Rosemont–La Petite-Patrie | Une famille décimée
Dans une scène d’une rare violence, un jeune homme de 19 ans a probablement poignardé à mort trois membres de sa famille dans un duplex du quartier Rosemont à Montréal vendredi. Il a été maîtrisé et arrêté sur place, choquant le voisinage.
Les premiers répondants ont dû faire face à une scène éprouvante lorsqu’ils se sont rendus vers 9 h vendredi dans ce duplex de la rue Bélanger, entre la rue Viau et le 40e Avenue, à l’est de Montréal.
Sur place, ils ont trouvé non seulement trois corps, mais aussi un jeune suspect, couvert de sang. Arthur Galarneau, 19 ans, a dû être maîtrisé avant d’être arrêté par les autorités. Plusieurs patrouilleurs et employés de la centrale 911 ont par la suite été pris en charge pour un soutien psychologique.
Toujours selon nos informations, les trois victimes étaient membres d’une même famille, le père, la mère et la grand-mère d’Arthur Galarneau.
Il habitait le sous-sol de ce duplex depuis un grand nombre d’années, a indiqué à La presse Ludovic Lachapelle, un de ses amis de longue date. À sa connaissance, la mère de M. Galarneau habitait en bas et sa grand-mère habitait à l’étage. Le père résidait normalement ailleurs.
« C’est comme s’il nous prévenait »
« Arthur est la dernière personne que j’aurais pensé qui aurait pu faire ça », a déclaré Ludovic Lachapelle. Il est si gentil, ses parents étaient aussi si gentils avec lui. Il ne m’a jamais donné l’impression qu’il pouvait être violent. »
Les deux amis étaient très proches au primaire, mais avaient perdu le contact au secondaire, explique M. Lachapelle. Ils s’étaient reconnectés depuis l’été dernier.
Selon nos sources, le jeune homme était connu et suivi pour toxicomanie et problèmes de santé mentale. Ludovic Lachapelle a également confirmé La presse que M. Galarneau avait eu un suivi thérapeutique depuis son enfance. C’était un artiste doué pour le dessin et isolé socialement, décrit M. Lachapelle.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE
Il y a cinq semaines, le suspect affirmait sur Instagram avoir « complètement changé [ses] habitudes de vie « . « J’ai arrêté l’herbe. Je vais faire de la musculation avec un entraîneur pendant six mois. Je patine maintenant. Vraiment, ma vie a changé. Ça change en ce moment, c’est vraiment amusant », a-t-il déclaré dans un vidéo.
Mais peu après, ses publications avaient pris une autre tangente, souligne son ami. « Il avait l’air plus paranoïaque, il disait que le gouvernement le surveillait, qu’il voyait des conneries sur les réseaux et que c’était difficile de discerner le vrai du faux, illustre M. Lachapelle. C’est comme s’il nous prévenait. »
« Si j’avais su que ça pouvait arriver, bien sûr que je lui en aurais parlé bien avant, je ne savais pas que c’était si grave, son état », ajoute le jeune homme, désemparé.
À noter que le duplex de la rue Bélanger où se sont produits les meurtres, et où Arthur Galarneau aurait vécu la majeure partie de sa vie, venait d’être mis en vente.
L’enseigne de vente avait été placée devant l’immeuble vendredi dernier, a indiqué un voisin de La presse.
Une vidéo virale
Arthur Galarneau a dû être maîtrisé lors de son interpellation sur les lieux, notamment avec du gaz poivré.
Dans une vidéo circulant abondamment sur les réseaux sociaux, on peut voir le suspect menotté au sol, tandis que plusieurs agents entrent dans le logement et ressortent en courant. « Il y a beaucoup de sang partout », a déclaré la femme, sous le choc, en filmant la scène depuis un véhicule.
Officiellement, la police ne parle pas encore d’un triple meurtre, même si cela en a toutes les apparences. La mort des victimes aurait été causée par un « objet tranchant », a toutefois confirmé vendredi Julien Lévesque, relationniste médias pour le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).
L’enquête a été transférée à la Section des crimes majeurs du SPVM. En fin de soirée vendredi, un vaste périmètre de sécurité était toujours en place rue Bélanger, à la hauteur de l’Institut de cardiologie de Montréal.
Des voisins abasourdis
Plusieurs citoyens se sont entassés autour du périmètre de sécurité dès le début de la journée.

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Le porte-parole du SPVM Julien Lévesque
« On est dans un quartier paisible ici. Ça devient inquiétant. C’est du monde qui a le moral au plus bas. Ça prendrait plus de suivi », a notamment affirmé Richard Frigon, qui habite dans les environs depuis plusieurs années. Derrière lui, un travailleur qui effectuait une livraison tout près des lieux quand le drame est survenu cherchait encore ses mots. « Je suis vraiment sous le choc. En plus, une famille… », a-t-il laissé tomber, visiblement très affecté.
« C’est épouvantable. Chaque personne vit des difficultés en 2023. La vie n’est rose pour personne. Mais ce n’est pas tout le monde qui est capable de se ramener à la raison », a de son côté lancé Diane Émond, aussi résidante du quartier, qui était sous le choc. « Ce ne sont pas des polices à tickets qu’on veut, pas des caméras, ce sont des actes », a imploré Martin, un autre résidant du secteur qui s’était déplacé sur les lieux.
« J’ai quand même peur. Je n’ai jamais vu ou entendu quelque chose comme ça. Ce matin, j’ai entendu les sirènes, mais c’est tout », a aussi raconté Emilio Caceres Carmona, qui habite à quelques pas de la résidence où est survenu le drame.
« Après Amqui cette semaine […] disons que les temps sont durs pour les sentiments. J’ai beaucoup de pensées pour les voisins. Ici, c’est un quartier relativement calme, un endroit où il fait généralement bon vivre », a commenté le député de Rosemont, Vincent Marissal, rencontré sur place.
Ils ont dit
Trois vies ont été prises ce matin à Rosemont. C’est affreux. Mes pensées vont aux familles et aux proches des victimes touchées par ce drame.
François Legault, premier ministre du Québec
Je suis consterné et sous le choc de cette attaque brutale. […] Nous continuons de surveiller la situation et espérons que le bilan ne s’aggravera pas. Cordialement avec les personnes concernées.
Marc Tanguay, chef du Parti libéral du Québec
Nous devons agir face à l’augmentation de la violence dans notre société, quelle qu’en soit la source.
Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti Québécois
J’ai une pensée pour les trois personnes décédées dans des circonstances horribles à Rosemont. Mes condoléances à leurs proches.
Valérie Plante, mairesse de Montréal
Quelle horreur. Quelle tristesse. Mes pensées vont aux personnes qui ont perdu des êtres chers ce matin dans ces horribles circonstances.
Gabriel Nadeau-Dubois, chef parlementaire de Québec solidaire, sur Twitter
Avec la collaboration de Daniel Renaud, La presse
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