Au Japon, les chefs d’entreprise ont de plus en plus de mal à recruter. Pour se prémunir contre les démissions qui peuvent sérieusement perturber un département, un professeur d’université a développé un modèle de prédiction des démissions, basé sur l’intelligence artificielle.
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Au Japon, les pénuries de main d’œuvre touchent tous les secteurs. Une démission peut tourner au drame car elle désorganise des équipes déjà débordées. Alors pour aider les managers à identifier les salariés insatisfaits, le professeur Naruhiko Shiratori de l’université de Tokyo a développé un programme qui leur permet d’anticiper les départs.
L’idée est de construire un modèle informatique qui permettra d’identifier les salariés à risque, c’est-à-dire ceux qui pourraient prochainement annoncer leur départ. Parfois, les chefs d’équipe ou les ressources humaines ne voient pas venir les démissions. Le chercheur s’est donc associé à une start-up et a développé une plateforme dédiée à l’intelligence artificielle.
Puissance prédictive de l’IA
Alors, quand on parle d’intelligence artificielle, c’est devenu un peu vague. Aujourd’hui l’intelligence artificielle repose essentiellement sur le LLM (L(grands modèles de langage), grands modèles de langage. Ce sont des ordinateurs ultra-puissants, capables d’intégrer des quantités astronomiques de données, et qui réalisent alors des calculs de probabilités à une vitesse phénoménale.
Comme avec ChatGPT, lorsque vous tapez le début d’une phrase “le ciel est…”, la calculatrice va parcourir tout internet, tous les textes existants en français, que ce soit sur Wikipédia, les articles, tout le site franceinfo, les livres, les blogs, pour trouver l’adjectif qui a le plus de probabilité de suivre les mots “le ciel est…”. Il trouvera donc “bleu” puis passez au mot suivant.
Efforts stratégiques en matière de ressources humaines
Prédire les démissions des salariés, c’est un peu la même chose. Au lieu de chercher des mots, la calculatrice recherchera des données sur le comportement des employés. Il examinera des millions de données de l’entreprise, de son secteur d’activité, et les comparera avec le profil de ceux qui ont démissionné dans le passé. Depuis combien de temps ces salariés démissionnaires sont-ils partis depuis leur arrivée dans l’entreprise, à quelle période de l’année, à quel niveau de salaire, quel âge, quel sexe, etc. Le programme analysera également les réponses données lors des entretiens d’embauche.
Le programme contrôle des milliers de paramètres et peut ensuite scanner les profils des salariés actuels pour identifier ceux qui sont les plus susceptibles d’annoncer prochainement leur départ. Ainsi les ressources humaines, ou le manager, peuvent intervenir en amont pour tenter de soigner ce salarié.
Moins de travail
Garder un employé demande beaucoup d’efforts, mais il faut comprendre la situation démographique exceptionnelle du Japon. On en parle souvent ici, le pays perd près d’un million d’habitants par an. Chaque heure, il y a 100 Japonais de moins ! Ce sont donc des dizaines de milliers d’emplois qui ne sont pas remplacés chaque année.
Il y a de moins en moins d’étudiants, donc moins de main d’œuvre entrant sur le marché du travail. Les groupes essaient de fidéliser au maximum leurs salariés, car ils savent qu’un départ sera très, très difficile à compenser.