Roland-Garros, temple des « kairos »

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Dil est difficile, en regardant les matchs de Roland-Garros, et en admirant les frappes précises, parfois très audacieuses tentées, de chaque côté du filet, par ces Titans luttant sur terre battue, de ne pas penser au concept, essentiel dans la civilisation grecque, de Kairos. Le mot, chez Homère notamment, a commencé par désigner une zone vitale du corps humain, avant de caractériser un moment crucial du temps : celui, ni trop tôt ni trop tard, où il faut agir si l’on veut assurer le succès. dans ce que nous faisons. LE Kairos, c’est un temps dans le temps, un point de bascule, un moment propice qu’il faut savoir reconnaître lorsqu’il apparaît, et ne pas le rater. D’où l’apparence très particulière qui fut donnée dans l’Antiquité à cette notion, que certains artistes personnifièrent sous la forme d’un jeune homme au crâne complètement lisse, sauf sur le devant de la tête, orné d’une longue touffe de cheveux. Un peu comme un pompon sur un manège, il symbolise l’opportunité à saisir lorsqu’il passe devant vous. Du coup, on comprend mieux ce geste récurrent que font les joueurs de tennis de Roland-Garros lorsqu’ils marquent un point décisif : ils serrent le poing avec force et le secouent lentement. On ne le voit pas, mais ils le savent : ils viennent de s’emparer du Kairos par les cheveux.