Transferts santé | Trudeau soumettra un accord « souple » aux provinces
(Ottawa) Le premier ministre Justin Trudeau entend soumettre à ses homologues provinciaux une entente de 10 ans qui permettra d’injecter de nouveaux fonds fédéraux en santé. Cet accord sera « souple » et respectera les champs de compétence des provinces, a-t-il assuré lundi.
Mais à quelques heures d’une réunion de travail qui devrait durer à peine deux heures, les provinces n’avaient toujours pas obtenu les détails de l’offre du gouvernement Trudeau, au grand dam de plusieurs premiers ministres.
Ces derniers ont organisé un dîner de travail en prévision de cette réunion au sommet qu’ils réclamaient depuis des semaines. Cette rencontre visait à réaffirmer le front commun des provinces sur cette question.
« Je suis content qu’après deux ans, un, pour avoir une rencontre avec M. Trudeau, et deux, pour avoir une proposition. Voyons maintenant le montant. Nous avons demandé que ce soit une proposition inconditionnelle. On le saura demain », a déclaré le premier ministre du Québec, François Legault, lors d’une courte mêlée de presse, avant de rencontrer ses homologues provinciaux.
M. Legault s’est réjoui d’avoir « toujours un beau front commun » des provinces contre le fédéral. Il a tenu à affirmer qu’il n’avait pas besoin de directives d’Ottawa pour identifier les priorités en matière de santé au Québec.
Tout indique que l’entente que souhaite conclure le gouvernement Trudeau sera d’une durée de 10 ans. Parallèlement, Ottawa entend signer des ententes bilatérales avec chacune des provinces pour tenir compte de leurs besoins. Certaines provinces pourraient ainsi utiliser cet argent pour leurs priorités respectives en matière de santé, comme la santé mentale, les soins primaires ou encore s’attaquer plus rapidement à la liste d’attente en chirurgie.
« J’ai vraiment hâte de m’asseoir avec les premiers ministres pour parler de nos systèmes de santé à travers le pays et de ce que le gouvernement fédéral peut faire pour s’assurer que les Canadiens obtiendront de meilleurs résultats des services de soins de santé à travers le pays », a déclaré Trudeau. Lundi.
« Nous allons être là avec plus d’argent. Mais je pense qu’il est également important de parler de données et de résultats. Évidemment, cela se fera de façon souple tout en respectant les compétences provinciales. Ça va être une réunion de travail », a-t-il ajouté.

PHOTO SEAN KILPATRICK, LA PRESSE CANADIENNE
Justin Trudeau, premier ministre du Canada
Depuis des mois, les provinces s’unissent pour exiger une augmentation substantielle des transferts en santé de 28 milliards de dollars par année. Selon les calculs provinciaux, cela permettrait à Ottawa de payer 35 % des coûts des soins de santé au pays, comparativement à 22 % aujourd’hui.
Le gouvernement Trudeau a déjà fait savoir qu’il n’entendait pas accéder à cette demande, allant jusqu’à souligner que les provinces ont une capacité financière immédiate suffisante à court terme pour investir davantage dans le système de santé si elles le souhaitent.
Le gouvernement fédéral conteste également la méthode de calcul et soutient qu’il paie déjà 35 % des coûts si l’on tient compte des points d’impôt transférés aux provinces dans les années 1970.
« Très heureux de se rencontrer »
S’exprimant au nom de tous ses collègues provinciaux en tant que présidente du Conseil de la fédération, la première ministre du Manitoba, Heather Stefanson, a déclaré qu’il était «difficile» de se rendre à une réunion sans avoir eu au préalable les détails de l’offre fédérale.
« J’attends avec impatience la rencontre des premiers ministres. Je crois que c’est l’une des discussions les plus importantes que le pays doit avoir pour les années et les générations à venir », a-t-elle déclaré.
Elle dit ne pas s’attendre à signer un accord formel mardi, comme Justin Trudeau l’avait déjà laissé entendre il y a deux semaines.
Nous verrons la proposition du gouvernement fédéral [ce] Mardi. Nous espérons que ce sera le début d’une amélioration des réseaux de santé. […] Nous viendrons à la réunion avec un esprit ouvert. J’aurais quand même aimé voir la proposition fédérale beaucoup plus tôt. Cela nous aurait permis d’avoir une discussion plus approfondie.
Heather Stefanson, première ministre du Manitoba
Le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, Andrew Furey, a pour sa part affirmé que les Canadiens n’attachaient aucune importance aux jeux de négociation entre Ottawa et les provinces. Leur priorité, a-t-il soutenu, est d’avoir accès à de meilleurs soins de santé.
« Que ce soit le gouvernement ou les provinces qui paient la facture, les patients et les Canadiens exigent que nous travaillions ensemble. Nous devons nous concentrer sur la collaboration », a-t-il déclaré.
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