Un mois de janvier anormalement chaud au Québec
Pour un deuxième mois consécutif, les températures sont demeurées supérieures aux normales saisonnières en janvier au Québec et au Canada. Ailleurs dans le monde, des records de froid ont été battus.
Ces fluctuations, qui pourraient être symptomatiques d' »un système en train de s’effondrer », estime Philippe Gachon, chercheur au Centre d’étude et de simulation du climat à l’échelle régionale.
En moyenne, les températures étaient de 5 degrés Celsius au-dessus des normales saisonnières en janvier, de l’Abitibi-Témiscamingue à la Gaspésie. Il s’agit de l’évaluation d’Environnement Canada du début de 2023.
«C’est spécial cette année, je l’ai rarement vu, et ça fait 30 ans que je suis au Québec», raconte M. Gachon, également professeur au département de géographie de l’Université du Québec à Montréal (UQAM).
Montréal n’a eu aucun jour sous -20 degrés Celsius, et seulement un jour sous -15 degrés Celsius. La température moyenne du mois de janvier est de -4 degrés Celsius, la plus élevée jamais enregistrée dans la métropole. Le précédent record de -4,7 degrés Celsius avait été établi en 2017.


«Cette année, ce qui a été exceptionnel à Montréal et dans une partie du Canada, c’est que les températures maximales ont été anormalement chaudes», souligne aussi M. Gachon.
Un graphique du Centre météorologique de l’UQAM montre en effet un portrait du mois de janvier où les températures maximales quotidiennes sont constamment au-dessus de la normale, et une seule fois lorsque la température minimale descend sous la moyenne. Une image très différente des années précédentes.
Ce mois de janvier se distingue aussi par une grande quantité de neige reçue, et par un nombre important d’alternances de gels et de dégels, indique M. Gachon.
Le tout à un moment où le mois de décembre avait lui aussi battu des records de température. « Ce sont donc deux mois consécutifs, dans l’est du pays, qui sont anormalement chauds », observe-t-il.
Fluctuations importantes
Ailleurs au pays, la moyenne du mois de janvier est aussi au-dessus des normales saisonnières, rapporte André Cantin, météorologue à Environnement Canada.
Dans le nord des Prairies et dans les Territoires du Nord-Ouest, les températures étaient d’environ 9 degrés au-dessus de la moyenne, l’écart le plus important au pays. La Colombie-Britannique a été plutôt épargnée par la hausse des températures.
La ville de New York a également atteint son plus long hiver sans neige depuis cinquante ans, a annoncé lundi la chaîne américaine CBS.
En Europe, une vague de chaleur début janvier a été largement médiatisée, alors qu’au moins huit pays ont enregistré des températures record. « A la même époque, dans le nord-est de la Sibérie, on battait des records de froid », se souvient M. Gachon. Cette fluctuation des anomalies de température liées à la circulation atmosphérique, ce sont des choses que l’on s’attend à faire avec le changement climatique. »
Les températures actuelles feront l’objet de recherches plus poussées, rapporte le chercheur. « Mais c’est clair que si on bat des records, c’est quelque chose qui arrive », dit-il.
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