Pour ses détracteurs, la mesure incarne le risque d’une transformation définitive de Venise en parc d’attractions. Les jours de grande affluence, comme ce jeudi 25 avril, jour férié célébrant la libération de l’Italie du fascisme, les touristes souhaitant arpenter ses ruelles et les berges de ses canaux d’une beauté sans précédent devront désormais fournir un billet d’entrée après avoir préalablement réservé leur visite. , en payant la somme de 5 euros.
En 2024, ce régime sera imposé pour vingt-neuf dates identifiées comme critiques par la municipalité. L’objectif est d’alléger le poids placé sur les infrastructures et le délicat patrimoine de Venise par les flux massifs de voyageurs qui dénaturent la vie urbaine de la ville lagunaire. Plus précisément, les autorités tentent de décourager les visiteurs quotidiens, dont la contribution économique est faible, mais qui encombrent également les passages étroits et les ponts du centre historique.
L’introduction du ticket d’entrée, portée par le maire de centre-droit, Luigi Brugnaro, est une réponse aux polémiques récurrentes sur les ravages infligés à Venise par le « surtourisme » dans une ville dont les beautés constituent un revenu économique colossal. La mise en œuvre de cette réforme intègre également les engagements pris par la municipalité pour éviter que Venise et sa lagune ne soient inscrites sur la liste du patrimoine mondial en péril de l’UNESCO. Préconisée dans un rapport du Centre du patrimoine mondial de juillet 2023, une telle interdiction a été évitée de peu.
De multiples exemptions prévues
Jeudi, des comités de résidents et des militants de gauche à Venise ont également exprimé leur opposition aux nouvelles procédures. Pour eux, il s’agit de l’étape finale d’une transformation urbaine visant à faire passer les îles vénitiennes du statut de ville, avec ses habitants et ses fonctions quotidiennes, à un simple site touristique. dépeuplée et exploitée à outrance. « Rien n’a jamais été fait pour réguler le tourisme. (…) Je l’ai fait “a déclaré le maire de Venise, M. Brugnaro.
Toutefois, cette mesure semble plus symbolique que susceptible d’engendrer un changement structurel. Sur 113 000 entrées à Venise le 25 avril, seuls 15 700 touristes ont dû payer un billet en raison des multiples exemptions prévues. Accusés de tous les maux, les visiteurs quotidiens ne sont qu’un aspect parmi tant d’autres des dérives touristiques qui, à Venise, restent bien trop lucratives pour être véritablement combattues.