Plus de transparence pour plus d’équité, tel est l’objectif d’une directive européenne sur la transparence des rémunérations qui doit être transposée en droit français, d’ici le 7 juin 2026. Les entreprises auront alors au moins un an pour s’y conformer. Seront-ils prêts ? « Le chantier est énormeprévient Arnauld Fourniol, associé au sein du département transformation et gestion des talents de Mercer France. Pour le moment, ils découvrent le sujet. »
« Plus qu’une simple évolution, c’est une révolutionestime Laura Grouberman, directrice de l’activité Work, Rewards & Careers chez WTW, anciennement Willis Towers Watson, en France, qui conseille aux entreprises de se lancer dès maintenant, car le chemin peut être long – plusieurs mois, voire plusieurs années – pour ceux qui devront revoir ou construire les bases de leurs politiques de rémunération. »
La première modification concerne le recrutement : les candidats doivent être informés, dès le début du processus d’embauche, du salaire du poste ou à minima d’une échelle salariale. « Cela répond à une demande très forte des salariés »note Eric Gras, spécialiste du marché du travail chez Indeed France.
Pour Stéphanie Lecerf, DRH de PageGroup France, spécialiste du recrutement et de l’intérim : « L’effet est positif, car cette transparence permet d’attirer plus de candidats et ils se verront davantage dans le poste. Ceci est conforme à la pratique. » Donc, « fin 2023, plus de la moitié des offres d’emploi publiées sur Indeed en France affichaient des informations salarialesexplique M. Gras, les entreprises les plus transparentes sont les PME et les offres destinées aux ouvriers sont les plus concernées ». Autre mesure prévue dans la directive : le recruteur ne pourra plus demander l’historique salarial.
Les sanctions
Ensuite, les entreprises devront fournir des informations précises sur l’écart salarial entre hommes et femmes. Selon une étude de l’Insee publiée en mars, le salaire moyen des femmes – à durée de travail identique – était encore inférieur de 14,9 % à celui des hommes en 2022. Si, au sein des entreprises, cet écart est d’au moins 5 %, elles devront passer à l’action.
» Les entreprises françaises ne partent pas de zéro. Grâce à l’index de l’égalité professionnelle femmes-hommes, ils sont déjà sensibilisés au sujet, mais nous allons plus loin », Note Mmoi Grouberman. Tout salarié pourra avoir accès à la rémunération moyenne de sa catégorie. Des indemnisations seront versées aux victimes de discrimination salariale et la charge de la preuve incombera désormais à l’employeur.
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