Zone euro : La BCE abaisse d’un quart de point ses trois taux directeurs – 06/06/2024 à 16:21

Siège de la Banque centrale européenne (BCE) à Francfort

La Banque centrale européenne (BCE), comme prévu, a annoncé jeudi une réduction de 25 points de base de ses trois taux directeurs, première réduction des coûts d’emprunt dans un cycle de resserrement monétaire entamé en juillet 2022 pour lutter contre l’inflation qui a culminé en doublement. chiffres.

Elle a toutefois relevé ses prévisions d’inflation pour 2024 et 2025, signalant que la lutte contre la hausse des prix n’est pas terminée.

Le taux de la facilité de dépôt, qui s’est élevé à 4,0%, son plus haut niveau depuis la création de l’euro en 1999, suite à dix hausses consécutives du coût des emprunts entre juillet 2022 et septembre 2023, passe ainsi à 3,75%.

Le taux de refinancement et le taux du prêt marginal sont abaissés respectivement à 4,25% et 4,5% contre 4,5% et 4,75% précédemment.

Dans le même temps, la BCE a relevé sa prévision d’inflation à 2,5% en 2024, contre 2,3% prévu précédemment, et à 2,2% pour 2025 (contre 2,0%) alors qu’elle tablait auparavant sur un retour de l’inflation vers son objectif – de 2% – l’année prochaine.

« Malgré des progrès au cours des derniers trimestres, les pressions sur les prix intérieurs restent fortes, tirées par une forte croissance des salaires, et l’inflation devrait rester supérieure à l’objectif pendant une grande partie de l’année prochaine », a indiqué la BCE dans un communiqué.

Commentant les annonces de l’institution lors d’une conférence de presse, Christine Lagarde a souligné que la lutte contre l’inflation se poursuivait.

« Nous ne nous engageons pas à l’avance sur une trajectoire de taux particulière », a-t-elle déclaré en lisant un extrait du communiqué du Conseil des gouverneurs.

UNE « BAISSE RESTRICNIVE »

A la question de savoir si la BCE entrait dans une phase de « retrait » de sa politique monétaire restrictive, Christine Lagarde a répondu qu’elle ne pouvait pas confirmer qu’un tel processus était en cours, mais qu’il y avait « une forte probabilité ».

« Mais cela dépendra des données, et ce qui est très incertain, c’est la vitesse à laquelle nous voyageons et le temps que cela prendra », a-t-elle ajouté.

Plusieurs hauts responsables de la banque centrale, dont Isabel Schnabel et Klaas Knot, ont déjà plaidé en faveur d’une pause le mois prochain, suggérant que la prochaine fenêtre d’opportunité pour un assouplissement pourrait être septembre.

Les investisseurs sur le marché monétaire ont réduit leurs attentes en matière de baisse des taux après les annonces de la BCE et n’attendent désormais qu’une nouvelle réduction des taux d’intérêt cette année.

Sur les marchés financiers, les annonces de la BCE ont fait grimper les rendements obligataires de l’euro et de la zone euro tandis que les indices actions de la région ont légèrement réduit leur progression.

« Le ton immédiat est celui d’un ‘restrictive cut’ (« hawkish cut’ en anglais). Ce n’est pas une banque centrale qui est pressée d’assouplir sa politique », observe Mark Wall, économiste pour l’Europe à la Deutsche Bank.

(Écrit par Claude Chendjou, avec les contributions de Blandine Hénault à Paris, Francesco Canepa et Balazs Koranyi à Francfort, édité par Kate Entringer)