Seniors, indemnisation… : le gouvernement joue cartes sur l’assurance chômage

La ministre du Travail a commencé à recevoir les dirigeants syndicaux et patronaux sur la réforme de l’assurance chômage que prépare le gouvernement, avec ce mercredi François Hommeril, le président de la CFE-CGC, et Frédéric Souillot, le secrétaire général de Force usine Fille. Suivront en fin de journée le président de l’U2P, Michel Picot, celui du Medef, Patrick Martin, et en début de soirée la numéro un de la CFDT, Marylise Léon.

Catherine Vautrin a commencé à distiller lors de ses premiers entretiens le contenu du projet gouvernemental sur lequel des arbitrages ont été décidés ces derniers jours. Le gouvernement table sur « 3,6 milliards » d’euros d’économies sur l’ensemble de l’année, à comparer à l’excédent de 4,7 milliards d’euros sur 2024 attendu par l’Unedic. L’objectif est d’augmenter le nombre de personnes en emploi de « 90 000 », précise encore son entourage.

8 mois au cours des 20 derniers mois

« Cette réforme renforcera l’efficacité de notre système de rémunération et d’incitation au travail », affirme Emmanuel Macron dans un entretien à « L’Express » publié ce mercredi. « Nous agissons au bon moment du cycle, car c’est au moment où la croissance est sur le point de redémarrer qu’il faut préparer les conditions du durcissement de l’assurance chômage », argumente-t-il, expliquant que la France « a compensé trop vite (c’est-à-dire après un court laps de temps). période de cotisation), trop longue et parfois trop longue pour certains groupes, ce qui n’encourage pas la reprise de l’activité.

Catherine Vautrin a immédiatement évoqué la principale mesure économique envisagée par le gouvernement, confirmant une information des « Echos ». Alors qu’actuellement, il faut 6 mois d’activité salariée au cours des 24 derniers mois pour avoir droit à l’allocation chômage, les conditions vont être nettement durcies : il faudra en effet avoir travaillé 8 mois au cours des 20 derniers mois.

Dans la note de présentation des estimations réalisées à la demande des syndicats, l’Unedic a souligné qu’une telle mesure toucherait particulièrement les jeunes de moins de 25 ans, les allocataires les moins bien indemnisés et les précaires.

Une prime de retour au travail pour les seniors

Si elle n’a pas évoqué, lors de ces premières rencontres, la possibilité d’une prolongation du report d’indemnisation, la ministre du Travail a toutefois précisé l’aspect senior de la réforme du gouvernement. La principale nouveauté est l’annonce d’un mécanisme de prime pour compléter la réduction de rémunération que pourrait subir un chômeur âgé s’il reprend un emploi moins bien rémunéré.

Cette prime de reprise d’activité reprend une piste déjà évoquée lorsqu’Elisabeth Borne était à Matignon. Olivier Dussopt, le prédécesseur de Catherine Vautrin, avait lancé début octobre dernier l’idée de « permettre à un senior qui accepte un emploi moins bien rémunéré de conserver une partie de son allocation chômage pour compenser le manque à gagner ». Le coût de la mesure serait donc supporté par l’Unedic.

A l’inverse, si le droit à l’indemnisation des chômeurs âgés est maintenu jusqu’à l’obtention d’une pension à taux plein, l’allocation versée sera plafonnée à 57% du plafond de la Sécurité sociale, soit 2 202 euros par mois.

Suppression de la limite d’âge de 53 ans

Par ailleurs, le ministre a confirmé que les limites d’âge pour le secteur senior où se déclenche l’allongement de la durée d’indemnisation seront revues. Actuellement, l’inscription à partir de 53 ans donne droit à 22,5 mois d’indemnisation maximale (contre 18 mois avant 53 ans) et à partir de 55 ans, elle est de 27 mois. Le seuil de 53 ans est tout simplement supprimé. Il n’y aura qu’un seul seuil relevé à 57 ans. A défaut, la durée d’indemnisation sera réduite à 18 mois, régime de droit commun. Le tour de vis sera donc plus important que prévu précédemment… Et les économies aussi. Selon l’Unedic, en vitesse de croisière, un relèvement sur deux ans des deux limites d’âge rapporterait 270 millions d’euros. Ce sera donc plus.

Catherine Vautrin doit poursuivre ses réunions ce jeudi. Alors qu’il était question d’un report de la rencontre avec Sophie Binet à la mi-juin, la secrétaire générale de la CGT sera finalement reçue dans la soirée. Le ministre espère que « la copie gouvernementale pourra évoluer à la suite de ces consultations », indique-t-on au ministère du Travail. Mais cela ne peut se faire qu’à la marge.