une arrivée tendue à l’Assemblée nationale

Au centre, Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture, et Gabriel Attal, chef du gouvernement, visitent un jardin maraîcher, à Bretteville-sur-Ay (Manche), le 27 avril 2024.

Un débat parlementaire semé d’embûches pour le gouvernement. Après plusieurs reports ces deux dernières années, le « projet de loi d’orientation pour la souveraineté agricole et le renouvellement générationnel » est examiné par les députés en séance publique à partir de mardi 14 mai.

Avec ses vingt articles, le projet de loi d’orientation et d’avenir agricole, selon son nom initial, était en fait une promesse de campagne d’Emmanuel Macron, réitérée en septembre 2022 et considérée comme un temps fort de son deuxième quinquennat. Après de longues consultations et de nombreux reports, le texte, en préparation depuis janvier 2023, a finalement été révisé après les manifestations de colère des agriculteurs en début d’année, pour parvenir à sa version définitive.

Dans sa première partie, il entend inscrire dans le droit l’impératif de souveraineté alimentaire, en élevant l’agriculture au rang d’« intérêt général majeur ». Une manière pour le gouvernement de répondre aux pressions de la Fédération nationale des syndicats agricoles (FNSEA). Mais l’enjeu initial de ce projet de loi est de faciliter la transmission des exploitations, l’installation et la formation à l’agriculture, alors qu’un tiers des agriculteurs atteindront l’âge de la retraite dans dix ans.

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Sous la pression du monde paysan, l’exécutif s’est engagé à inclure une batterie de mesures visant à simplifier certaines normes environnementales. L’allègement de la réglementation sur les haies incluse dans l’article 14 (le texte le plus long), mais aussi l’accélération des procédures contentieuses autour des projets de stockage d’eau ou de construction de bâtiments d’élevage relèguent les enjeux de transition écologique au second plan.

« Hors sol », « indigents »

Le Haut Conseil pour le climat, organe consultatif indépendant, s’est inquiété dans une lettre adressée le 4 avril au gouvernement, déplorant une « réduction de l’ambition climatique de l’action publique relative au système alimentaire », après que le projet de loi ait été réécrit au cours de l’hiver.

Sans surprise, il suscite de nombreuses doléances parmi les oppositions, qui déplorent à l’unisson son « manque d’ambition ». Au point d’être qualifié de » Au-dessus du sol «  par le député (Parti socialiste) de Meurthe-et-Moselle Dominique Potier, quand sa collègue (écologiste) de la Drôme Marie Pochon déplore « un texte médiocre, qui parvient même à faire de fausses promesses aux agriculteurs et, ce faisant, à saper certains fondements du droit de l’environnement » ».

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