Rudy Gobert, en NBA et chez les Bleus, bien plus qu’un mauvais garçon

Cet article est issu du « Figaro Magazine »

Le 24 octobre, alors que le championnat américain de basket-ball professionnel (NBA) lançait sa saison, un surdoué joueur français monopolisait l’attention : Victor Wembanyama, 20 ans et mesurant 2,24 m. Aujourd’hui, alors que la NBA est entrée dans son épilogue, les fameux « play-offs », « Wemby » a disparu, éliminé avec son équipe des San Antonio Spurs. Un autre tricolore attire désormais l’attention : Rudy Gobert, 31 ans, pivot des Minnesota Timberwolves, qui disputent le deuxième tour de la finale face au champion 2023, les Denver Nuggets.

Sa taille, 2,16 m, et son envergure exceptionnelle ont fait de lui le meilleur joueur défensif de la NBA à trois reprises. Cette saison, il est devenu un élément incontournable des « Timberwolves ». Sa présence massive sous les paniers pour empêcher les adversaires de s’approcher, les contrer et récupérer le ballon au rebond, a apporté une aide précieuse à cette équipe désormais parmi les favorites pour le titre.

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Pourtant, le parcours du natif de Saint-Quentin (Aisne) n’a pas été de tout repos. Né en 1992, fils de Rudy Bourgarel, basketteur international, et de Corinne Gobert, esthéticienne, le jeune garçon n’a pas eu une enfance facile. Alors qu’il n’a que 2 ans, son père retourne dans sa Guadeloupe natale, laissant sa mère l’élever. Il grandit donc dans une famille monoparentale modeste vivant dans un lotissement à Saint-Quentin aux côtés d’un demi-frère et d’une demi-sœur (il confie souffrir de racisme au sein de la famille de sa mère). Il fait ses armes dans le club de basket local avant de rejoindre le club de Cholet à 18 ans, non sans avoir passé un baccalauréat scientifique. Il sera ensuite appelé en équipe de France juniors avant d’être sélectionné en équipe nationale en 2012. Il est devenu un joueur incontournable, avec une centaine de sélections.

“Incompréhension”

Avant cette saison NBA 2024, déjà considérée comme une réussite, Rudy Gobert a connu des fortunes diverses en onze ans aux Etats-Unis. Recruté en 2013 par les Utah Jazz, il lui aura fallu du temps pour s’y implanter. Lorsqu’il devient un « All Star » en 2020 – une consécration pour un joueur NBA invité à participer à un match de gala entre les meilleurs basketteurs de l’ouest et ceux de l’est des Etats-Unis – le Jazz lui propose un contrat incroyable ( 205 millions de dollars sur cinq ans). De nombreux experts et anciens joueurs se sont étonnés, expliquant que Rudy Gobert ne les valait pas.

Deux ans plus tard, le Français est transféré chez les Minnesota Timberwolves qui font de gros efforts pour l’enrôler. Les critiques pleuvent à nouveau, cette fois-ci sur sa nouvelle équipe. Rudy Gobert est critiqué pour sa faiblesse en attaque. Et surtout, il a terminé sa première saison à Minneapolis sur une très mauvaise note en frappant un de ses coéquipiers lors d’un temps mort.

Tous les joueurs qui me connaissent (…) savent vraiment qui je suis et ont beaucoup de respect pour moi

Rudy Gobert, basketteur

Cette mauvaise conduite ajoutée à un style de jeu « musclé » lui vaut une réputation de mauvais garçon sur le terrain. Son caractère taciturne, difficile à vivre, ne contribue pas à l’améliorer. Face aux critiques, Rudy Gobert rétorque : « Il y a beaucoup d’incompréhensions. Tous les joueurs qui me connaissent (…) savent vraiment qui je suis et ont beaucoup de respect pour moi. C’est le cas d’Anthony Edwards, 22 ans, l’étoile montante des Timberwolves, qui le considère comme un « grand frère » et l’apprécie.

Le 27 juillet à Lille, on le retrouvera sous le maillot des Bleus lors de l’ouverture du tournoi olympique. Auréolé ou non du titre NBA, Rudy Gobert, qui vient de fêter ses 32 ans, sera sans aucun doute l’un des patrons de l’équipe de France en lice pour la médaille d’or.