Taylor Swift et les élections américaines, Mati Diop et la décolonisation de l’imaginaire : deux femmes engagées

Mercredi 11 septembre dans “Tout Public”, l’influence de Taylor Swift sur les intentions de vote américaines, et la réalisatrice Mati Diop pour son documentaire “Dahomey”.

La chanteuse Taylor Swift vient d’annoncer son soutien à la candidate démocrate Kamala Harris à la suite de son débat avec Donald Trump. Quel impact cela aura-t-il sur la campagne présidentielle américaine ? Elsa Grassy, ​​maître de conférences en études américaines à l’université de Strasbourg, est l’invitée de “Tout Public” pour répondre à nos questions sur le sujet.

L’universitaire insiste sur le fait que l’artiste a une influence considérable, notamment en termes d’inscription sur les listes électorales. « En 2023, lorsque Taylor Swift a demandé aux électeurs américains potentiels de s’inscrire, il y a eu un afflux énorme de personnes sur le site Vote.org. »L’engagement de la chanteuse pourrait faire la différence, notamment auprès de la jeune génération. « Les jeunes sont une population qui vote rarement, elle explique(…) et donc les pousser vers les urnes en leur disant que leur voix doit être entendue, cela peut faire une différence importante. »

Le soutien des personnalités du monde du spectacle et de la musique dans le paysage politique américain n’est pas une nouveauté, Yann Bertrand propose une rétrospective, du show de Bruce Springsteen à l’élection de Joe Biden, en passant par l’emblématique “Joyeux anniversaire Monsieur le Président” de Marilyn Monroe pour le président Kennedy.

Mati Diop, qui a reçu le Grand Prix au Festival de Cannes 2019 pour son premier film atlantiquecette fois-ci remporte l’Ours d’or pour son nouveau documentaire Dahomeyqu’elle décrit comme « contre-récit »La cinéaste suit la restitution de 26 œuvres béninoises spoliées par la France lors de l’invasion coloniale en 1892. Mais au lieu de montrer l’histoire officielle, celle du rapatriement des œuvres du musée du Quai Branly au palais présidentiel de Cotonou, Mati Diop raconte le rapport du peuple béninois à ce patrimoine retrouvé. « C’était l’occasion de faire descendre le débat de haut en bas et de faire entendre cette question d’un point de vue africain (…) et surtout d’entendre la jeunesse africaine qui n’avait jamais été entendue sur la question, alors qu’elle en est la première destinataire. »

Le réalisateur rappelle l’importance pour le Bénin de se libérer de son héritage colonial, et appelle le ministère de la Culture à accélérer l’adoption de la loi-cadre relative au patrimoine africain.

« C’est une question de volonté politique. (…) J’exhorte donc vivement la ministre de la Culture, Rachida Dati, à prendre en main ce dossier qui doit absolument avancer. »

Elle recommande également à l’actuelle ministre de la Culture, à ses successeurs et à toutes les autres personnes qui souhaitent déconstruire et décoloniser leur imaginaire, d’aller découvrir DahomeyAu cinéma aujourd’hui, mercredi 11 septembre 2024.

Une émission avec la participation des journalistes Nicolas Teillard de la rédaction internationale de Radio France, Yves Bertrand et Anne Chépeau du service culture de franceinfo.