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Lou Van Cauvenberghe
Publié le
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4 septembre 2022. Six familles brisées Je n’oublierai jamais cette date. Ni celle du lundi 23 septembre 2024 au tribunal de La Roche-sur-Yon. Dans une salle d’audience pleine, grands-parents, parents, frères, sœurs et amis de victimes ont fait le déplacement. Tous là pour suivre le procès de Chloé*, une jeune femme de 24 ans.
Face au bar, en jean, baskets et pull rose, les larmes aux yeux, un mouchoir Ă la main. Cette jeune femme de Niort est jugĂ©e pour une double homicide Et blessures involontaire suite Ă une accident de la route de Sainte-Pexine. Cette fameuse 4 septembre 2022son imprudence alors qu’il roulait en voiture, Ă la sortie d’une boĂ®te de nuit, il a causĂ© la mort de deux jeunes hommes, laissĂ© une jeune femme handicapĂ©e Ă vie et blessĂ© deux autres personnes, dont l’une garde des sĂ©quelles Ă vie.
« Chronique d’une mort annoncĂ©e »
Ce soir-lĂ , ChloĂ© roulait avec un taux d’alcoolĂ©mie deux fois et demi supĂ©rieur Ă la limite lĂ©gale, sous l’effet de cannabis et de cocaĂŻne. Ils Ă©taient six Ă bord, sans ceinture de sĂ©curitĂ©, dans une voiture de cinq places. Si ChloĂ© « pensait rouler Ă 80-90 km/h », les experts ont estimĂ© la vitesse entre « 114 Ă 124 dans une zone limitĂ©e Ă 70 ». L’un des trois juges a ajoutĂ© : « Vous avez rĂ©uni tous les facteurs vous conduisant Ă avoir un accident. C’Ă©tait la chronique d’une mort annoncĂ©e. » Pour la jeune conductrice, les faits restent flous.
« Chaque jour, je vais au cimetière pour pleurer mon fils. »
Tout comme Marie*, handicapĂ©e Ă 80% et souffrant de pertes de mĂ©moire quotidiennes depuis l’accident. « Je n’ai rien Ă dire. Je lui en veux juste beaucoup. » Assise Ă l’arrière, elle ne connaissait ni ChloĂ© ni son groupe. En quittant le club tĂ´t le matin, elle avait prĂ©vu de rentrer Ă pied. Les occupants de la CitroĂ«n C4 lui ont proposĂ© de la dĂ©poser chez elle. Lorsqu’elle est montĂ©e dans la voiture, sa vie a basculĂ©. Depuis, son père est furieux.
Le conducteur ne se souvient pas de cet Ă©pisode. Il en va de mĂŞme pour les deux autres victimes qui ont survĂ©cu Ă l’accident. « Nous avions bu aussi », a tĂ©moignĂ© l’une d’elles.
Pour les mères des deux jeunes hommes dĂ©cĂ©dĂ©s, c’est insupportable.
« Notre vie est brisée. Je suis tellement en colère contre lui. Chaque jour, je vais au cimetière pour pleurer mon fils ! »
« Je voulais mettre fin à mes jours »
Placée sous contrôle judiciaire le 3 novembre 2022, Chloé a eu interdiction de conduire, de sortir le soir et a dû soigner son addiction. Elle, qui travaillait et vivait avec sa sœur, a gardé son sang-froid pendant un an. Mais en août 2023, elle a rechuté.
Seule dans une voiture quittant une boĂ®te de nuit, ivre et positive au cannabis, elle a percutĂ© le dĂ©cor. Un accident volontaire. « J’ai voulu mettre fin Ă mes jours. Ça n’allait pas bien chez ma sĹ“ur. J’Ă©tais sous antidĂ©presseurs. Je n’ai pas rĂ©flĂ©chi, je me suis laissĂ©e aller. » Son contrĂ´le judiciaire rĂ©voquĂ©, la jeune femme s’est retrouvĂ©e en dĂ©tention provisoire Ă la maison d’arrĂŞt de Nantes le 1euh Septembre 2023.
« Combien de morts avant que ça s’arrête ? »
Insupportable pour les victimes. “Combien de morts et de blessĂ©s avant que ça s’arrĂŞte ?”, s’interroge la mère de l’ancien compagnon de ChloĂ©, dĂ©cĂ©dĂ© dans l’accident. “Elle trouve un millier de responsables. Personne ne l’a obligĂ©e Ă prendre le volant”, a plaidĂ© MaĂ®tre StĂ©phanie Houssin, avocate des parents d’une des victimes dĂ©cĂ©dĂ©es.
La mère de l’ancien compagnon de ChloĂ© ne souhaite qu’une chose : « Qu’elle reconnaisse tous ces actes et fasse tout pour changer. » Ce que l’avocat de la prĂ©venue approuve : « Elle a reconnu sa responsabilitĂ© avec ses mots, avec maladresse. Elle a ruinĂ© des vies par sa faute. »
Le tribunal l’a finalement condamnĂ©e Ă cinq ans de prison, dont un avec sursis et mise Ă l’Ă©preuve, avec obligation de se faire soigner, de travailler et de verser des indemnitĂ©s aux victimes. Son permis de conduire lui a Ă©tĂ© retirĂ© pour sept ans.
« Je tiens absolument Ă prĂ©senter mes excuses aux victimes et Ă leurs familles pour tout le mal que j’ai causĂ©. »
Les excuses ont été accueillies par un hochement de tête des parents des victimes.
*Prénomemprunt ms.
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