Dolores, province de Buenos Aires, 6 août 2024. Des agents de la Brigada de Control Ambiental (BCA – l’équivalent de la police environnementale en France) se sont réunis dans une station-service pour finaliser les détails de la plus grande opération contre le trafic d’espèces sauvages jamais menée en Argentine.
Parallèlement, à 1 000 kilomètres au nord-est, dans les villes de Guampacha et Santo Domingo, dans la province de Santiago del Estero, d’autres unités de police préparent les treize raids qui seront menés ce même jour dans différentes localités du pays. Selon le coordinateur du BCA, Emiliano Villegas, 70 agents de la brigade et de la police fédérale, ainsi que 20 véhicules, ont été mobilisés pour ce raid historique.
La cible des opérations est l’entreprise Caza y Safaris Argentina (Chasse et Safaris Argentine), dirigée par l’entrepreneur et chasseur Jorge Néstor Noya, qui vendait des safaris illégaux dans plusieurs régions argentines.
« Les murs de ses chambres d’hôtes étaient couverts de photographies, de têtes empaillées et de crânes d’animaux protégés. C’était une sorte de publicité pour les chasseurs qui y séjournaient. »Emiliano Villegas a pu observer à Dolores.
Ateliers de taxidermie
Les trophées les plus exotiques étaient exposés dans le bar du bâtiment principal. Il y avait une table faite à partir d’une oreille d’éléphant et un porte-parapluie fabriqué à partir de la patte du même animal (des accessoires évidemment importés). A l’extérieur de la maison se trouvaient des ateliers où les peaux et les têtes de ces animaux étaient préparées pour les taxidermistes.
« Une odeur nauséabonde flottait dans l’air, explique Ariana Acevedo, une policière qui a participé aux opérations. Nous l’avons senti dès notre arrivée. Je ne veux même pas penser à ce que cela a dû être pendant l’été (australien) avec la chaleur.”
Les clients de Caza y Safaris ne semblent pas avoir pleinement conscience du caractère illégal de ses opérations. En réalité, l’entreprise était une façade pour l’un des plus grands réseaux de trafic d’espèces sauvages du pays, générant des centaines de milliers de dollars de revenus pour l’ensemble du secteur. Selon le parquet et les enquêteurs, c’est la première fois en Argentine qu’un cas de chasse illégale est lié à un trafic organisé.
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