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Renouée du Japon et pollution mettent en danger une grande rivière de l’Orne

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Qu’ils soient riverains, pêcheurs, amoureux de la nature ou simples promeneurs, les amoureux de la Risle du Pays de L’Aigle (Orne) commencent à trouver le temps long. Parmi eux, Jacky Bourges J’observe la situation depuis 25 ans, « mais je ne vois pas beaucoup de progrès dans la bonne direction ».

Les différents recours aux élus et aux services compétents n’ont eu aucun effet et “l’un des problèmes est qu’on ne sait pas vraiment qui est responsable de quoi. Tout le monde se renvoie la balle”.

Pendant ce temps, les problèmes persistent, voire s’aggravent.

Depuis plus d’un an, des rejets suspects se déversent dans la Risle, juste derrière les anciens abattoirs de la ville. Ces effluents nauséabonds proviennent d’une canalisation visiblement souterraine et s’écoulent en quasi-permanence.

Jacky Bourges
L’écluse des Archers où s’accumulent les débris (©Le Réveil Normand)

Le vannage des archers, cible des lanceurs d’alerte

Selon un témoignage récemment recueilli, les équipements du réseau d’assainissement du quartier de la Madeleine n’étaient pas suffisamment dimensionnés et les débordements tomberaient directement dans la Risle.

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Une explication qui demande à être vérifiée. « Ce qui est sûr, c’est qu’au début du mois de septembre, une source située à proximité de cette décharge est devenue blanchâtre », poursuit Jacky Bourges. Selon le lanceur d’alerte, ce n’est pas le seul problème sur la rivière où des manœuvres intempestives ont été constatées sur la vanne des Archers.

Le responsable des travaux de la Ville de L’Aigle a déclaré être intervenu pour l’ouvrir définitivement il y a une dizaine de jours, assurant qu’il serait désormais ouvert en permanence.

Jacky Bourges

« Les municipalités s’en lavent les mains »

Nous avons vérifié et en fin de semaine dernière, la vanne des Archers a été fermée et comme le regrette Jacky Bourges, « cela a des conséquences sur ce bras de la Risle. A chaque fermeture, on le laisse pratiquement à sec et cela dégrade gravement le biotope ». Pour cet observateur averti du cours d’eau, cela pose la question du contrôle. « A travers le Syndicat de la Risle, les communes délèguent leurs responsabilités concernant la Risle et on a parfois l’impression qu’elles s’en lavent les mains ».

Le bon sens voudrait que, dans le but de restaurer le milieu aquatique, tous les acteurs prennent soin d’éviter des actions qui auraient des effets néfastes sur cet écosystème. Nous en sommes encore loin.

Jacky Bourges

Jacky Bourges se demande si cette vanne n’est pas gérée de manière opportuniste. « On l’ouvre pour nettoyer tous les déchets qui s’accumulent au fil du temps, puis on la referme. » Plus loin, en longeant la voie verte, on découvre un boudin antipollution utilisé ici pour filtrer les différents résidus. « Mais comme vous pouvez le constater, il n’est pas nettoyé et il suffira de quelques fortes pluies pour que tous ces déchets passent dessus et finissent dans la nature », déplore l’ardent défenseur de la Risle.

La renouée du Japon, un fléau végétal

Plante très invasive et considérée comme dangereuse pour la stabilité des berges, la renouée du Japon se multiplie sérieusement le long de la Risle. Une menace à prendre en compte.

• La renouée du Japon (Reynoutria Japonica) est l’une des plantes les plus invasives au monde et représente une véritable menace pour la biodiversité. Selon Rhizomex, société spécialisée dans l’éradication de l’espèce, « elle présente de nombreuses caractéristiques qui favorisent son implantation au détriment de la flore locale, comme une croissance rapide et précoce générant un fort ombrage, la libération de composés allélopathiques, la tolérance à une large gamme de milieux, l’accaparement des ressources en azote par transfert des feuilles vers le rhizome avant leur chute et la reproduction végétative par ce même rhizome, dont un fragment de seulement 0,7 g est susceptible de se régénérer en une nouvelle plante. »

• La renouée invasive est bien implantée sur nos sols et génère notamment des pertes de biodiversité, la dégradation des infrastructures, l’augmentation de l’érosion des berges et des risques d’inondation par l’action de ses rhizomes, le masquage de la signalisation routière, etc.

• Plante mellifère appréciée de nos pollinisateurs, et pouvant atteindre 3 ou 4 mètres de hauteur, la renouée du Japon doit néanmoins être contrôlée dans son développement. Malheureusement, certains se contentent de la couper, provoquant ainsi une propagation encore plus importante d’une espèce aux effets néfastes connus.

• La solution de l’exportation et du traitement des terres colonisées est efficace, mais très coûteuse en termes de matériaux à utiliser. La technique de la bâche peut donner de bons résultats pour un coût moindre, mais des communes comme Coutances (Manche) ont choisi l’alternative de l’écopâturage avec la chèvre des fossés, déjà connue pour ses qualités débroussaillantes.

Une voie verte et des arbres morts

Jacky Bourges ne manque pas de raisons de s’exaspérer. Après le pont en aluminium qui longe les jardins ouvriers, on découvre des arbres plantés le long de la voie verte.

Regardez, ces arbres sont morts parce que personne ne s’en occupe. C’est très révélateur de ce qui se passe dans la voie verte. On fait des travaux qui coûtent cher et on ne gère rien. Pire, quand on fait quelque chose, c’est au mépris du bon sens.

Jacky Bourges

La multiplication de la renouée du Japon

Il en veut pour preuve l’entretien des bords de la voie verte.

Sur les bords de la Risle, « ils ont tout coupé au ras du sol comme pour faire une pelouse de golf. Cela n’a aucun intérêt et a pour effet de détruire toute la diversité. Beaucoup plus grave, cela a pour effet de multiplier la renouée du Japon, une plante très invasive qui colonise de plus en plus les bords de la rivière. »

Cette plante (NDLR : lire l’encadré), par son système racinaire, détruit les bordures et favorise ainsi les inondations. « Quand on est sur la voie verte, on est là pour s’évader et non pour reproduire un environnement urbain. » Alors, entretenir intelligemment cet espace, c’est oui, mais en faire une avenue sans brin d’herbe, c’est non.

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Anna

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