jeIl y en a partout! Pensez-vous pouvoir souffler, oublier quelques minutes, découvrir de nouveaux visages, s’attarder sur Gabriel Attal ou Valérie Hayer ? Vous rêvez d’un moment de calme, d’une pause politique, d’une parenthèse enchantée sans sa présence époustouflante ? Quel erreur ! Car Manu le zébulon tout terrain ne vous laisse jamais de répit. A chaque occasion, hop, il sort de sa boîte, omniscient, redoublant de détails sur chaque dossier sous la main, de fiches techniques, de projets de lois dans tous les sens, d’entretiens soigneusement calibrés.
Ce chef de l’Etat est toujours conquérant. Toujours présent à l’ère médiatique. Armé de cet inextinguible besoin de convaincre, d’occuper l’espace, dans une forme de parade dans tous les sens du terme. Dans « défilé », il y a l’idée du défilé, de la démonstration de force, de la mise en scène, mais il y a aussi le sens, moins visible, de « parer les coups », de défendre bec et ongles ses positions. Cet activisme débridé de l’hyperprésident donne le vertige et révèle sans doute, au fond, une forme de vertige.
Emmanuel Macron, leader des féministes
Est-ce lié à la fin de son mandat qui se profile, à ce pouvoir qui lui échappe des mains, du fait de sa majorité relative à l’Assemblée nationale, qui fait de lui un prince vulnérable et fragile ? Pour ne pas se laisser envahir par la mélancolie, il court les ondes, les chroniques, les réunions en petits et grands comités, incapable d’appliquer la fameuse doctrine du conseiller en communication de Mitterrand et Chirac, Jacques Pilhan, celle de la rareté, de moins est plusdoté de la puissance incomparable du silence, il galope à toute allure dans le domaine médiatique.
Dans la même colonne
À nos sœurs de Elle, cette semaine, le président joue le leader des féministes, défend la vague #MeToo, propose un vaste plan de lutte contre l’infertilité qui déferle sur la France, mais aussi il compte lancer une grande campagne pour favoriser l’augmentation du temps de congé paternité. Plus égal que lui, impossible… Sur le cas Depardieu, il fait une forme de mea culpa, revient sur sa défense du monstre, de moins en moins sacré, du cinéma français, dont il est un peu moins fier dans les colonnes de l’hebdomadaire féminin.
Emmanuel Macron, incorrigible causeur
L’infatigable marathonien de l’actualité parcourt les sommets des Pyrénées avec le numéro un chinois, malgré la brume et le mauvais temps. A Marseille, il attend avec impatience la flamme olympique, devant les caméras de télévision, se serrant la main, envoyant des baisers, dans ce port magique où il est comme un poisson dans l’eau, à tel point que certains le soupçonnent de vouloir s’y installer pour se reconstruire politiquement pour les élections de 2032.
Pourquoi tant d’excitation et d’agitation pour quelqu’un qui a déjà traversé tant de tempêtes et qui mérite une petite pause, une pause, une sieste réparatrice ? Ses amis, bien sûr, vous disent qu’il est dans son rôle de chef de l’Etat, qu’il doit occuper le terrain pour abattre le dragon du RN, jusqu’à son dernier souffle politique. C’est même la logique du Ve République, cette monarchie républicaine qu’il veut incarner pleinement.
Petit bémol à ce front des défenseurs de Manu l’incorrigible bavard : le peuple, noyé dans un déluge de déclarations, perdu dans un éparpillement de paroles, de postures, est-il encore capable de recevoir ce discours présidentiel presque torrentiel ? Ce déluge d’interventions n’est-il pas terriblement contre-productif ? Personne ne demande au locataire de l’Élysée de se cacher dans son palais, de s’enfermer dans l’isolement d’un roi déchu. Juste pour baisser un peu le ton, pour baisser le ton. Pour que ses paroles redeviennent audibles. En est-il capable ?