A 132 jours du début des Jeux Paralympiques d’été de Paris 2024 – les premiers de l’histoire en France – franceinfo : le sport donne la parole à deux athlètes handicapés, prêts à briller cet été.
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Quel est le quotidien d’un athlète paralympique ? Comment se prépare-t-il pour un événement comme les Jeux de Paris 2024 ? Est-il possible de faire changer notre regard sur le handicap à travers un tel événement ? Ces questions – et bien d’autres – ont amené la rédaction de franceinfo : sport à proposer un format dans lequel la parole reviendrait directement aux sportifs français qui visent les Jeux Paralympiques.
Pour le sixième épisode de ce carnet de bord mensuel, Gwendoline Matos (goalball) et Thibaut Rigaudeau (paratriathlon) parlent de leur quotidien et de l’effervescence qui grandit autour des prochains Jeux dans la capitale.
“Les demandes se sont multipliées ces dernières semaines.”
Tout va bien. Je suis allé en Finlande et au Japon depuis la dernière fois pour des camps d’entraînement, c’était vraiment amusant ! En Finlande, nous avons fait 3-4 jours d’entraînement entre nous avec beaucoup de technique. C’est une nation contre laquelle nous avons toujours eu un peu de difficulté en compétition, même si nous sommes assez proches sur le plan du jeu.
A Tokyo, nous étions avec les équipes de Corée du Sud et du Japon pendant près de deux semaines. Ils sont tous deux qualifiés pour les Jeux Paralympiques, c’était donc l’occasion de travailler dur en face à face. Nous avons fait un petit tournoi entre nous à Yokohama, également avec l’équipe israélienne. Nous étions au centre paralympique créé pour les Jeux de Tokyo, les conditions étaient super. C’est un complexe avec une immense salle de sport, un terrain de goalball avec des caméras qui filment au-dessus du terrain, un écran en temps réel… Cela nous a permis de bien travailler la défense et les départs au niveau de l’attaque.
La sélection de l’équipe de France devait être annoncée en début d’année, mais elle a été reportée à la mi-juillet. Du coup, les joueurs sélectionnés savent juste avant les échéances, qu’ils doivent s’organiser un peu. Fin avril, nous avons une semaine de stage au Creps (Centre de ressources en expertise et performance sportive) à Wattignies (Nord) avec les Bleus. Une compétition est prévue en Suède en mai, normalement.
Au niveau professionnel, jeJ’arrive à travailler à temps partiel comme référente handicap au service des sports du département du Doubs. Cela me permet aussi de couper. J’en ai pas male les demandes sur les réseaux ou par e-mail, notamment auprès des établissements scolaires ou des structures médicales. C’est l’année des Jeux, on veut mettre en valeur les sports, les athlètes, c’est normal. J’ai l’impression que ça prend de l’ampleur depuis quelques semaines. Malheureusement, je dois encore faire des choix, sinon je ne serais plus au travail ou je ne m’entraînerais pas autant. J’essaie aussi quand je peux de me détacher du côté du goalball, de la compétition, des matchs, etc. C’est déjà assez présent au quotidien.
“Je n’ai pas de pression pour le moment.”
L’engouement autour des Jeux est très fort depuis janvier. On n’est pas habitués à ça, on est beaucoup plus visibles aux yeux de tout le monde et c’est très bien. Je suis excité, nous voulons tous courir chez nous et bien performer. La pression, pour le moment, je ne l’ai pas. Il reste encore à valider la qualification, je dois confirmer un top 4 lors de la prochaine course à Yokohama (Japon) le 11 mai.
Je travaille avec mon guide, Cyril Viennot, avec qui j’ai fait toutes mes courses depuis 2019. Nous sommes enchaînés du début à la fin des courses, et j’ai le même guide pour les trois disciplines. En natation, nous avons une connexion entre nos deux jambes. Il fait la trajectoire et je le suis. A chaque bouée, il va me taper dans le dos pour que je prenne le virage, puis on réaligne la trajectoire. Lorsque nous sortons de l’eau, nous supprimons le lien et nous ferons la transition vers le vélo. Nous avons tout préparé, mes chaussures sont là, mon casque aussi et nous partons en tandem.
On met les choses en place : la montée à vélo, on la fait en mouvement. Nous avons créé cette transition, que tout le monde fait maintenant. Il saute, je pousse le vélo et, quand il met son pied dans les chaussures, je saute et cale mes pieds. Cela nous a permis de gagner des secondes. Nous avons également réalisé une étude en soufflerie. On roule entre 42 et 50 km/h, il est important d’avoir des gains marginaux à cette vitesse. Et en course à pied, il est important d’avoir de la communication. Nous avons un lien entre nos deux bustes. Cyril me montre les virages en amont, les écarts avec les autres binômes, l’allure au kilomètre, pour me réguler.
Il faut tout répéter des dizaines de fois sur les transitions pour que ce soit ancré et fluide le grand jour. Il hésitait à s’arrêter à Tokyo, mais il y avait les Jeux de Paris et il a décidé de pousser avec moi. Nous avons créé une complicité sportive et humaine qui nous a permis de nous comprendre plus rapidement.
L’équipe de France est très forte et a beaucoup évolué grâce au soutien de la fédération. Nous avons remporté huit médailles aux Championnats du monde l’année dernière, dans toutes les catégories de handicap, ce qui augure bien pour les Jeux. Avec Alexis Hanquinquant par exemple, nous sommes sparring-partners en natation et en course à pied et c’est tellement intéressant de se confronter à nos handicaps.
C’est vrai qu’on parle beaucoup de la qualité de la Seine à propos de notre épreuve de natation. Cela ne me pose aucun souci, nous avons l’habitude de nager dans des endroits qui ne sont pas toujours évidents. Nous savons que la qualité de l’eau devient de plus en plus propre et que tout sera mis en place pour que nous puissions nous baigner en toute sécurité cet été. Il y a des précautions à prendre, certes, mais il n’y a aucune raison pour que les choses tournent mal.
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