Romain Pissenem, « l’alchimiste » qui fait briller les spectacles musicaux

David Guetta, Indochine et les Jeux Olympiques de Paris ont un point commun : leurs concerts sont habillés visuellement par le producteur et réalisateur Romain Pissenem, dont l’obsession est de mélanger « l’histoire, la musique électronique et le spectaculaire ».

En revanche, avec sa société « High Scream » basée à Londres, ce Français de 46 ans produit certaines des plus grandes tournées d’artistes et construit l’univers visuel qui donnera du « volume » à des concerts désormais imaginés comme des spectacles.

Parmi ses crédits, on compte la dernière tournée du groupe pop rock français Indochine, avec un écran vidéo monumental à 360 degrés pour les stades, et la cérémonie d’ouverture de l’Euro de football 2020 avec un hologramme du leader de U2 Bono chantant le titre officiel composé par le DJ néerlandais Martin Garrix.

D’un côté, il fait danser les foules à Ibiza avec son frère Yann, dans leur club Hi-Ibiza avec David Guetta parmi les résidents et dans un hôtel avec une scène ouverte géante.

“Je joue mon petit alchimiste depuis des années, en mélangeant théâtre, histoire, musique électronique et spectaculaire”, explique à l’AFP ce passionné hyperactif, qui a débuté le théâtre à l’adolescence.

Ou plutôt “électro-théâtre”, plaisante-t-il. “C’était en 95-96, les gens me regardaient comme s’ils disaient +tu es un peu fou+. J’ai insisté.”

Dimanche, il fera partie de l’équipe en charge du show musical de la deuxième partie de la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques au Stade de France, au nord de Paris.

– “Traduire l’énergie” –

Autour du thème « Paris est une fête », cette grande finale réunira 24 DJ issus de divers courants de la scène électronique française parmi lesquels Jean-Michel Jarre, Martin Solveig, The Avener ou encore Ofenbach. A lui de faire briller leurs performances, avec des « designs très symétriques ».

“Nous, les artistes électro, sur scène, on ne chante pas, on n’a pas de groupe, et Romain arrive très bien à traduire l’énergie de la musique électronique à travers des visuels, avec des écrans, des lasers”, loue Valentin Brunel, alias Kungs, qui a acquis une renommée internationale depuis son remix de “This Girl”.

A ses yeux, Romain Pissenem a encore “des milliards d’idées”, dont certaines ont abouti avec la création de la scène avec laquelle le DJ de 27 ans s’est produit dans des festivals en France et en Europe.

« Je trouve ça très puissant parce qu’il a vraiment compris comment traduire cette musique, qui est de la musique de danse, de la musique de fête, de la musique de nuit, avec des visuels », ajoute Kungs, qui participera à la cérémonie de clôture.

– “Mélangez tout le monde” –

L’enfance de Romain Pissenem fut pourtant très loin des dancefloors. Ce natif d’un village lorrain – Azelot, 400 âmes – s’épanouit en même temps que la French touch déployait ses platines.

Outre le théâtre et la vie nocturne, il s’est employé à briser les frontières entre les genres artistiques, comme avec le Triphasé, une péniche récupérée dans sa région natale qu’il a réhabilitée en une « scène hybride entre théâtre et fête ».

Puis est arrivé l’arrivée des DJ et, « tout d’un coup, au lieu de jouer dans des petits endroits, nous avons commencé à jouer dans des salles, donc la production est devenue importante, mettre la musique en images », se souvient-il.

Mais pas question de renier les valeurs qui se cachent derrière ces événements à gros budget. « Faire des shows populaires » sonne comme « un énorme compliment pour moi », assure-t-il.

« Je sais que cela paraît un peu utopique de dire cela, un peu ringard, mais mettre tout le monde ensemble, oublier les différences, mélanger tout le monde, c’est un message très simple mais très important », dit-il.

En participant à sa manière aux Jeux olympiques, Romain Pissenem réalise un autre de ses rêves d’enfant, lui qui imaginait « un Cirque du Soleil électronique, racontant des histoires au plus grand nombre en créant des univers visuels incroyables ». « Alors quoi de mieux que les Jeux olympiques de Paris ? », sourit le producteur.

En 2025, il continuera d’illuminer les stades, avec déjà deux concerts majeurs à son agenda : DJ Snake au Stade de France le 10 mai et David Guetta au Vélodrome de Marseille le 21 juin.

fan/pel/vk