La ministre déléguée auprès du ministre de l’Agriculture, Agnès Pannier-Runacher, assure que “l’année dernière, la France a réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 4,8%”, soit “l’accomplissement de l’ensemble du mandat du président Hollande. Les chiffres sont exacts mais doivent être pris en compte”. Avec précaution.
Publié
Mise à jour
Temps de lecture : 2 minutes
En pleine campagne pour les élections européennes, la ministre déléguée auprès du ministre de l’Agriculture, Agnès Pannier-Runacher, assure que le gouvernement actuel a fait mieux que la gauche dans la lutte contre le réchauffement climatique. D’après elle, “c’est ce gouvernement et cette majorité qui a eu les meilleurs résultats en la matière”. “Je vous rappelle que l’an dernier la France a réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 4,8%, ce qui est l’accomplissement de l’ensemble du mandat du président Hollande, nous n’avons donc aucune leçon à tirer de la gauche en matière de lutte contre le changement climatique”, raconte-t-elle sur Sud Radio. Vrai ou faux ?
Une comparaison à prendre avec prudence
Les chiffres donnés sont exacts, mais la comparaison doit être prise avec prudence. La France a réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 19 Mt CO2e (unité de mesure qui inclut l’ensemble des gaz à effet de serre), soit de 4,8 % entre 2022 et 2023, selon le dernier baromètre des émissions publié. en mars dernier par le Citepa, l’association d’experts indépendants qui mesure mensuellement les émissions. Entre 2012 et 2017, la France a réduit ses émissions de 25 Mt CO2e, soit une réduction de 5,1 % sur la période, peut-on lire dans le dernier rapport d’inventaire de l’association. Des chiffres similaires.
Pour rappel, les gaz à effet de serre sont des gaz présents dans l’atmosphère, qui retiennent une partie de la chaleur du soleil. L’augmentation de leur concentration provoque une augmentation des températures. Le dioxyde de carbone (CO2) est le principal gaz à effet de serre, mais on trouve également du méthane et du protoxyde d’azote.
Les réductions d’émissions mesurées en 2023 et sur la période 2012-2017 semblent donc similaires mais les résultats 2023 publiés par le Citepa ne sont pas encore consolidés, ce sont des « pré-estimations ». Elles ne sont donc pas calculées exactement de la même manière que les données de la période 2012-2017. Par ailleurs, le Citepa, contacté par franceinfo, prévient que faire ce type de comparaison dans le temps n’est pas pertinent.
L’influence de la hausse des prix de l’énergie
Les émissions de gaz à effet de serre dépendent de plusieurs facteurs. Il est difficile d’attribuer une seule cause à une baisse ou une augmentation des émissions. Les facteurs cycliques jouent notamment un rôle important. Lorsqu’il fait doux en hiver, nous baissons le chauffage. Quand le prix à la pompe augmente, on essaie de conduire moins. Depuis deux ans et depuis le début de la guerre en Ukraine, les prix de l’énergie ont explosé et la consommation a chuté. La consommation d’électricité a par exemple baissé de 3 % sur l’année 2023, selon RTE. Ceci explique une bonne partie de la récente baisse des émissions, comme le précise le Citepa dans son dernier rapport.
Les politiques publiques mises en place ont également un effet sur les émissions mais à plus ou moins long terme. Il est difficile de mesurer l’effet précis et la date exacte à partir de laquelle les mesures prendront effet. Concernant la rénovation énergétique des bâtiments par exemple, qui permet de réduire les émissions, un important plan de rénovation a été lancé en 2013. Un effort poursuivi par les gouvernements ultérieurs. Les mesures climatiques sont également souvent décidées au niveau de l’Union européenne. Il est donc difficile d’attribuer les bons résultats uniquement à la politique menée par le gouvernement actuel.