Une omniprésence de TotalEnergies dans les stades et les musées

Iga Swiatek, lors du Qatar TotalEnergies Open, à Doha (Qatar), le 14 février 2024.

Trouver « un métier d’avenir » Ou juste « une seconde chance », il suffit de traverser la rue Joséphine-Baker. Du moins, selon L’Industreet. Depuis fin 2020, ce « campus des nouveaux métiers industriels » s’adresse aux jeunes de 18 à 30 ans. Sans condition de diplôme pour y entrer, il promet « formation gratuite et qualifiante » dans des secteurs variés (ligne de production automatisée, distribution d’énergie, robots assistés, etc.). Le tout financé par TotalEnergies, à Stains (Seine-Saint-Denis), à travers sa fondation d’entreprise.

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Lorsqu’elle cherche à redorer son image, la major pétrolière et gazière ne manque pas de faire savoir qu’elle est capable de faire de bonnes actions pour la jeunesse et« l’insertion professionnelle ». Sa stratégie d’influence s’étend également à d’autres domaines de la société. Mécénat culturel, mécénat sportif, financement de l’enseignement supérieur et de la recherche…

A travers ce soft power, concept habituellement réservé aux États, un message simple : le mastodonte de l’énergie prétend agir au nom de l’intérêt collectif, pas seulement pour les dividendes de ses actionnaires ou pour de nouveaux projets pétroliers et gaziers aggravant le changement climatique. . Ce qui est très loin de convaincre le philosophe québécois Alain Deneault, auteur d’un essai cinglant, De quoi Total est la somme ? (Rue de l’échiquier, 2017), pour qui cette stratégie vise avant tout à couper court à toute forme de critique. « Si vous donnez un peu d’argent à une association, si vous financez un musée, un programme patrimonial, une compétition de football, les bénéficiaires auront moins tendance à mordre la main qui les nourrit. »

Un budget quinquennal de 200 millions d’euros

En France, la Fondation TotalEnergies fonctionne avec un budget quinquennal de 200 millions d’euros, jusqu’à fin 2027. Soit 40 millions d’euros par an, dont près d’un quart va à L’Industreet, qui a accueilli quelques 300 étudiants l’année dernière. Une somme à relativiser avec les bénéfices colossaux du groupe : de l’ordre de 19,8 milliards d’euros, à l’échelle mondiale, pour le seul exercice 2023.

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C’est à l’été 1992, peu après le Sommet de la Terre de Rio, que la major crée une fondation d’entreprise – la loi française autorise une telle structure juridique depuis 1990, pour des œuvres d’intérêt général. . Durant les premières années, au risque de nager dans le paradoxe, ses contributions se sont d’abord portées sur la protection des océans et de la biodiversité marine. Comme s’il s’agissait de contrebalancer le fait que, durant la même décennie, elle « deviendra un acteur majeur » – elle le dit elle-même – le forage pétrolier en mer très profonde (offshore profond).

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