Sept candidats ont déclaré leur candidature pour succéder à Thomas Bach à la tête du Comité international olympique (CIO), a annoncé lundi 16 septembre l’organisation basée à Lausanne (Suisse). L’Allemand, qui dirige le CIO depuis 2013, avait annoncé à l’issue des JO qu’il ne briguerait pas un troisième mandat.
Parmi les candidats à la présidence figuraient le Britannique Sebastian Coe (67 ans) et le Français David Lappartient (51 ans), dont les noms circulaient avec insistance – les intéressés n’ont jamais nié ni confirmé lorsque la question leur a été posée.
L’ancien double champion olympique du 1 500 m, aujourd’hui à la tête de World Athletics, la fédération internationale d’athlétisme, a pour lui son aura sportive, une surface médiatique renforcée par la puissance de la presse anglophone, ainsi qu’une longue carrière de manager.
L’organisateur des Jeux de Londres en 2012 s’est pourtant attiré les foudres du monde olympique en décidant d’attribuer des primes aux athlètes médaillés d’or aux JO de Paris, sans concertation avec personne, alors que la plupart des fédérations internationales ne peuvent suivre financièrement. Ses positions intransigeantes, notamment l’exclusion pure et simple des athlètes russes depuis le début de la guerre en Ukraine, contrastent aussi avec la recherche de consensus de Thomas Bach.
Le succès des Patis Games à l’actif de Lappartient
David Lappartient est pour sa part président de l’Union cycliste internationale (UCI) et du Comité national olympique et sportif français (CNOSF). Élu membre du CIO en 2022, il a à son actif une organisation des Jeux de Paris saluée comme “irréprochable” par de nombreuses personnalités olympiques, dont Thomas Bach.
Le Breton – il est également président du conseil départemental du Morbihan – peut aussi se targuer de présider la commission e-sport du CIO, un secteur dans lequel le CIO cherche à se développer – les premiers JO de l’e-sport auront lieu en 2025 en Arabie saoudite – et grâce auquel le Français, en homme politique avisé, a pu enrichir son carnet d’adresses.
Les autres candidats à s’être officiellement déclarés sont, par ordre alphabétique : le prince jordanien Feisal Al-Hussein, l’ancienne championne de natation zimbabwéenne Kirsty Coventry, le Britannique-Suédois et candidat surprise Johan Eliasch, patron de la Fédération internationale de ski, l’Espagnol Juan Antonio Samaranch junior, fils de l’ancien patron emblématique du CIO, et le Japonais Morinari Watanabe, président de la Fédération internationale de gymnastique. « Les candidats, précise le CIOprésenteront leur programme par vidéo à tous les membres du CIO lors d’une réunion à Lausanne (Suisse) en janvier 2025.
Une campagne très maîtrisée
Encadrée par des règles drastiques, la campagne pour la succession de Thomas Bach s’annonce très feutrée, au point de limiter la confrontation d’idées sur l’avenir de l’Olympisme. La commission d’éthique, en plus des règles anti-corruption, a édicté des règles de discrétion si strictes que la campagne sera essentiellement « jouer entre quatre yeux »décrypte Jean-Loup Chappelet, spécialiste de l’olympisme à l’Université de Lausanne. « prévenir les excès »les prétendants doivent « éviter toute comparaison » avec leurs rivaux et « ne devraient pas participer à aucun débat public entre eux »conformément à ces directives.
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Non seulement les membres du CIO ne peuvent pas soutenir publiquement un candidat, mais cette neutralité s’applique à toute la famille olympique, y compris les fédérations internationales et les comités olympiques nationaux et leur personnel : même un « like » sur les réseaux sociaux leur est interdit.
Alors que les grands chantiers du mouvement olympique – intelligence artificielle, adaptation au changement climatique, réduction des coûts et de l’impact environnemental – attendront après l’élection, la campagne pourrait toutefois se jouer sur l’image de chaque candidat et les liens personnels noués au préalable.
A ce jeu, les candidats déjà membres du comité exécutif – Juan Antonio Samaranch Junior, Feisal Al Hussein et Kirsty Coventry – partent avec un avantage, puisque leurs fonctions sont bien identifiées par chaque membre du CIO et justifient de nombreux contacts. L’élection aura lieu lors de la 143et session du Comité international olympique en Grèce, du 18 au 21 mars 2025. En cent trente ans d’existence du CIO, jamais une femme n’a été élue présidente de l’instance, qui a toujours été dirigée par un Européen ou un Nord-Américain.