Il n’a fallu que trois mots et tout a pris feu. « Augmenter les impôts. » A peine dévoilée dans la presse, l’hypothèse testée par Michel Barnier, lors de ses consultations, a suscité un afflux de propositions à gauche, semé la confusion à droite, provoqué des nausées chez les macronistes et mis à rude épreuve les négociations pour former le gouvernement. Au point que le Premier ministre a publié une mise au point clairement destinée à calmer le jeu. « Nous sommes déjà le pays où la charge fiscale est la plus élevée », et souligne le nouveau locataire de Matignon. Sans en dévoiler davantage.
Trois petits mots et c’est tout ? Le tollé est en effet impressionnant, tant les impôts sont un marqueur politique majeur. Pour les macronistes, qui veulent continuer à participer au gouvernement malgré leur échec aux élections, augmenter les impôts paraît inimaginable. Ce serait renier leur action passée.
Gérald Darmanin a été catégorique : « Il n’est pas question pour nous d’entrer dans un gouvernement ou de soutenir un gouvernement qui augmente les impôts. »a prévenu mercredi sur France 2 le ministre démissionnaire de l’Intérieur. “Je me battrai (…) pour protéger les Français des augmentations d’impôts », a poursuivi Gabriel Attal, désormais chef de file des députés macronistes, dans l’hebdomadaire Le Point.
« Un effort exceptionnel et raisonnable »
« La réduction massive des impôts sur les entreprises et les ménages au cours des sept dernières années a été la clé de notre succès économique, permettant en partie l’ouverture de nouvelles usines et la création de plus de deux millions d’emplois, prend en charge, avec le Monde, le député (Renaissance) des Yvelines Charles Rodwell. Remettre en cause de manière générale cette politique de l’offre serait une erreur. Aucune augmentation d’impôt est également la « ligne rouge » du parti Les Républicains (LR), réitéré encore mercredi par sa vice-présidente Valérie Boyer.
Cependant, une augmentation, au moins temporaire, des impôts est désormais considérée comme inévitable par de nombreux économistes et politiques, même de droite, étant donné le manque d’argent dans les caisses. « lever le tabou sur les augmentations d’impôts », C’est ce qu’a affirmé mercredi le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau. Dans un entretien accordé à Parisien, il suggère « un effort exceptionnel et raisonnable sur certaines grandes entreprises et certains gros contribuables. »
Face à la « La Bérézina dans les comptes publics », il faudra « peut-être accepter quelques efforts supplémentaires, sans précédent et temporaires » En matière fiscale, a également affirmé, auprès de l’Agence France-Presse, le rapporteur général du budget au Sénat, Jean-François Husson, qui a récemment pris ses distances avec LR. Quant au Rassemblement national, s’il est hostile à une hausse des prélèvements obligatoires, ses dirigeants n’excluent pas de voter certains impôts, à condition de préserver les classes moyennes et les PME.
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