Raphaël Glucksmann prône dans son programme une « révolution écologique »

« 337 mesures, que je compte vous présenter au total… » C’est avec une pointe d’humour que Raphaël Glucksmann a ouvert la conférence de presse de présentation du programme du Parti socialiste et de Place publique, sa formation, pour les élections européennes. . Mais c’est bien 337 mesures, et même 338 exactement, que comporte le programme de la tête de liste, toujours en quatrième position dans les sondages mais qui se rapproche de plus en plus de la majorité présidentielle.

« Agenda pour une transformation radicale de l’Union européenne »

Difficile évidemment d’échapper à l’impression d’un catalogue quelque peu fourre-tout. Le candidat aux élections européennes s’est néanmoins lancé dans cet « exercice un peu périlleux de synthèse de 337 mesures », dont il a cherché à présenter la cohérence. Il s’agit d’un programme résolument européen, de gauche et écologique, qui se divise en plusieurs volets : « Europe puissante », « Europe écologique », « Europe sociale », « Europe humaniste et juste », « L’Europe, puissance du futur ». , « une Europe démocratique et honnête » ou encore une « puissance publique européenne ». « L’Europe, l’Europe, l’Europe », comme aurait dit le général de Gaulle. Mais les temps ont changé. « Nous sommes à un tournant. Il y a des moments dans l’histoire qui définissent le destin des peuples », dit Raphaël Glucksmann. « Cela nécessite un cap clair », ajoute l’eurodéputé, qui appelle à un « agenda de transformation radicale de l’Union européenne, un agenda réaliste ».

A commencer, pour la tête de liste PS/Place Publique, par la question de la défense et de l’Ukraine. Prônant un « soutien à la résistance ukrainienne », il entend la financer en « saisissant 206 milliards d’euros d’avoirs publics russes gelés dans nos banques ». Il propose également « un fonds européen de défense de 100 milliards d’euros », ou encore un « acte européen d’achat d’armements ». Deux mesures proposées par Valérie Hayer dans son programme ou Emmanuel Macron. Le chef de l’Etat a aussi fait de l’Europe son ambition plus globalement, lors de son discours à la Sorbonne.

Défense : « Ce n’est pas un problème qu’il y ait un point de convergence » avec la liste Hayer

« Ce n’est pas un problème qu’il y ait un point de convergence sur ce sujet » de la défense, rétorque le candidat, qui souligne que « sur la Politique agricole commune (PAC), la pêche, le train ou les questions commerciales, nous ne avoir la même vision du tout. « Et sur la question écologique, leur programme repose sur 3 ou 4 mesures qui sont extrêmement floues », plaisante-t-il.

Nous y arrivons. Le PS et Place Publique ont décidé de mettre le paquet du côté de l’écologie. Sur les 337 mesures, on compte 90 propositions dans le chapitre « Europe écologique », contre 70 pour « l’Europe sociale » et 44 pour « l’Europe puissante ». Raphaël Glucksmann défend ainsi un « protectionnisme écologique européen » face à la « religion du libre-échange généralisé », un investissement « massif » dans les énergies renouvelables, une « phase 2 » du Green Deal faite de « planification, investissement », « sobriété », notamment celle des bâtiments, un « ticket climat » européen pour prendre le train, un « pacte de l’eau » pour « la préservation des fonds marins et la pêche artisanale », la défense de la biodiversité, sans oublier « le bien-être d’être ». animal. La liste est longue comme un bras.

« La puissance européenne sera écologique ou elle ne sera pas »

Pour bien comprendre le message, Raphaël Glucksmann affirme : « la puissance européenne sera écologique ou elle ne le sera pas ». Des propos qui rappellent ceux d’Emmanuel Macron, qui avait déclaré entre les tours de 2022 que son « quinquennat sera écologique ou il ne le sera pas », alors que l’enjeu pour lui était de chercher des voix écologistes… Les socialistes et Are leur allié de la Place publique qui tente d’arracher les voix de leurs amis écologistes de la liste de Marie Toussaint, qui peine à décoller dans les sondages ? De quoi faire décoller le deuxième étage de la fusée Glucksmann, qui bénéficie d’un élan dans les sondages, prenant la première place à gauche et talonnant la liste macroniste, au point d’ouvrir la perspective d’un franchissement des courbes, synonyme de tremblement de terre, s’il se confirme le 9 juin. Au programme, le chapitre social vient après celui de l’écologie.

