Un homme de Beauharnois, en Montérégie, a eu toute une surprise en découvrant un nid d’écureuil sous le capot de son Toyota Tacoma 2023, dont les ravages sur une couette de laine nécessiteront des réparations de plusieurs milliers de dollars.
Keven Tremblay n’a pas eu le temps de se rendre à son coin de rue dimanche lorsqu’un message sur le tableau de bord l’a averti que son capot n’était pas bien fermé. Alors il s’arrête pour l’ouvrir.
« A l’époque, je me suis dit : c’est juste un nid. Mais quand j’ai vu les dégâts, ça m’a fait flipper », dit-il.
« J’ai pu rentrer chez moi. Je me suis rendu compte que Toyota était fort », ajoute-t-il en riant, quelques jours après la mésaventure.
La petite bête a causé des dégâts en ravageant complètement la couette en fil de maître, ce qui rend le véhicule inutilisable.
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Un plaisir qui coûte cher !
« Il s’est vraiment amusé. Il a mangé quelques capteurs [capteurs], mon système d’alarme, tout est passé. Les assurances ont estimé que la réparation prendrait de 25 à 30 heures », explique M. Tremblay, qui pense que la facture pourrait dépasser 7 000 $ ou 8 000 $.
Photo fournie par Keven Tremblay
L’infortuné propriétaire était tout de même soulagé d’apprendre que son assurance couvrirait le sinistre.
Sur un groupe Facebook, des personnes lui ont dit qu’elles avaient eu des mésaventures similaires et n’avaient pas été remboursées par leur assureur.
M. Tremblay a du mal à expliquer sa mésaventure, d’autant plus que son Tacoma – acquis neuf fin novembre et qui ne totalise que 5500 km – n’est jamais immobilisé plus de trois ou quatre jours consécutifs.
« Il y a des arbres autour de la maison, mais je ne suis pas à la campagne. Mon véhicule était garé en bordure de rue, bien en vue, pour le protéger du vol. Il ne suffit pas de voleurs, en plus, il faut maintenant se protéger des écureuils », ironise-t-il.
Dans les bilans annuels des assureurs, le Tacoma se classe régulièrement dans les 10 modèles les plus appréciés des voleurs.
Photo fournie par Keven Tremblay
Pas nouveau
Le phénomène des fils rongés sur les voitures non entreposées n’est pas inconnu chez CAA-Québec.
« Ce n’est pas courant, mais ça arrive. C’est même arrivé à un composant électronique dans la voiture d’un collègue de travail », explique l’expert automobile de l’association, Jesse Caron.
Keven Tremblay pense que les véhicules pourraient être mieux protégés contre les rongeurs.
« A côté de la couette de fils, il a l’endroit idéal pour faire un nid. Quand je l’ai enlevé, j’ai compris qu’il y avait fait son nid.
Photo fournie par Keven Tremblay
soja
Il a également entendu parler de l’utilisation d’un matériau que les rongeurs aimeraient.
« On m’a dit que les constructeurs utilisaient du soja dans les plastiques pour les rendre ignifuges. Au prix que nous payons pour ces véhicules, si c’est un problème courant, les constructeurs devraient s’en occuper », pense-t-il.
Inconnue ici, cette rumeur s’est répandue aux Etats-Unis. Les fils des voitures électriques seraient désormais recouverts d’une gaine en soja, dont les rongeurs raffolent.
Toyota a fait l’objet de deux recours collectifs à ce sujet (en 2013 et 2021), ainsi que Honda et le constructeur de tracteurs Kubota. Cependant, chacun des appels a été rejeté.
Règles
Si le dernier contre Toyota n’a pas abouti, il a tout de même abouti à des accords.
« Nous avons réglé les réclamations individuelles des représentants du groupe l’été dernier, avant que les experts ne se prononcent sur la question de savoir si les fils recouverts de soja sont plus attrayants pour les rongeurs », a révélé le journal. Enregistrer Anastasia K. Mazzella du cabinet d’avocats Kabateck à Los Angeles.
Toyota Canada ne confirmerait pas que les fils électriques de ses voitures contiennent du soja.
« Les dommages causés par les rongeurs au câblage des véhicules sont un phénomène à l’échelle de l’industrie, et le problème n’est pas spécifique à une marque ou à un modèle. Nous n’avons actuellement connaissance d’aucune preuve scientifique montrant que les rongeurs sont attirés par le câblage automobile en raison de sa teneur présumée en soja », a déclaré le porte-parole de la société, Philippe Crowe.
Répandu
Selon la CAA, il est plus que plausible que les fils utilisés par Toyota se retrouvent sur le capot d’autres constructeurs.
« Les entreprises qui produisent ces faisceaux de câbles – c’est comme pour les sièges, les airbags et les tableaux de bord – sont assez concentrées », explique Jesse Caron.
D’ailleurs, une brève recherche sur Internet montre notamment que les propriétaires de Ford, Kia, General Motors ou encore Tesla aux États-Unis associent les fils rongés de leur voiture à la présence de soja.
L’Association pour la protection des automobiles (APA) « reçoit occasionnellement des plaintes concernant des dommages imputables aux rongeurs, mais pas souvent, car la majorité des plaintes sont transmises aux assureurs des véhicules concernés qui paient », explique son directeur, George Iny.
« Les marques Toyota et Honda sont assez souvent identifiées par les consommateurs », ajoute M. Iny.
Bien qu’il ait entendu parler de l’effet attractif du soja, il précise que « l’APA n’a pas d’informations précises sur le sujet et que le problème existait avant [l’introduction du soya sur les fils] ».
Il a également vu un article associant le problème à des isolateurs dans le compartiment moteur à base organique, sans qu’il soit possible, là non plus, de le confirmer.
Recommandations
George Iny a trois conseils pour les propriétaires qui ont rencontré ce problème.
Nettoyez d’abord le compartiment moteur ou les zones endommagées pour éliminer toute odeur de rongeur.
Utilisez du ruban à la menthe poivrée Honda (# 4019-2317) – que le fabricant propose pour contrer ce problème – ou de l’huile de menthe sur les fils.
Enfin, ouvrez le capot tous les matins pour vérifier la présence d’un rongeur. « Le site américain Rat Trap Dave recommande de laisser le capot ouvert la nuit, mais l’APA ne le recommande pas à long terme », insiste-t-il.
fourni par Keven Tremblay
De son côté, le propriétaire du Toyota Tacoma aux fils déchiquetés entend prendre des mesures.
« Je vais d’abord savoir s’il y a du répulsif à mettre sur mes fils ou avec la bonne vieille méthode de la naphtaline. Et j’ouvrirai certainement mon capot beaucoup plus souvent pour l’inspecter », conclut Keven Tremblay.
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