(Québec) Le gouvernement de François Legault a «encore trompé les électeurs» en voulant hausser les seuils d’immigration, soutient le chef du PQ, Paul St-Pierre Plamondon.
« Ils savaient, à la Coalition avenir Québec (CAQ), lors des élections qu’ils avaient l’intention de relever les seuils. […] C’est vraiment prendre les électeurs pour de la marchandise électorale en leur disant quelque chose qui n’est clairement pas vrai », a-t-il déclaré en entrevue à La Presse canadienne.
Le premier ministre Legault a annoncé jeudi que son gouvernement étudierait deux scénarios : maintenir les seuils à 50 000 immigrants par année ou les augmenter à 60 000. Les deux options feront l’objet de consultations.
Le chef du PQ le dit d’emblée, il ne sera pas d’accord avec la conclusion de la consultation si jamais celle-ci recommandait de hausser les seuils. Il croit aussi que les dés sont pipés.
Selon lui, le gouvernement a un « agenda » et veut « mettre en place une concertation qui lui permettra de valider l’orientation politique qu’il n’a pas osé dévoiler pendant la campagne électorale ».
Une question de valeurs ?
Jeudi lors d’un point presse, il a été demandé au Premier ministre si tous les débats sur les seuils d’immigration n’avaient finalement pas été inutiles. « Non, » lâcha-t-il.
« Il y a aussi toute l’intégration – le sujet est délicat – concernant les valeurs du Québec. Ce n’est pas seulement la langue », a ajouté le Premier ministre.
M. Legault a assuré qu’il n’avait pas l’intention d’en faire plus en la matière, arguant que la loi 21 sur la laïcité de l’État était « un bon équilibre ».
Le chef péquiste ne veut pas non plus inclure la question des valeurs dans le débat actuel sur les seuils d’immigration.
« La question de l’intégration à la société québécoise sur le plan de la langue, de la culture et de l’emploi est un critère. Mais ce n’est pas tant une question de valeurs », a-t-il dit.
Interrogé sur le fait qu’il était à la tête du parti qui avait proposé la Charte des valeurs québécoises en 2013, Paul St-Pierre Plamondon a répondu : « Ce n’est pas sous mon égide. Je répondrai des politiques que j’ai mises de l’avant en tant que chef. »
« La montée des extrêmes »
En janvier dernier, alors qu’il était interrogé sur la volonté du Parti québécois d’abaisser les seuils d’immigration à 35 000, le chef péquiste indiquait : « Nous sommes les seuls à chercher un modèle durable, pour que, justement, nous évitions ce que nous voyons ailleurs dans le monde en ce moment : la montée des extrêmes. »
Aujourd’hui, M. St-Pierre Plamondon ne pense pas que le relèvement des seuils à 60 000, tel que proposé par la CAQ, augmenterait le risque d’une montée des extrêmes. « Non, je ne dirais pas ça. »
Il est également revenu sur ces commentaires à l’époque. « Ce que j’ai dit, c’est que si on voulait garder un modèle qui se démarquerait de ce que l’on voit en Europe comme la montée des extrêmes, il fallait plutôt trouver un modèle pérenne. »
« Et c’était la mission du PQ : trouver un modèle d’immigration qui soit durable, particulièrement pour le français, pour les services sociaux, et qui nous distingue des autres partis qui ne semblaient pas tenir compte de la durabilité du modèle sur le plan pour le français, les services sociaux et le logement », a-t-il expliqué.
« Nous avons déterminé qu’à 35 000, nous avions un modèle durable », ajoute-t-il.
Le chef du PQ n’a pas voulu dire si un modèle avec des seuils à 60 000 était soutenable ou non.
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