A Paris, le procès du harcèlement sexuel d’une jeune militaire par un sous-officier

Propositions sexuelles « quotidiennes et humiliantes » : au tribunal de Paris, une jeune militaire a décrit jeudi sa « désillusion totale », après avoir été victime de harcèlement sexuel de la part d’un sous-officier, dans le cabinet militaire de l’ex-ministre de l’Armée. les Forces Armées Florence Parly.

Les événements ont duré plusieurs mois à partir de septembre 2021 au secrétariat du cabinet militaire de Florence Parly, à l’Hôtel de Brienne, résidence du ministre.

Le procureur a requis deux ans de prison dont 20 mois avec sursis contre Julien M. ainsi que son inéligibilité, qui entraînerait la perte de grade et son exclusion de l’armée.

La plaignante – âgée de 21 ans au moment des faits – y a été affectée en septembre 2021. Elle y travaillait avec Julien M., son associé et supérieur hiérarchique, à l’époque maréchal du logis.

Au cours d’une audience de plus de quatre heures, le président du tribunal a énuméré les allusions et propositions sexuelles imposées à la plaignante par Julien M., « de manière quotidienne et humiliante ». Et les remarques récurrentes sur son physique : « tu es mignonne dans ce pull », « tu as un joli cul ».

Parmi les autres commentaires tenus, souvent en présence de témoins : « tu riras moins une fois sodomisé », « il faut que je te baise », « si tu ne fais pas bien ton travail, je te baiserai ».

Julien M. a également déclaré au commissariat que la plaignante « s’est mouillée » lorsqu’elle l’a vu, montrant une prétendue flaque d’eau à ses pieds.

– « Elle a tout perdu » –

« Quand ça vous arrive quotidiennement, plusieurs fois par jour, c’est horrible ! », a lancé le procureur. « Il y a cette intention de l’humilier et de lui faire comprendre qu’elle est une chose sexuelle ! »

La jeune femme, mutée à Brest après avoir signalé les faits à sa hiérarchie en décembre 2021, a déclaré avoir fait deux tentatives de suicide l’année suivante.

Elle avait tenté de confronter l’accusé lors d’un entretien, lui disant que « ça la dégoûtait ». Mais il « a recommencé le lendemain », raconte-t-elle, chemisier et pantalon sombres, cheveux longs attachés en queue de cheval.

« J’avais trouvé une certaine vocation dans l’armée et j’étais déterminé. Sans lui, je n’aurais pas eu de désillusion et je n’aurais pas eu de dépression.

A la barre, le prévenu, 41 ans, marié et père de 4 enfants, en costume noir, a reconnu les faits. Il a jusqu’à présent écopé de 15 jours d’arrestation et a été transféré au Centre d’études militaires avancées (CHEM).

« Ce qu’on m’accuse d’avoir fait, ce comportement, est dégoûtant. Je n’aurais jamais dû, jamais, jamais faire cela », a-t-il déclaré. « Je regrette profondément, je me suis perdu. »

Pour expliquer ses actes et ses « grosses plaisanteries », il avance : « la charge de travail et la charge mentale disproportionnée sont les raisons pour lesquelles j’ai perdu pied, mais ce n’est pas, absolument pas une excuse ».

« Vous avez devant vous quelqu’un qui, avec sa maladresse, a tenté de faire comprendre que son attitude était abjecte et déplorable. Il a tenté de s’excuser et de demander pardon », a indiqué son avocate, Aurore Ventura.

« Je ne crois pas une seconde qu’il regrette, il avait pleinement conscience de ce qu’il faisait », a répondu l’avocate du plaignant, Elodie Maumont.

La plaignante « a tout perdu, elle est en arrêt maladie de longue durée. Le prévenu a reçu une sanction disciplinaire de 15 jours d’arrêt… c’est une blague ! », a-t-elle encore fustigé, saluant le « courage » de son client.

En 2023, 167 signalements de violences sexuelles ou sexistes ont été transmis à la hiérarchie militaire et 59 à la cellule « Thémis » (créée en 2014 pour recueillir les témoignages des victimes et veiller à l’application des sanctions), selon le ministère des Armées. Les forces. .

La décision a été mise en délibéré jusqu’au 20 juin.

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