ECONOMIE – C’est un mauvais signal, dont le gouvernement se serait bien passé, à neuf jours des élections européennes. La France a subi la première dégradation de sa note souveraine par Standard & Poor’s depuis 2013 : la note de la France est passée du troisième cran, AA, au quatrième cran : AA-, a annoncé l’agence de notation dans la soirée du vendredi 31 mai.
Après la notation Standard & Poor’s, la Macronie sous pression (mais pas seule)
Cette dégradation sanctionne l’augmentation du déficit public de la France. Et l’agence de notation américaine ne croit pas, à ce stade, au rétablissement des comptes promis d’ici la fin du mandat d’Emmanuel Macron en 2027. Plus précisément, Standard & Poor’s estime que le déficit ne sera pas ramené en dessous de 3 % du PIB en 2027, comme le prévoit le gouvernement, et table plutôt sur un déficit de 3,5% à cette date.
Le dérapage surprise du déficit public français pour 2023, à 5,5% du PIB (produit intérieur brut), au lieu des 4,9% attendus, n’a pas joué en faveur d’Emmanuel Macron, selon le rapport détaillé publié pour expliquer cette dégradation. Standard & Poor’s salue certes l’adoption de plusieurs de ses réformes (retraites, assurance chômage), mais il estime que la dette publique française en proportion du PIB ne cessera d’augmenter, pour atteindre 112% du PIB d’ici 2027. – contre 109,9% en 2027. 2023 « en raison de déficits plus importants que prévu en 2023-2027 ».
« Aucun impact »
Concrètement, cette dégradation ne devrait pas conduire à une hausse des taux auxquels la France emprunte sur les marchés mondiaux. Avec un double A même suivi d’un signe moins, la capacité de la France à honorer les échéances de sa dette demeure » très fort « selon les critères de l’agence de notation.
Mais le signal est fort, car cette évaluation indépendante des finances publiques françaises reste suivie et commentée de près. Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie et des Finances, n’a pas manqué de réagir immédiatement vendredi soir dans un entretien à Parisien. » Il n’y aura aucun impact sur la vie quotidienne des Français. (…) Nous restons à un très bon niveau de notation. C’est comme si on était passé de 18 à 17 sur 20 ! Notre dette trouve facilement acheteur sur les marchés »veut rassurer le ministre, en poste depuis 2017.
S’exprimant encore samedi 1er juin, interrogé sur le sujet pendant 23 minutes sur BFM, Bruno Le Maire a également promis qu’il « Il n’y aura pas d’augmentation d’impôts » en 2025.
« Face au Covid, on a dépensé pour bien se protéger. Ces dépenses essentielles ont évidemment accru la dette. Mais ils nous ont aussi permis de sauver nos entreprises et nos emplois »a également défendu Bruno Le Maire dans Le Parisien. «J’ai sauvé l’économie française»» a-t-il fait écho sur BFM samedi matin.
« Gestion catastrophique »
« Notre stratégie reste la même : réindustrialiser, atteindre le plein emploi et maintenir notre trajectoire pour revenir sous la barre des 3% de déficit en 2027 »a encore insisté Bruno Le Maire vendredi soir.
Plusieurs voix s’élèvent cependant contre ces prévisions, à commencer par la Cour des comptes. Le Haut Conseil des Finances publiques a par exemple jugé en avril dernier que la nouvelle trajectoire de réduction du déficit public proposée par le gouvernement, qui vise à revenir sous la barre des 3% du PIB en 2027, manquait « crédibilité » et de » cohérence « .
Sans surprise, les opposants à Emmanuel Macron ont profité de l’annonce de Standard & Poor’s pour critiquer la politique gouvernementale. « La gestion catastrophique des finances publiques par des gouvernements aussi incompétents qu’arrogants a mis notre pays dans de très sérieuses difficultés avec des impôts, des déficits et des dettes records »a écrit Marine Le Pen, chef des députés du Rassemblement national, parti largement en tête des intentions de vote pour les élections européennes du 9 juin.
« C’est là que nous mène la pitoyable gestion des finances publiques du duo Macron/Le Maire ! »écrit sur » courage « et au « bonne gestion » pour un « mettre de l’ordre dans nos comptes ».
Le président insoumis de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, Eric Coquerel, a de son côté prévenu que le gouvernement « utiliser cette décision pour justifier de nouvelles coupes budgétaires ».
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