Un gouvernement imminent ? Michel Barnier mène ses « dernières » consultations ce jeudi

A A quand un gouvernement Barnier ? Le nouveau Premier ministre mène ce jeudi 19 septembre sa “dernière” journée de consultations. Il rencontrera notamment la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, et le président du Sénat, Gérard Larcher, indique Matignon. Depuis sa nomination au poste de Premier ministre il y a deux semaines, Michel Barnier a été confronté à une accumulation d’embûches, laissant présager à certains élus que former un gouvernement est devenu une équation insoluble.

Les frictions se sont encore aggravées mercredi entre le Premier ministre et ses futurs partenaires de gouvernement, le centre et la droite, qui ne veulent pas entendre parler de hausses d’impôts. La journée s’est en effet transformée en une série de rendez-vous manqués. Une première rencontre entre Michel Barnier et le groupe de députés macronistes EPR (Ensemble pour la République) a été reportée, avant qu’une seconde avec la droite ne soit également annulée.

Réunis pour l’occasion, Gabriel Attal, Gérald Darmanin et Élisabeth Borne réclament une “clarification” de la ligne politique du chef du gouvernement, notamment en matière fiscale, et sur l’équipe future, accusant la droite d’être trop gourmande. Mais le Premier ministre a préféré reporter leur rencontre, affirmant avoir découvert une “situation budgétaire très grave” qui mérite “mieux que des petites phrases”.

À LIRE AUSSI Composition du gouvernement : Barnier en difficulté, les Français s’en moquentEmmanuel Macron, qui assure ne pas vouloir intervenir dans la composition du gouvernement, a reçu mercredi Michel Barnier. “Le président a fixé l’objectif dès la nomination d’aller vers l’unité nationale et de respecter les équilibres”, a rappelé un proche du chef de l’Etat.

“Tenir bon”

L’appétit des LR, qui ont obtenu Matignon avec seulement 47 députés et revendiqueraient de gros postes comme Bercy ou Beauvau, irrite dans le camp macroniste et à gauche. “Ils ont gagné au loto et maintenant ils veulent gagner l’EuroMillions. C’est le hold-up du siècle”, estime un député du Nouveau Front populaire.

Michel Barnier “entre dans le dur (de la formation du gouvernement) et il crée des zones de frustrations très fortes”, commente un ministre sortant. Il a “une équation politique très, très difficile” à résoudre, reconnaît un visiteur de l’Élysée, qui voit néanmoins un “chemin sinueux” possible : jouer l’opinion publique contre les groupes parlementaires en étant “le constructif contre le désordre”. “Sa force, c’est qu’il n’est ni arrogant, ni agressif”.

Mais le temps presse sur le budget, dont le calendrier a été fortement retardé cette année par la dissolution de l’Assemblée et la nomination très tardive d’un Premier ministre. Après Matignon mardi, le président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, Éric Coquerel (LFI), et le rapporteur général du budget, Charles de Courson (Liot), se sont rendus mercredi à Bercy pour demander, en vain, les lettres de plafond qui fixent les crédits par ministère. Ils devraient recevoir jeudi certains éléments budgétaires. Normalement, ces documents sont disponibles dans le courant de l’été.

Le locataire de Matignon peine aussi à trouver des personnalités de gauche pour son gouvernement. « Il essuie refus sur refus », résume un député LR, à l’image du socialiste Philippe Brun qui ne voulait pas devenir ministre du Budget. Cette situation inextricable a conduit certains élus à dire que sa mission était devenue impossible.