Le FPÖ, ou Parti autrichien de la liberté, est en tête des sondages depuis plus d’un an pour les élections législatives qui se tiennent dimanche dans le pays. L’extrême droite y avait déjà réalisé une performance historique lors des dernières élections européennes. Elle arrive première avec 25,5% des voix, devant les conservateurs et les sociaux-démocrates.
Fondé en 1955 par d’anciens nazis, le parti est, avec le Front national, l’un des premiers mouvements populistes de droite à s’implanter en Europe. Aujourd’hui, il dispose d’une base électorale solide. Les régionales anticipées de 2022 en témoignaient déjà.
Un leader radical
Le parti doit aujourd’hui son succès à Herbert Kickl, 55 ans. Ce fils d’ouvrier a rejoint le FPÖ alors qu’il était encore étudiant. Il est la plume avant de devenir le cerveau. L’homme est l’auteur des slogans « Trop d’étrangers ne font de bien à personne » ou « L’Occident aux mains des chrétiens ».
En 2018, il est promu ministre de l’Intérieur dans un gouvernement de coalition. Un an plus tard, le scandale de l’Ibizagate éclatait. Une vidéo montre ensuite les deux principaux représentants du FPÖ prêts à transiger avec un oligarque russe en échange de financements. L’affaire fait tomber la coalition, torpille l’extrême droite et c’est Herbert Kickl qui va redresser la situation.
Aujourd’hui leader incontesté du FPÖ, il a choisi d’abandonner la politique de normalisation de son prédécesseur. Il revendique sa proximité idéologique avec l’AfD, l’extrême droite allemande, voit la politique de Viktor Orban comme un modèle… Tout en ayant pris ses distances avec le Rassemblement national et Fratelli d’Italia, le parti de Giorgia Meloni.
Construire une « forteresse »
Celui qui s’est autoproclamé “Chancelier du peuple” dit vouloir transformer radicalement le système politique autrichien, et, au-delà, celui de l’Union européenne.
Provocateur avoué, Herbert Kickl est partisan de la théorie du « grand remplacement ». Il défend le concept de « remigration », promettant le retour de tous les migrants et la fin du droit d’asile.
L’homme veut transformer le pays en « forteresse » afin de restaurer « l’homogénéité de son peuple ».
Sur le plan international, il défend une ligne pro-russe depuis le début de la guerre en Ukraine, s’opposant à toutes les sanctions européennes et aux livraisons d’armes à Kiev.
Herbert Kickl peut-il devenir chancelier ?
Malgré tout, les chances d’accéder au pouvoir sont minces. Selon Jérôme Ségal, maître de conférences à Sorbonne Université, spécialiste de l’Autriche, l’hypothèse d’un chancelier d’extrême droite reste peu probable.
“Le chancelier est nommé par le président. Le président fédéral Alexander Van der Bellen est un écologiste et il n’accepterait jamais un gouvernement dirigé par une personnalité d’extrême droite.”
En cas de victoire dimanche, le FPÖ aurait besoin d’alliés pour obtenir la majorité au Parlement. Le parti a déjà participé, à deux reprises, à des coalitions avec la droite conservatrice mais les positions actuelles de Herbet Kickl sont jugées trop clivantes par de nombreux dirigeants de l’ÖVP.
Reste que la classe politique est limitée, le nombre de partis est record pour ces législatives. La composition d’une prochaine coalition est donc très incertaine. L’Autriche a pu, pour la première fois, être gouvernée par au moins trois partis, aucun des partis en lice ne semblant en mesure de réunir la majorité des sièges au Parlement, comme c’était le cas jusqu’à présent.
Article original publié sur BFMTV.com