Emmanuel Macron met en garde contre la montée des « nationalistes » en Europe, à cinq semaines des élections européennes. Dans une interview à l’hebdomadaire britannique L’économisteJeudi 2 mai, il estime que les nationalistes sont ” tous “ de la « Brexiters cachés »qui prennent l’Union européenne ” Pris en otage “ avec un “même discours mensonger”.
«Le Rassemblement national voulait sortir de l’Europe, de l’euro, de tout. Maintenant, il ne dit plus rien. Il tire les dividendes de l’Europe en voulant la détruire sans rien diredéclare le président français. D’une certaine manière, c’est comme si l’on disait « ce n’est pas grave de confier la banque à des braqueurs. (…) Si vous confiez les clés à des gens qui pensent comme eux, il n’y a aucune raison pour que l’Europe devienne une grande puissance. Aucun. »
Une étude électorale réalisée par Ipsos, en partenariat avec le Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof), l’Institut Montaigne, la Fondation Jean Jaurès et Le monde, publié lundi, a mis en lumière les difficultés du camp macroniste (17% d’intentions de vote au scrutin du 9 juin), largement distancé par le Rassemblement national, qui est en tête (32%).
” Quand ils (mouvements nationalistes) sont autour de la table, ils prennent l’Europe en otagepoursuit M. Macron. Ils vous disent : « Si vous ne payez pas, je n’abandonnerai pas ». Ce n’est pas raisonnable. Alors je dis aux Européens : « Réveillez-vous ! » (…) Tous les nationalistes européens sont des Brexiters discrets. »
« Ils prétendent d’abord rendre leur pays plus fort, ils ne vont pas vous dire qu’ils veulent détruire »assure-t-il encore. « Le Rassemblement national (…) ne vote pas pour la politique agricole communeil cite en exemple. Ils disent aux agriculteurs qu’avec eux, les choses iront bien mieux (…), mais où trouveront-ils les 9,5 milliards de financement ? »
Du « pragmatisme » dans les relations économiques avec Pékin
Contrairement à la présidente du conseil italien, Giorgia Meloni, patronne du parti postfasciste Fratelli d’Italia, qui « a une approche européenne » et a « a en outre soutenu le pacte d’asile et de migration », selon M. Macron. « Les nationalistes, qui ont été élus sur des programmes de doute à l’égard de l’Europe, je vois qu’ils jouent davantage comme des Européens et je m’en réjouis »ajoute-t-il, tout en estimant que « La meilleure façon de construire ensemble est d’avoir le moins de nationalistes possible ».
Dans la même interview, le président a également évoqué le cas de la Chine, soulignant que l’Europe doit défendre ses intérêts. « intérêts stratégiques » dans ses relations économiques, quelques jours avant une visite d’Etat en France du président chinois Xi Jinping. « Nous devons être très pragmatiques et considérer cette question avec nos intérêts stratégiques »» a déclaré M. Macron, interrogé sur l’ouverture ou non du marché européen à la Chine.
“C’est l’un de mes principaux objectifs en accueillant le président Xi Jinping, nous devons tout faire pour engager la Chine sur les grands enjeux mondiaux et avoir un échange sur nos relations économiques qui sont fondées sur la réciprocité”ajoute le président.