, a été arrêté en janvier 2018 et condamné à dix ans de prison pour « conspiration avec l’Amérique ».
L’identité des deux autres n’est pas connue.
Tous les Américains détenus sont d’origine iranienne. L’Iran ne reconnaît pas la double nationalité et n’entretient plus de relations diplomatiques avec les États-Unis depuis la révolution islamique de 1979.
Des Iraniens libérés aux États-Unis
La plupart des Iraniens détenus aux États-Unis sont des binationaux accusés de ne pas avoir respecté les sanctions économiques imposées par Washington.
En 2022, l’autorité judiciaire iranienne a fait état de la détention de « dizaines » de ressortissants iraniens aux États-Unis.
Parmi les cinq Iraniens libérés figurent Reza Sarhangpour et Kambiz Attar Kashani, accusés d’avoir « détourné les sanctions américaines ».
Amin Hasanzadeh a été reconnu coupable en 2020 de vol de données techniques, tandis que Mehrdad Moein Ansari a été accusé de chercher à obtenir du matériel militaire et Lotfolah Kaveh Afrasiabi est considéré comme un agent du gouvernement iranien, selon le ministère américain de la Justice.
Deux des cinq libérés, Mehrdad Moin-Ansari et Reza Sarhangpour, ont décidé de rentrer en Iran, tandis qu’un autre a dû se rendre dans un pays tiers pour retrouver sa famille et les deux derniers sont restés aux États-Unis, selon les autorités iraniennes.
Echanges précédents
En juin 2020, Téhéran avait annoncé le retour de deux scientifiques détenus aux États-Unis : Cyrous Asgari, accusé de vol de secrets industriels, et Majid Taheri.
Au même moment, un ancien militaire américain, Michael White, arrêté en juillet 2018 et condamné à dix ans de prison pour avoir insulté le guide suprême iranien, Ali Khamenei, était libéré.
En décembre 2019, Téhéran a libéré Xiyue Wang, un chercheur américain emprisonné depuis 2016 pour espionnage, tandis que Washington a libéré Massoud Soleimani, un professeur d’université détenu depuis octobre 2018.
L’échange conclu en janvier 2016 et qui a permis le retour aux Etats-Unis du chef du bureau du Washington Post à Téhéran, Jason Rezaian, détenu depuis juillet 2014 pour « espionnage », a été davantage médiatisé. Cet Irano-Américain a été échangé contre sept Iraniens détenus aux Etats-Unis.
En l’absence de relations diplomatiques, les deux pays ont négocié ces libérations via des pays tiers, comme le Qatar, Oman ou la Suisse, qui représentent les intérêts américains à Téhéran.
journaldemontreal