A la Sorbonne, le président de la République a dressé jeudi un portrait alarmiste de l’état de l’Europe. Un discours qui intervient un mois et demi après des élections européennes compliquées pour son camp.
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Emmanuel Macron a prononcé jeudi 25 avril à la Sorbonne un long discours sur l’avenir de l’Europe, qui sonnait comme un avertissement. Un avertissement solennel. « Notre Europe est mortelle, elle peut mourir », a lancé le chef de l’Etat. Elle est à un “point de bascule” et dirige un « Risque immense d’être relégué ». C’est le message qu’il a répété. On aurait cru entendre le fameux avertissement de l’écrivain Paul Valéry au lendemain du massacre de la Grande Guerre : «Nous, les autres civilisations, savons désormais que nous sommes mortels. Selon Emmanuel Macron, l’Europe est donc à la croisée des chemins. La montée en puissance ou le déclin ? C’était un peu moi ou le chaos, mais à l’échelle continentale.
Au fond, il est vrai que par rapport au reste du monde, l’Europe est un continent qui s’affaiblit. En termes de croissance et de puissance économique, elle est à la traîne des géants américains et chinois. Elle connaît un véritable déclin démographique. L’offensive de Vladimir Poutine en Ukraine a révélé l’étendue de ses faiblesses militaires. L’Europe est incapable de produire suffisamment d’armes pour les Ukrainiens et encore moins d’assurer seule sa défense, sans le parapluie américain. C’est aussi dans la perspective d’un retour de Donald Trump à la Maison Blanche qu’Emmanuel Macron a lancé cet avertissement à ses partenaires européens pour les inciter à avancer vers« autonomie stratégique ». Mais ce discours met aussi en évidence par contraste ses faiblesses politiques.
Les contradictions d’Emmanuel Macron
Difficile pour le chef de l’Etat de se féliciter d’avoir eu raison en 2017, lors de son premier discours à la Sorbonne, lorsqu’il plaidait pour la souveraineté industrielle et économique de l’Union. Pour affirmer qu’elle a « rarement aussi avancé » dans son histoire depuis sept ans, avec par exemple l’achat groupé de vaccins anti-Covid ou l’adoption du plan de relance, et admettre aujourd’hui, en même temps, qu’il pourrait bien disparaître, mourir. Tout ça pour ça, serait-on tenté de dire… Et puis, plus prosaïquement, quand Emmanuel Macron évoquait la possibilité d’envoyer un jour des troupes terrestres en Ukraine pour repousser la menace russe, la liste de la majorité n’en a pas profité. de cette dramatisation dans les sondages des intentions de vote des Européens.
Pas sûr que le discours de jeudi suffise à relancer la campagne de Valérie Hayer. Ce qui tombe plutôt bien puisque l’Élysée répète que ce n’était absolument pas l’objectif de ce discours.