CONTREC’était la soirée de Sophia Aram. Lors de la cérémonie des Molières, organisée aux Folies bergères, lundi soir, elle a été récompensée par le trophée de l’humour pour son spectacle Le monde d’après. Mais c’est surtout son discours, quelques minutes auparavant, dans lequel elle dénonçait « le silence » du monde de la culture après le massacre du 7 octobre 2023, qui a marqué la soirée.
« J’aimerais vraiment faire de ce moment un moment léger, inclusif et bienveillant. Un moment de tendresse entre théâtre privé et public, ou un moment de réconciliation entre Rachida Dati et Kebab, le chien de Gabriel Attal (NDLR Dati avait menacé de transformer le chien du Premier ministre, Volta, en kebab). Je me contenterai d’un message de service”, a commencé l’humoriste, qui était sur scène pour présenter le Molière de la meilleure comédie.
« Nous qui partageons la liberté de crier sur toutes les chaînes de France ou de crier notre indignation sur tout et n’importe quoi dans les tribunes, je pense qu’il faut aussi faire attention à nos silences. Dans le brouhaha de notre facile indignation, le silence, même relatif, après le 7 octobre, au cours duquel 1 200 Israéliens ont été massacrés, est assourdissant », dit-elle.
LIRE AUSSI Sophia Aram : « Ce n’est pas moi qui ai changé, c’est la gauche qui a changé »« Et s’il est évident que nous partageons tous ici les appels à un cessez-le-feu. Comment pouvons-nous être solidaires des milliers de civils morts à Gaza sans être également solidaires des victimes israéliennes ? », demande l’humoriste, applaudi pendant près de 20 secondes. « Comment pouvons-nous exiger un cessez-le-feu d’Israël sans exiger la libération des otages israéliens ? Comment exiger le départ de Netanyahu sans exiger celui du Hamas ? »
Pour Sophia Aram, « ce silence qui accompagne les victimes du 7 octobre et les otages continue de nous diviser et de blesser tous ceux, juifs ou non, qui s’engagent pour les droits de l’homme. A nous tous de briser ce silence et la solitude de certains de ceux qui nous écoutent au théâtre ou ailleurs. »
Elle revient quelques minutes plus tard après sa victoire au Molière 2024 de l’humour pour son émission “sur tous les cons de l’époque : les théoriciens du complot, les antivaxxeurs, les populistes d’extrême droite et d’extrême gauche et les islamistes”. “Je peux leur dédier ce Molière car je sais qu’ils sont tous sur les réseaux sociaux m’invitant à me le présenter dans la fondation”, ironise l’humoriste. Qui préfère « pour de vrai, le consacrer à tout le monde ».
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