Six et douze mois de prison avec sursis ont été requis, lundi 23 septembre 2024, contre deux anciennes salariées d’une crèche People & Baby jugées à Lille pour violences sur enfants, à l’issue d’une audience à huis clos, en plein débat médiatique sur les dysfonctionnements de certaines crèches privées.
Le procès a eu lieu dans la foulée de la sortie du livre “Les Ogres” de Victor Castanet, une enquête qui dénonce le modèle “low cost” de plusieurs groupes de crèches privées, notamment People & Baby. La décision doit être mise en délibéré jusqu’au 7 octobre.
Face à une salle d’audience bondée au début de l’audience, les avocats de la défense avaient demandé un ajournement, dénonçant une « rouleau compresseur médiatique ». Le tribunal a décidé de poursuivre la procédure, considérant qu’il est “Il est temps de juger cette affaire”, tout en accordant une audience à huis clos à la demande des parties civiles.
« Aujourd’hui, ce n’était pas le procès People & Baby », a insisté Me Fatima En-Nih, avocate d’une ancienne employée, une infirmière, à l’issue de l’audience : « Il n’était pas question de faire de ces deux-là les fusibles de tout un système que l’on dénonçait. »
« Ce qui a été souligné, c’est le manque de formation, peut-être la fatigue », a rapporté Me Florent Mereau, avocat des parties civiles.
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Les prévenus sont poursuivis pour violences physiques et psychologiques intentionnelles, sans incapacité, sur neuf enfants au total dans la crèche située à Villeneuve-d’Ascq, dans la banlieue de Lille. Les parties civiles décrivent des privations de repas, des humiliations, un isolement et pour certaines des maltraitances physiques suspectées.
Les accusés « contester les faits qui leur sont reprochés », a martelé Me Blandine Lejeune. « Ils sont dévastés. »
« Ce ne sont pas des enfants qui viennent de rentrer de la garderie avec un bleu qui disparaît en quelques jours », Me Alexandre Schmitzberger avait souligné avant l’audience, les attentes des familles, cinq ans après les faits. « Nous avons des enfants qui développent des troubles psychomoteurs, des troubles du comportement, qui se retrouvent avec des retards de développement (…) parfois de deux ans. »
Le parquet a requis six mois de prison avec sursis contre l’ancienne directrice de crèche, 48 ans, poursuivie pour violences sur trois enfants, qui apparaissait le visage contrit et une veste noire sur les épaules.
Une peine de douze mois de prison avec sursis a été requise contre l’ancienne infirmière de 35 ans, dont les cheveux étaient attachés en une tresse rouge, accusée de violences sur huit enfants.
Le parquet a également demandé au tribunal de Lille d’ordonner une interdiction d’exercer d’une durée de cinq ans à l’encontre des deux prévenus.
Les deux femmes sont soupçonnées d’avoir adopté « attitudes et gestes inadaptés à la prise en charge d’un jeune enfant », le tribunal l’a rappelé lundi.
M. En-Nih a largement critiqué le livre d’enquête du journaliste Victor Castanet, qui consacre plusieurs chapitres à la crèche de Villeneuve-d’Ascq. «Depuis plusieurs jours, toute notre énergie est concentrée à éviter la presse»elle a martelé la maison.
Le journaliste s’est adressé au tribunal, assurant qu’il soutiendrait les familles. « Ce procès est évidemment emblématique car il relate les dysfonctionnements de ce groupe et plus largement d’un certain nombre de groupes de ce secteur », a-t-il ajouté. a-t-il déclaré devant les nombreuses caméras présentes.
« Il ne s’agit pas de vengeance, de lapidation ou d’exploitation médiatique », Patrick Lambert a néanmoins souligné. Il représente une famille avec deux enfants qui dénonce « Violences psychologiques, isolement, mauvaise alimentation » mais aussi des soupçons de violences physiques, un enfant ayant « a été retrouvée avec une bosse sur le front. »
« Aujourd’hui, mon enfant a huit ans et a des problèmes psychologiques », également expliqué à laAFP un parent qui a porté plainte au civil et accuse l’aide-soignante d’avoir enfermé son enfant dans le noir. Selon lui, les séquelles sont multiples : agressivité, difficultés à l’école, peur du noir, anxiété.
Sous pression, le secteur des crèches fait face depuis plusieurs années à une pénurie critique de professionnels et à des dysfonctionnements attribués à un mode de financement complexe aux effets jugés ” pervers “.
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