EEn octobre 2023, les autorités sanitaires ont annoncé la détection du virus de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo (FHCC), une maladie de type Ebola. L’agent pathogène était hébergé par les tiques « Hyalomma marginatum », qui s’implantent progressivement dans le sud de la France sous l’effet du changement climatique.
Ils ont été collectés sur des vaches et des chevaux des Pyrénées-Orientales. Ce sont des chercheurs de l’équipe de Laurence Vial, épidémiologiste au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement de Montpellier (Hérault), qui ont fait cette découverte.
Comment les tiques et les humains se contaminent-ils ?
Les « Hyalomma » sont le réservoir naturel du virus. Chaque printemps, lorsqu’ils reprennent leur activité, ils la remettent en circulation en se gorgeant du sang de leurs hôtes, qui risquent ainsi de s’infecter et de réinfecter de nouvelles tiques. Les tiques adultes peuvent être contaminées sur les ongulés, notamment les bovins, excellents réplicateurs du virus. Ils peuvent alors transmettre le pathogène directement à leur progéniture (œufs, larves, nymphes). Les larves et les nymphes sont aussi parfois infectées en se nourrissant du sang des lapins et des lièvres, qui reproduisent bien le virus. Si « Hyalomma » préfère se nourrir de bovins, on ne peut pas exclure qu’il pique les humains. Lorsqu’elle est infectée, cette tique transmet le virus très rapidement.
Où se trouve le virus ?
Importé d’Afrique par les oiseaux migrateurs, le virus a été détecté dans les Pyrénées-Orientales. Des personnes contaminées ont été recensées en Espagne, et certaines sont décédées. On estime que le virus pourrait déjà circuler en Corse, Aude, Gard, Hérault, Ardèche, Var et Alpes-Maritimes. La modélisation prédit la présence de tiques potentiellement infectées dans les zones à climat méditerranéen, car les tiques nécessitent un environnement chaud et sec. Cette aire de répartition devrait s’étendre dans les années à venir en raison du réchauffement climatique.
Comment se protéger ?
Évitez les piqûres de tiques, car l’infection est presque immédiate. Portez des chaussures fermées et des vêtements légers et couvrants pour repérer facilement la présence d’une tique. Rentrez le pantalon dans les chaussettes. Restez sur les sentiers balisés, évitez les herbes hautes, les branches et les buissons. Utilisez des répulsifs cutanés approuvés.
À la maison, inspectez tout le corps, les plis cutanés et le cuir chevelu. En cas de morsure, retirez immédiatement la tique avec un dissolvant de tiques ou une pince à épiler et désinfectez. Surveillez votre état général et consultez un médecin dès l’apparition du moindre symptôme dans le mois qui suit la piqûre.LIRE AUSSI Tick : à la poursuite d’un tueur en série
Quel traitement pour cette fièvre hémorragique ?
Il n’existe aucun traitement ni vaccin. Le diagnostic est complexe, la première phase de la maladie s’apparentant à une grippe, avec fièvre, fatigue, maux de tête, diarrhée, etc. Soit l’évolution est favorable et les symptômes disparaissent, soit l’état du patient se dégrade rapidement, avec des signes plus spécifiques pour certains : des taches de sang sous-cutanées (ecchymoses) apparaissent sur le corps.
Les saignements du nez, des gencives, des yeux, des selles, etc. montrent de nombreuses hémorragies internes, le virus se multipliant dans tous les organes. Le patient décède quelques jours après une insuffisance hépatique, rénale, respiratoire ou cardiovasculaire.