Alizé Cornet les a toutes entendues, toutes lues, ces menaces violentes envoyées par les internautes après une défaite anodine dans un tournoi de second ordre.
En août 2021, le Français avait publié quelques exemples sur Twitter. Attaques gratuites comme : J’espère que tu vas mourir.
Idem pour Caroline Garcia, 5e mondiale. Après une défaite au premier tour à Saint-Pétersbourg en 2020, elle avait rendu publics certains propos où elle souhaitait, entre autres, mourir d’un cancer
. Un classique après une défaite
ajoutait-elle, à l’époque, sur ses réseaux sociaux.
Quand on en lit un, on en lit 10
répondit Cornet lors d’une conférence de presse à la porte d’Auteuil.
Ce sont des gens frustrés, pas contents, qui se déchaînent derrière leurs écrans. Ce qui est un peu rassurant, entre guillemets, c’est que nous sommes tous dans le même bateau. Je pense qu’en parler entre nous, dans les médias, nous fait relativiser tout cela. Ce n’est pas personnel. Ils envoient le même message en masse à 10, 20 joueurs sur lesquels ils parient et perdent.
Les deux Françaises pointent du doigt les paris sportifs désormais omniprésents dans le paysage. La frustration et l’isolement provoqués par la pandémie ont également amplifié le phénomène, estiment-ils.
Cette année, à Roland-Garros, après leurs défaites respectives au premier (Cornet) et au second tour (Garcia), ils ont peut-être été épargnés.
Pour la première fois sur le circuit professionnel, un tournoi du Grand Chelem innove en matière de cyberintimidation.
L’organisation et sa directrice, Amélie Mauresmo, ont utilisé l’intelligence artificielle pour mettre les athlètes en sécurité.
» Si on peut s’en protéger au maximum et créer un climat plus bienveillant, ce ne sera pas un luxe. »
Comment? En s’associant à l’application Bodyguard, un projet développé à Nice, dans le sud de la France, en 2018. Elle permet de modérer en temps réel les commentaires reçus sur les différentes plateformes.
Des sportifs qui souhaitent scanner un QR code pour relier leurs différents comptes à une intelligence artificielle qui analyse chaque commentaire public en moins de 200 millisecondes, selon ce qu’explique le journal. Le Parisien Début de semaine.
Pour l’instant, l’application agit sur six plateformes, dont Facebook, Twitter et Instagram. Le gros bémol : Bodyguard ne peut pas accéder à la messagerie privée.
Cela n’a pas empêché Cornet et Garcia d’en profiter.
Nous avions besoin de quelque chose comme ça pour ouvrir la voie à d’autres tournois du Grand Chelem
a répondu Cornet à Radio-Canada Sports.
Bien sûr, cela ne réglera pas tout. Nous recevrons toujours des commentaires privés, des messages haineux, mais ils ne seront pas diffusés publiquement. Il ne va donc pas se nourrir de gens qui veulent trouver une communauté de haineux. Ils n’en trouveront pas. Je pense que ça limitera pas mal les dégâts.
elle a ajouté.
Caroline Garcia est allée plus loin.
C’est quelque chose que les joueurs, le staff et toutes les organisations essaient de contrer, de trouver un remède, parce que tout est négatif. C’est bien que certains tournois essaient de trouver des solutions. C’est bien d’en parler, mais il faut agir. C’est une très bonne idée
estime la Lyonnaise.
L’application sera également disponible pour les joueurs juniors qui débuteront leur tournoi dans les prochains jours. Il sera valable jusqu’à une semaine après la fin de la compétition, ce que Cornet a trouvé tout à fait pertinent, puisque les insultes peuvent perdurer bien au-delà du jour de la défaite, a-t-elle confié.
Une touche de modernité dans ce tournoi parfois décrit comme le plus suranné des quatre grands rendez-vous.
Ce n’est pas comme un nouveau toit qui empêche la pluie de pénétrer dans l’esprit des joueurs. Mais cela empêche les insultes de les déranger, au moins.
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