RAPPORTS. « C’est leur Vietnam » : à Berkeley, la mobilisation étudiante pour Gaza rappelle le passé contestataire de l’université américaine

La guerre à Gaza continue d’enflammer les campus universitaires américains. Le mouvement, né en Colombie, s’est étendu à Los Angeles mais aussi à Berkeley, près de San Francisco.

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Cela fait deux semaines que les premières tentes ont été installées sur le campus californien de Berkeley, près de San Francisco, et on en compte désormais plus de 150. Alors que plus de 2 200 arrestations ont eu lieu lors des mobilisations étudiantes contre la guerre à Gaza aux Etats-Unis , les revendications à Berkeley se déroulent dans le calme. Il n’y a eu aucune intervention de la police ni évacuation, comme à l’UCLA de Los Angeles.

Berkeley est l’une des universités les plus prestigieuses au monde, llié à 114 prix Nobelt dont les anciens étudiants ont fondé, par exemple, Apple ou Ebay. Mais c’est aussi sur cette place qu’est né le mouvement de libération de la parole étudiante. C’est ici qu’ont eu lieu les premières arrestations d’étudiants qui distribuaient des tracts en faveur des droits civiques des Noirs en 1964, mais aussi que Martin Luther King a appelé à un “révolution des valeurs” en 1967 devant les foules rassemblées contre la guerre du Vietnam. Et c’est encore sur ces marches que s’est déroulé le mouvement contre l’apartheid en Afrique du Sud dans les années 1980.

« Faire pression » sur la direction

Un passé que les étudiants connaissent bien et auquel ils s’accrochent pour obtenir gain de cause. CONTREComme Judy, en deuxième année de sciences politiques, ils réclament notamment l’arrêt des investissements liés à la guerre à Gaza.

“L’université l’a déjà fait pour le Vietnam, l’Afrique du Sud”énumère-t-elle, citant également la décision prise par l’université, “il y a environ deux ans”couper «liens avec des sociétés de combustibles fossiles». “EElle l’a déjà fait et elle peut le refaire. »assure Judy. “Ils ont juste besoin d’un peu de pression.” L’étudiant cite notamment les 427 millions de dollars que Berkeley investit dans Blackrock, un gestionnaire d’actifs qui détiendrait des participations dans des fabricants d’armes.

“Nous continuerons jusqu’à ce qu’ils se débarrassent de certains investissements.”

Judy, étudiante à Berkeley

sur franceinfo

Les manifestants discutent de leurs revendications avec la direction de l’université, que certains enseignants considèrent comme légitimes. C’est le cas de Jonathan Simon, qui reçoit dans son bureau situé au cinquième étage d’un autre immeuble, plus haut sur le campus. Il a enseigné le droit à Berkeley pendant 20 ans, où il a été étudiant et a démontré par le passé, notamment contre l’apartheid. Il tient à préciser qu’il est juif et qu’il soutient le mouvement contre la guerre à Gaza.

Selon lui, l’histoire montre que ce type de mobilisation est payant, même si “L“Les manifestants étudiants ne sont presque jamais populaires.” Ils n’étaient pas “au Vietnam” et la mobilisation contre la guerre, “et je suis sûr qu’ils n’étaient pas non plus populaires en France en 1968”, ni pendant “la lutte contre l’apartheid”il énumère à nouveau. “Mais à chaque fois, au moins aux Etats-Unis, les étudiants ont montré au pays la voie à suivre”, assure Jonathan Simon, que ce soit “contre le Vietnam ou contre l’apartheid”.

« Nous assistons au début d’un véritable revirement contre le système d’apartheid en Israël. »

Jonathan Simon, professeur de droit à Berkeley

sur franceinfo

C’est aussi l’avis de Barry Thorton, la soixantaine. Il travaille dans une librairie et est venu soutenir le mouvement, keffieh rouge sur les épaules. “J’ai entendu des étudiants dire que c’était leur Vietnam, je pense que c’est si profond.” il assure, même si “ce n’est pas aussi important” puisque le mouvement vient de commencer. “Mais lorsque des étudiants de Columbia, Stanford, Harvard font ce genre d’action, c’est le signe qu’il y a une crise profonde dans la société”, soutient le libraire.

Conséquences sur l’élection présidentielle

Pour le moment, Barry Thorton ne sait pas pour qui il votera en novembre à l’élection présidentielle, eentre les candidats qu’il appelle « Trump le fasciste » Et « Biden le génocidaire ». En effet, l’élection du prochain président américain se joue peut-être aussi sur les campus en ce moment, même si elle a lieu dans six mois. Selon certaines enquêtes, le jeune électorat se détourne en partie du président démocrate en raison de sa politique envers Israël.

Ce qui est sûr, selon le professeur Jonathan Simon, c’est qu’il y aura sûrement beaucoup de manifestants en août à Chicago lors de la convention démocrate, qui désignera officiellement Joe Biden comme candidat. C’est ici qu’a également eu lieu la convention de 1968, pendant la guerre du Vietnam,avec des manifestations violemment réprimées par la police.

“J’espère que cela rappellera aux gens que Richard Nixon a été élu, en grande partie, parce que de nombreux démocrates anti-guerre étaient tellement en colère contre le Parti démocrate, pour la brutalité de ce qui s’est passé pendant la convention, qu’ils ne sont pas allés voter par la suite.”prévient-il en prenant l’exemple de ses parents. “Ils l’ont regretté toute leur vie” il assure.

Charlotte

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