Mais promis, ce n’est pas le but. « Cela fait deux ans que j’écris sur le concept de pouvoir écologique », « ce n’est pas pour chercher des voix que ce projet se construit », répond à publicsenat.fr Raphaël Glucksmann (voir la vidéo, images de Noah Bergot),  » nous n’avons pas effectué ces 337 mesures sur la base de la dernière enquête Ifop. Je ne pense jamais en termes de segment de population. Plutôt que l’importance de l’ordre des thèmes, il défend la cohérence d’ensemble. « Cette révolution écologique est un moment où la politique reprend le contrôle et pour que cela soit accepté, nous avons besoin d’une solidarité sociale qui permettra de consolider la démocratie. Et c’est ce qui nous permet de résister à l’offensive des régimes autoritaires. C’est une boucle», défend Raphaël Glucksmann, qui conclut sa démonstration :

Quand nous votons pour nous, nous savons où nous allons.

« Clause européenne la plus favorisée » et interdiction d’un écart salarial supérieur à 20 dans les entreprises

Sur le plan social, la candidate met sur la table un grand plan de lutte pour venir en aide aux 800 000 sans-abri en Europe, une réforme du marché de l’électricité, un plan de rénovation des bâtiments, « une Europe féministe » avec une « clause des plus favorisés ». Européenne » pour niveler la réglementation vers le haut, dans plusieurs domaines, l’interdiction d’un écart salarial supérieur à 20 dans une même entreprise ou la lutte contre le dumping social.

En matière d’immigration, l’Europe a « le devoir de sauver des vies en Méditerranée », estime l’eurodéputé. Il appelle à « sortir de l’hypocrisie par un moyen légal de régulation à l’échelle européenne ». Et alors que la situation est catastrophique à Gaza, les eurodéputés figurant sur sa liste seront des « combattants pour la reconnaissance de l’Etat palestinien », assure Raphaël Glucksmann.

«Nous assumons ces délégations de souveraineté»

Soutenir cette Europe puissante nécessite des changements institutionnels au niveau européen. Ou « la fin du droit de veto au Conseil » et une « avancée fédérale dans la construction européenne », qu’assume le candidat, mais qui a longtemps été débattue, voire divisée au PS et à gauche. « Nous assumons ces délégations de souveraineté », affirme Glucksmann, en Européen convaincu. Il prône logiquement « un budget européen, qui n’est plus ridicule », pour atteindre 5 % du PIB, et des « ressources propres », financées notamment par une contribution des entreprises qui bénéficient du marché unique. Sa liste propose également une « taxation des patrimoines les plus élevés, à l’échelle de l’Union européenne » soit « 200 milliards d’euros par an » à la clé. Sans oublier « la taxation des superprofits ». Pour financer les grands projets européens, il compte mutualiser les dettes.

Cette exception fédérale, où chaque État membre perdrait par conséquent une part de souveraineté, peut se faire, selon Raphaël Glucksmann, par « l’adoption d’un traité à la fois d’approfondissement et d’élargissement. Les deux vont de pair. S’il évoque l’entrée de l’Ukraine dans l’Union, cela impliquerait une réforme de la PAC, sinon « ce serait une catastrophe pour nos agriculteurs ».

« Je n’aurai pas une social-démocratie honteuse »

Pour la tête de liste, ce programme s’inscrit dans une logique plus globale, de gauche. « Nous sommes à un moment extrêmement intéressant qui est la redéfinition de la social-démocratie européenne » « et cela passe par le mariage avec l’écologie politique », « le social » et « le sens de l’Etat ». « J’adhérerai pleinement à cette redéfinition. Je n’aurai pas de social-démocratie honteuse », affirme Raphaël Glucksmann, qui prévient : « Je suis engagé dans ces réflexions (avec des partenaires européens), et même à la tête de ces discussions. »