JUSTICE – Un procès très rare. L’ancien responsable de la lutte anti-drogue, François Thierry, est jugé à partir de ce lundi 23 septembre, à Lyon, pour avoir organisé une garde à vue. fictif » afin de faire sortir de prison l’un de ses informateurs, un important trafiquant de cannabis, pour suivre une livraison.
L’homme qui fut à la tête de l’Office central pour la répression du trafic illicite de stupéfiants (OCRTIS) de 2010 à 2016, et dont les méthodes ont conduit au démantèlement de ce service, comparaîtra toute la semaine devant le tribunal correctionnel du Rhône. Jugé pour « falsification de documents par une personne dépositaire de l’autorité publique” Et “ destruction ” Sans preuve, l’ancien super-flic de 56 ans risque 15 ans de prison.
Cette histoire retentissante a fait l’objet d’un livre, L’infiltrépuis un film, Enquête sur un scandale d’État, du réalisateur corse Thierry de Peretti, qui raconte l’amitié entre un ancien flic, Hubert Antoine (Roschdy Zem), et une journaliste de Libérer, Stéphane Vilner (Pio Marmaï).
L’enjeu du procès sera de déterminer quelles informations François Thierry a communiquées aux autorités judiciaires lorsqu’il a rédigé, en avril 2012, un procès-verbal de garde à vue en vue de faire sortir Sophiane Hambli de prison.
Pendant 96 heures, ce « indicateur » Le commissariat, géré directement par le commissaire, sera en effet hébergé dans un hôtel, d’où il multiplie les appels concernant une livraison de drogue en provenance du Maroc, dont il a fait part à François Thierry. L’objectif officiel est de faire entrer et de suivre la marchandise et de démanteler les réseaux de revente en France, une “ livraison surveillée » dans le jargon policier.
Quand la résine de cannabis arrive de nuit par Zodiac sur une plage d’Espagne, la police espagnole la réceptionne, la stocke dans un commissariat avant de la livrer, par petits lots, aux trafiquants dans une villa d’Estepona, près de Marbella. Malgré les balises placées sous les voitures, seules 1,9 tonne sur six seront finalement interceptées.
Rien de tout cela n’a fuité jusqu’en octobre 2015. Le premier, Hubert Avoine, un autre “ oncle “ (informateur) de François Thierry, a écrit au procureur de Paris pour dénoncer “ « méthodes douteuses » du policier et décrit l’opération espagnole à laquelle il a participé. Une enquête préliminaire est ouverte.
Le 17, les douaniers découvrent sept tonnes de cannabis boulevard Exelmans à Paris, au pied d’un immeuble où habite Sophiane Hambli, alors en liberté. Cette saisie exceptionnelle est saluée par le président François Hollande. Hélas, il s’avère que la drogue est arrivée en France dans le cadre d’un “ livraison surveillée » exploité par Octris.
Des investigations complémentaires ont été lancées et, lors d’une audition, un policier a évoqué la fausse garde à vue de 2012. Les magistrats ont relevé “ la troublante concordance des temps » avec l’affaire d’Estepona.
Deux enquêtes progressent alors en parallèle : l’une sur Estepona et la garde à vue, délocalisée à Lyon, l’autre sur la saisie d’Exelmans, délocalisée à Bordeaux. Elles visent d’abord à vérifier qu’Ocrtis n’a pas facilité l’importation de drogue ni été instrumentalisé par Sophiane Hambli, aujourd’hui détenu au Maroc où il purge depuis 2022 une peine de 20 ans de prison.
Après une série d’auditions très médiatisées, François Thierry, qui a toujours nié avoir commis “ « opérations d’infiltration »est inculpé dans les deux affaires, en 2017 et 2019, pour « complicité » trafic de drogue.
Cet été, les juges d’instruction de Bordeaux ont décidé de le renvoyer devant la justice pour ce chef d’inculpation, à une date encore inconnue.
Si leurs collègues de Lyon classent l’affaire sans suite sur ce point, estimant qu’ils n’ont trouvé aucune preuve, de détournement de fonds »le commissaire devra répondre de la rédaction du faux procès-verbal de garde à vue, de sa destruction, ainsi que de la disparition des téléphones utilisés lors de l’opération d’Estepona.
François Thierry, qui supervise désormais la stratégie numérique de la police nationale, reconnaît les faits mais nie toute infraction, au motif que le parquet de Paris était, selon lui, impliqué à toutes les étapes de la garde à vue fictive.
L’ancienne procureure adjointe Véronique Degermann, comme ses collègues, n’avait reçu qu’une « « Informations sur le colis »Les magistrats instructeurs ont toutefois envisagé d’abandonner les poursuites engagées contre eux. Le procureur, à la retraite depuis un an, est convoqué à comparaître dans ce procès qui pourrait se transformer en “ « Parole de policier contre parole de magistrat ».
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