Les visages sont sérieux, les sourires éphémères. C’était entre 19 heures et 20 heures ce mardi 11 juin lorsqu’une cohorte insolite de cadres socialistes est arrivée au siège du Parti socialiste (PS) à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne). Le premier secrétaire du parti, Olivier Faure, est déjà sur place. Le président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, les anciens députés de l’Essonne Jérôme Guedj et des Landes Boris Vallaud, François Kalfon, député européen nouvellement élu, la sénatrice du Val-de-Marne Laurence Rossignol, et sa collègue de le Nord Patrick Kanner, et le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, emboîtent le pas.
Au menu, un conseil national – le « parlement » du parti – censé débattre de l’accord signé lundi par les partis de gauche en vue de la constitution d’un « front populaire » pour les élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet. . Dans la salle comble, les socialistes discutent pendant quatre heures. Conduisant finalement à aucun vote, tant la question est délicate.
Quand Olivier Faure prend la parole, il s’agit de convaincre l’assemblée de repartir avec les « rebelles », après « la campagne parfois brutale des Européens ». Et les fractures creusées par le conflit au Moyen-Orient, qui ont conduit à l’implosion de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes). «Je connais les traces que cela a laissé en chacun de nous»a-t-il dit, avant d’exhorter tout le monde à faire un effort pour aider « les millions d’hommes, de femmes et d’enfants de ce pays qui tremblent » face au danger de l’extrême droite.
Mais, à Ivry-Sur-Seine, symptôme de la sensibilité de l’accord, l’heure n’était pas de donner un chèque en blanc à Olivier Faure. D’autant que trois questions majeures ne sont pas encore tranchées entre les différents partis de gauche : le programme, la répartition des circonscriptions et le nom du Premier ministre que la coalition pourrait envoyer à Matignon en cas de victoire aux législatives.
Le matin même, le travail censé faire de ce « front populaire » une réalité avait commencé entre le PS, les Verts, le Parti communiste français (PCF), La France insoumise (LFI) et Place publique, le parti de Raphaël Glucksmann, le tête de liste en tête de la gauche aux élections européennes, avec 13,8%. Au siège d’Europe Ecologie-Les Verts, à Paris, où la gauche avait ratifié lundi le principe de la nouvelle coalition, une équipe travaille sur l’accord programmatique. Aux commandes, Boris Vallaud, les anciennes députées LFI du Val-de-Marne Clémence Guetté et de la Haute-Garonne Hadrien Clouet ou encore le sénateur écologiste de Paris Yannick Jadot. Raphaël Glucksmann tente de peser de tout son poids dans le débat. Il a chargé son plus proche conseiller, Pierre-Natnaël Bussière, de s’assurer que « une aide inébranlable à l’Ukraine », son combat principal, apparaît bien dans le document final, alors que la question est sensible pour LFI et le PCF. Tout au long de la campagne, les deux groupes de gauche radicale ont combattu ses positions en le traitant comme “aller à la guerre”.
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