Un marxiste repenti déclaré vainqueur de l’élection présidentielle

Le président sortant Ranil Wickremesinghe (c) montre son doigt taché d’encre après avoir voté à l’élection présidentielle du 21 septembre 2020 à Colombo (-)

Le chef de la coalition de gauche, Anura Kumara Dissanayaka, a été déclaré dimanche vainqueur de l’élection présidentielle au Sri Lanka, deux ans après qu’une grave crise financière a contraint le pays à une politique d’austérité sévère et impopulaire.

Après le dépouillement complet des bulletins de vote, le marxiste repenti de 55 ans a remporté 42,3 pour cent des voix, a annoncé la commission électorale sur son site Internet.

Il a largement devancé le leader de l’opposition au Parlement Sajith Premadasa (centre droit), 57 ans, crédité de 32,7% des voix, et le président sortant Ranil Wickremesinghe, 75 ans, avec 17,2%.

La cérémonie d’investiture du nouveau président élu est prévue lundi matin, selon la commission électorale.

Silencieux depuis l’annonce samedi soir des premières tendances qui lui donnaient l’avantage, le président sortant Ranil Wickremesinghe n’a pas immédiatement réagi à la confirmation de sa défaite.

Mais dès le matin, l’un de ses principaux alliés, le ministre des Affaires étrangères Ali Sabry, avait déjà reconnu la victoire de M. Dissanayaka.

« Bien que j’aie fait campagne avec force pour le président Ranil Wickremasinghe, le peuple sri-lankais a pris sa décision et je respecte pleinement le mandat qu’il a donné à Anura Kumara Dissanayaka », a-t-il écrit sur le réseau social X.

L’entourage de Sajith Premadasa a également rapidement concédé sa défaite.

– « Renégocier » avec le FMI –

Avant même que sa victoire ne soit confirmée, M. Dissanayaka avait déclaré dimanche qu’il ne “déchirerait” pas le plan d’aide de 2,9 milliards de dollars (2,6 milliards d’euros) signé en 2023 avec le FMI au terme de longues négociations.

“Nous n’annulerons pas le plan du FMI… notre volonté est de coopérer avec le FMI et d’introduire quelques amendements”, a déclaré à l’AFP Bimal Ratnayake, membre du bureau politique du Front de libération du peuple (JVP).

Tout au long de sa campagne, ADK, comme le surnomme son camp, a dénoncé les élites « corrompues » qu’il considère comme responsables du chaos de 2022. Il a également promis de réduire les taxes et les droits sur les aliments et les médicaments qui pèsent sur la population.

« Pour la première fois dans l’histoire du Sri Lanka indépendant, le pouvoir passera de quelques familles d’élite corrompues à un gouvernement du peuple », a-t-il annoncé dans son manifeste.

Le Sri Lanka a connu en 2022 sa pire crise économique de l’histoire, qui a précipité la chute du président Gotabaya Rajapaksa, chassé de son palais par des manifestants en colère contre l’inflation et les pénuries.

Arrivé au pouvoir dans la foulée, M. Wickremesinghe poursuit depuis lors une politique d’austérité brutale, multipliant les augmentations d’impôts et les coupes drastiques dans les dépenses publiques.

Deux ans plus tard, l’ordre est revenu dans les rues et l’économie s’est redressée, même si elle est encore très pâle, prévient le FMI.

Mais le rétablissement rapide du Sri Lanka s’est fait au prix d’une aggravation de la pauvreté, qui touche désormais plus d’un quart de ses 22 millions d’habitants, selon la Banque mondiale.

– “Changement” –

Ranil Wickremesinghe se présentait pour un second mandat avec pour seul objectif de poursuivre la reconstruction forcée de l’île.

Le scrutin a été marqué par une forte participation des électeurs, environ 76% selon la commission électorale.

Samedi, de nombreux électeurs de la capitale Colombo et de sa banlieue ont exprimé leur lassitude, épuisés par deux années de restrictions.

“Nous avons besoin de changement dans ce pays”, a déclaré à l’AFP Mohamed Siraj Razik, 43 ans, après avoir voté. “Le détournement des fonds publics au profit de la classe politique doit cesser”.

Comme le candidat de gauche, le leader de l’opposition au Parlement, Sajith Premadasa, ancien proche collaborateur de Ranil Wickremesinghe, s’était également engagé à obtenir des concessions du FMI.

Mais l’institution internationale ne semble pas disposée à accepter de modifications à l’accord de 2023.

« Des progrès ont été réalisés, mais le pays est encore loin d’être sorti de l’ornière », a averti la semaine dernière la directrice de la communication du FMI, Julie Kozack.

aj/pa/mr

Anna

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