Solitaire du Figaro Paprec : d’estuaire en estuaire

À bord du bateau Express

Le jour vient de se lever. Le ciel gris enveloppe les épines tandis que le parc éolien de Guérande, poussé par le vent, vient d’être contourné. La longue étape de 120 milles de l’estuaire de la Gironde à celui de la Loire n’a guère changé la donne. La flotte, réduite à 34 unités après les abandons d’Antony Quentin (JPS Contrôle) et de Stéphane Le Diraison (Flexirub), progresse toujours ensemble depuis le coucher du soleil, qui a déçu les esthètes les plus opacarophiles. Peu avant l’appel de sécurité de 7h30, l’Espagnol Pep Costa (VSF Sports Sailing) a annoncé par VHF au directeur de course, Yann Chateau, qu’il venait de casser son bout-dehors en heurtant un cargo, ancré au large de Saint-Nazaire. Fin de partie pour le Catalan au vu des conditions météo annoncées.

Peu avant, les leaders du peloton attendaient avec impatience un peu de mouvement avant d’entamer leur route vers l’Occidentale de Sein, la marque intermédiaire du sprint et ses bonifications qu’ils salueront demain au même moment. Basile Bourgnon (Edenred), en tête, semblait très motivé par le ton de sa voix : «La nuit est fraîche, je vais assez vite, c’est une bonne nouvelle. On attend une rotation qui va nous permettre d’avoir un peu plus de vent au large. Ça va être très instable, il faudra être vigilant, notamment lors des siestes, avec quelques alarmes pour ne pas louper les oscillations du vent. Ce virement de bord devrait arriver très bientôt. J’ai pu enchaîner 5-6 siestes de 20 minutes. C’est bien d’être bien placé, mais il va falloir avoir l’endurance pour naviguer en Manche. L’idée est de ne pas arriver trop cramé là-haut. Le près est la meilleure allure pour dormir. La flotte est assez serrée sur cette ligne droite depuis le départ de la Gironde. Les écarts ne sont pas encore énormes. Il fait froid et humide, on devrait avoir ça jusqu’au bout.»

La route est encore longue

Dans son sillage, Victor Le Pape (Région Bretagne-CMB Espoir) se disait moins vif mais semblait stimulé par son bon début de course. : « Cette première nuit a été plutôt tranquille. On a un vent entre 13 et 20 nœuds, d’ouest, légèrement nord-ouest, c’est pas mal, ça nous a donné l’occasion de faire quelques siestes jusqu’à l’île aux Yeux. La fatigue commence à s’installer. On a deux étapes dans les jambes, c’est un peu fatiguant. Tout se passe bien, je suis content de ma position, je suis avec Basile et Loïs dans le groupe de tête, c’est un peu un remake de l’étape 1, ça me va bien. Depuis l’île d’Yeu, on n’a plus beaucoup de temps pour se reposer, on est désormais sur un parcours un peu plus côtier avec ce que ça comporte, le trafic, les bouées, c’est assez dense, mais ça permet d’être bien éveillé. Ce début de course est conforme à ce que je souhaitais, pas trop guerrier, ça le sera pour mardi, mais pour l’instant tout va bien. On a quelques passages de grains, le ciel s’éclaircit un peu. Pour l’instant, je reste au sec, il fait plus frais dehors, ça sent le début de l’automne.”

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Loïs Berrehar (Skipper Macif 2022), vainqueur de la première étape, actuellement 6^et A 1h39 de Tom Dolan (Smurfit Kappa-Kingspan) au classement général, il avait retrouvé la forme : “Le départ a été magnifique sous le soleil de Royan. C’était cool de prendre la tête sur le parcours côtier. Je me demande si je n’ai pas gagné le challenge Paprec. On fait route vers le nord maintenant, c’est un peu droit pour l’instant mais les options vont se préciser dans peu de temps. En fait, on attend une bascule de vent et c’est pour ça qu’on est tous sur un bord obligatoire, entre guillemets. De toute façon, on va toucher la côte dans peu de temps. Il va y avoir un changement de bord pour faire route vers l’ouest. Il y aura des bascules à exploiter liées aux fronts chauds ou froids. Ça va être intéressant avec un joli jeu stratégique. On vient de raser Noirmoutier de nuit, il y a des petits pièges, des petits effets de site et il y aura des choses à jouer dans la journée. On est actuellement au près avec entre 12 et 20 nœuds de vent. La mer s’est assez bien aplatie depuis qu’on s’est rapproché de l’entrée de la Loire. Je n’ai pas trop mal dormi en début de nuit, quand le vent était plus stable. Il ne faudra pas arriver trop cuit, surtout pour la partie anglaise de cette voie et la descente dans le Four. Il faut s’arracher mais être vigilant pour rester lucide. Nous serons à l’Occidentale de Sein dans un peu moins de 24 heures.»

La route est encore longue avant l’arrivée finale à La Turballe. Un parcours bosselé et très venté reste à avaler via deux marques sur la côte anglaise. La messe est donc loin d’être dite.