Livre. Si le capitalisme sous sa forme actuelle ne parvient pas à résoudre la crise écologique, comment pouvons-nous tracer une autre voie crédible ? C’est la question à laquelle nous essayons de répondre Comment fourcher. Principes de planification écologiqueCédric Durand, économiste à l’Université de Genève, et Razmig Keucheyan, sociologue à l’Université Paris Cité.
Dans un ouvrage dense et argumenté, les deux chercheurs – également membres actifs de l’Institut La Boétie, co-présidé par Jean-Luc Mélenchon – livrent une analyse fouillée, parfois difficile d’accès, mais innovante dans son approche. Fait, Comment bifurquer est l’une des premières tentatives de théorisation de la planification qui – contrairement aux modèles de la France des années 1960 ou de l’Union soviétique – ne vise pas à produire plus, mais plutôt à produire moins, en fonction des besoins, dans le respect des limites planétaires.
D’emblée, les auteurs postulent l’urgence de “bifurqué” pour éviter les pires scénarios climatiques et l’effondrement de la biodiversité. Ils insistent sur un point : cette planification écologique « sera social ou ne sera pas ». Et ils mettent au cœur de leur raisonnement la nécessité d’articuler enfin correctement la fin du monde et la fin du mois : « Sans garanties sociales contre les risques de transformation ou sans mécanismes d’inclusion démocratique, le soutien des classes populaires à la planification écologique risque de faire défaut. Mais sans eux, cela ne pourrait pas se produire. »
Marché inefficace
Une manière de se différencier de la planification version Emmanuel Macron, revendiquée par le chef de l’État lors de la campagne présidentielle de 2022 et mise en œuvre à Matignon par le secrétariat général de la planification écologique.
« Les promesses du capitalisme vert ont autant de plomb dans les ailes que les forages de gaz de schiste dans le bassin permien au Texas »», raillent les deux chercheurs, qui attaquent de plein fouet les contradictions de la notion de « croissance verte ». Selon eux, le marché a démontré son inefficacité à assurer les investissements nécessaires à la transition écologique dans les délais nécessaires.
Ils soulignent que la mise en place d’une taxe carbone ou de mécanismes de soutien au développement des énergies renouvelables ne suffiront jamais à résoudre l’une des clés de la transition : le démantèlement des infrastructures et des modes de production du monde des énergies fossiles. . En d’autres termes : le marché se trompe en finançant le « vert » sans défaire le « gris » – puisque cela n’empêche pas la dégradation accélérée de la nature.
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