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une journée avec Sophie Dulac, grande figure du cinéma indépendant en France

Que fait-on au Festival de Cannes quand on est Sophie Dulac ? Rencontres, projections, montées d’escaliers, pépites à découvrir… Nous avons passé du temps à ses côtés, entre le Palais des Festivals et la Croisette.

France Télévisions – Culture Edito

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Sophie Dulac. Une vraie dame du cinéma en France. Producteur, distributeur et exploitant (cinq salles à Paris), mécène d’un festival parisien. Beaucoup pour une seule personne, et c’est un cas unique dans le cinéma indépendant aujourd’hui. A Cannes comme ailleurs, elle est tout cela à la fois et il est peu probable qu’elle ait envie d’enlever un de ses chapeaux. “Disons que je me multiplie, j’arrive à avoir le don d’ubiquité”elle rit.

On la sait très occupée, pourtant elle a très vite accepté le principe de partager un peu de son temps à Cannes, ainsi que sa vision de cette grande messe internationale.

Cela commence par un rendez-vous en terrasse sur une petite place face au Palais des Festivals. Le matin, peu après l’heure de pointe du début des projections, l’ambiance est toujours apaisée, ce qui ne lui déplaît pas. Quels sont les enjeux à Cannes ? « C’est d’abord la reconnaissance du travail accompli, quand nous sommes invités au Festival (en sélection). Pas tant par rapport au public, car ils sont un peu en dehors de tout ça, mais par rapport aux professionnels et aux opérateurs.“.

Depuis vingt ans elle vient chaque année dans la Mecque du 7ème art. « Cela reste enrichissant” Surtout quand, comme cette année, vous arrivez avec quatre films dans votre sac. “J’ai un peu pleuré (mais peut-être que je me trompe ?) une Palme d’Or car vu les films que je fais, je pense que je ne serai jamais sélectionné pour la Palme. Par contre, cette année, nous avons Cannes Première. (Rencontre avec Pol Pot), Cannes junior (L’enfant qui mesurait le monde), Cannes Classiques (Il était une fois Michel Legrand) et la Semaine de la Critique (Filles du Nil) ! Entre film documentaire, film classique, film junior, premiers films, notre travail est cette fameuse diversité que nous proposons chez Dulac Distribution et qui est reconnue par quatre sections différentes.”

Le film de Rithy Panh, Rencontre avec Pol Pot, est sûrement sa vitrine. Le réalisateur franco-cambodgien pourrait bien être régulièrement invité au festival depuis Les gens de la rizière en compétition en 1994, cela reste un “consécration” pour le voir projeté dans la prestigieuse sélection Cannes Première. Une partie du séjour de Sophie Dulac à Cannes tourne ces jours-ci autour de ce réalisateur qu’elle “amour” : montez les escaliers avec lui (“en mouvement”elle dit), « petit cocktail au Palace », soirée en terrasse avec l’équipe du film. N’en demandez pas plus à Sophie Dulac sur les affaires du monde, elle n’est (vraiment) pas intéressée. Mais elle aime le partager avec ses équipes. Comme cette assistante à la programmation de son festival, qu’elle occupait en faisant une place aux marches d’Emma Stone (pour le film Sortes de gentillesse).

Un autre film, une autre joie. Le film égyptien Filles du Nil est projeté à la Semaine de la Critique. « Il a eu une standing ovation de dix minutes, avec des jeunes filles qui n’ont jamais quitté leur village du sud de l’Egypte, qui font du théâtre et qui sont arrivées à Cannes. Et donc j’imagine leur émotion de se retrouver dans cet endroit”Sophie Dulac nous dit ravie.

Cannes, évidemment, c’est rencontrer du monde, dans le train avant d’arriver, en terrasse, dans les couloirs du Palais des Festivals, car « tout est concentré ici sur dix jours ». D’où la possibilité de traverser « des talents possibles et des réalisateurs possibles avec qui nous pourrons travailler un jour. » « En fait, c’est une toute petite industrie, le cinéma, c’est une toute petite niche : donc on a parfois le sentiment que tout le monde connaît tout le monde et qu’on va faire affaire avec tout le monde. Ce n’est pas vrai. C’est un environnement où dix personnes parlent à dix personnes. C’est très difficile aujourd’hui pour les jeunes talents qui arrivent sur le marché de se faire une place, de trouver un producteur, d’avoir quelqu’un. ‘celui qui répond au téléphone’. Cannes offre donc un trésor d’opportunités.

Y a-t-il des affaires à faire au festival ? Du côté de la distribution, « Il y a peut-être encore des films, à la Quinzaine ou à la Semaine de la Critique, qui n’ont pas de distributeurs. Là, on veille, on regarde, on cherche.» Mais évidemment Sophie Dulac n’est pas venue seule et passe de moins en moins de temps, par exemple, au Marché du Film situé au sous-sol du Palais des Festivals. “C’est principalement mon équipe et mon directeur de distribution qui font les rendez-vous professionnels, je les accompagne de temps en temps, mais j’ai un rôle un peu sympa. Je prends un café avec les journalistes, je vais voir des films.”

Certains de ces films retiendront son attention. “Le plus important, c’est l’émotion. Je cherche quelque chose qui me parle. L’année dernière, il y a eu ce film fabuleux, La Zone d’Intérêt, J’y pense encore. J’aurais adoré le distribuer par exemple. Malheureusement, le minimum garanti était beaucoup trop élevé, je n’aurais pas pu y aller. Pas de regrets. Pour les autres, je dois toujours me dire : c’est un film pour moi, c’est un film que je veux défendre. Parfois, même si le film n’a pas forcément un potentiel économique extrêmement puissant, je me dis, il faut le voir“.

Tard dans l’après-midi. Nous prenons un café au Carlton, haut lieu des rencontres cannoises, là où apparaissent les stars. Sophie Dulac préfère la discrétion, malgré son rôle dans l’économie du 7e art. “Je suis attiré par l’être, le paraître ne m’intéresse pas. Pour moi, le cinéma est un vrai métier qui doit m’apporter quelque chose que je puisse partager. Se montrer, ce n’est pas mon style.“.

De la même manière, elle nourrit la conviction que rien n’est jamais acquis dans ce métier, transmise notamment par son grand-père, Marcel Bleustein-Blanchet, fondateur de Publicis. “Les bouddhistes ne disent rien d’autre quand ils croient que rien ne doit jamais être parfait, sinon c’est le chaos. Nous sommes pareils. Heureusement qu’on a encore de la place pour réussir, qu’on peut s’écraser sur un film, ça peut arriver, comme on peut réussir”, que ce soit en exploitation, que ce soit en distribution. Au contraire, je crois que le défi est de se dire : le prochain film est celui qui fera le million d’entrées.“.

Juliette

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