Solution ou fausse bonne idée ? Le gouvernement lance sa consultation sur le congé de naissance

Un nouveau congé, mais pour quel résultat ? Ce mercredi 15 avril, le gouvernement lance une consultation auprès des syndicats, du patronat et des associations sur le « congé de naissance » qui pourrait s’appliquer à partir de 2025 pour remplacer le congé parental actuel.

Ce nouveau dispositif soutenu par la ministre chargée de la Famille, Sarah El Haïry, vise à stopper la baisse historique de la natalitépromouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes et renforcer l’implication des pères dans l’éducation.

Pour de nombreux syndicats inquiets, le risque est « de retirer une bouée de sauvetage à de nombreux parents », a déclaré à BFMTV.com la vice-présidente de la CFTC, Pascale Coton.

Surmonter les inconvénients du congé parental

Lors d’un entretien avec le dimanche de la Tribunele 12 mai, Sarah El Haïry explique la volonté du gouvernement.

« Le recours au congé parental s’est effondré. Aujourd’hui, il donne droit à un forfait mensuel de 448 euros sur 3 ans maximum. C’est trop peu. Sa durée est longue » a-t-elle déclaré à l’hebdomadaire.

Avec le système actuel, les mères ont droit à un congé maternité payé de 16 semaines (26 semaines à partir du 3ème enfant) et les pères à 28 jours de congé payé (naissance et paternité).

Ensuite, ils peuvent actuellement prendre un congé parental, compensé par l’allocation partagée d’éducation des enfants (PreParE) à hauteur de 448 euros par mois. Il peut être pris à temps partiel et permet de garder un pied dans l’entreprise, l’employeur ne peut pas le refuser. Il est pris dans près de 94 % des cas par les mères.

Une solution pour redonner le désir d’avoir un enfant

Un tiers des personnes interrogées par l’Ifop à l’été 2023 auraient souhaité un enfant de plus, mais y ont renoncé. La moitié déclarent qu’ils auraient changé d’avis si l’un des partenaires avait pu se permettre un congé parental.

Le taux de fécondité s’élève à 1,7 enfant par femme, tandis que le désir d’enfant s’élève à 2,3 par Français, selon une enquête Verian pour l’Unaf de novembre 2023. Une baisse historique de la fécondité du taux de natalité a été enregistrée en 2023 : le nombre de naissances a diminué. de 6,6%, pour s’établir à 678 000 bébés, c’est le taux le plus bas depuis 1946.

Ces chiffres ont convaincu Emmanuel Macron, début janvier 2024, de créer ce congé de naissance dans une perspective de « réarmement démographique ». Derrière lui, le gouvernement vante un nouveau droit pour les classes moyennes.

Trois mois à 1.900 euros

Précisé par le chef de l’Etat dans un entretien au magazine Elle, les contours de ce futur congé de naissance ont été esquissés la semaine dernière. Le père et la mère peuvent chacun prendre trois mois de congé pendant la première année de l’enfant. Ils percevront 50 % de leur salaire, soit un maximum de 1 900 euros.

Ils peuvent prendre ce congé parental ensemble ou successivement. Ces trois mois s’ajouteront aux 16 semaines de congé maternité et aux 25 jours calendaires du congé paternité, le tout devant obligatoirement être pris avant le premier anniversaire de l’enfant.

Ce congé de naissance « donnera plus de pouvoir aux pères et permettra plus d’égalité entre les parents dès la naissance », a-t-il déclaré au Elle. Des études prouvent qu’après la naissance d’un enfant, les femmes sont plus submergées par la charge mentale que les hommes et que leur épanouissement au travail est plus difficile.

Ne supprimez pas pour autant le congé parental

Tout en saluant le nouveau dispositif annoncé par le gouvernement, l’Union nationale des associations familiales espère toutefois que « l’indemnisation du congé parental perdure jusqu’à l’entrée en maternelle, car elle répond aux besoins de certaines familles ».

En effet, dans le nouveau système prévu, les parents qui n’auront pas de garde d’enfants au-delà d’un an de leur enfant ne seront plus indemnisés car le congé parental va être supprimé.

« Ce congé de naissance répond aux demandes des parents de passer plus de temps avec leur enfant. Mais raccourcir le congé parental met les gens en difficulté s’il n’y a pas suffisamment de services de garde disponibles», souligne Hélène Périvier, présidente. du Conseil Supérieur des Familles (HCFEA).

Quelles formes de garde après l’âge d’un an de l’enfant ?

Le problème de la garde d’enfants pourrait se poser très rapidement, en cas de suppression du congé existant car il manque actuellement 200 000 places pour les jeunes enfants en France.

Et leur création est coûteuse et prend du temps. Par exemple, une place en crèche coûte à la commune environ 20 000 euros. Sur ce point, la ministre déléguée à l’Enfance, à la Jeunesse et à la Famille précise qu’en parallèle de ce congé de naissance, « six milliards d’euros supplémentaires seront investis d’ici 2027 pour développer les crèches, le secteur des assistantes maternelles et tous types d’accueil d’enfants ».

Plusieurs syndicats ont également assuré BFMTV.com que lors des échanges sur le sujet avec Aurore Bergé, alors ministre des Solidarités, à aucun moment il n’a été question de supprimer le système actuel.

Risque de décevoir

De plus, les conditions de ce nouveau congé sont décevantes par rapport aux recommandations qui avaient été faites en amont. Dans leur rapport déposé en novembre dernier, la députée Renaissance Michèle Peyron et la socialiste Isabelle Santiago préconisaient d’instaurer un congé parental non pas de six mois, mais d’un an, partagé entre les deux parents et payé non pas à 50 %, mais à 67 % du salaire.

Lors de cette consultation, les syndicats et associations espèrent influencer l’orientation du nouveau système vers une couverture plus large, mieux rémunérée et plus longue.

Article original publié sur BFMTV.com