En Géorgie, des dizaines de milliers de manifestants défilent à nouveau dans les rues après le vote d’une loi critiquée

Manifestation de l'opposition contre la « loi russe », dans le centre de Tbilissi, le 15 mai 2024.

Environ 30 000 Géorgiens opposés à un projet de loi controversé voté la veille au Parlement et qui menace d’entraver l’adhésion du pays à l’Union européenne (UE), se sont à nouveau rassemblés dans la soirée du mercredi 15 mai au centre de la capitale, Tbilissi, selon à l’Agence France-Presse (AFP).

Les ministres des Affaires étrangères en visite d’Estonie, d’Islande et de Lituanie se sont joints à la marche vers le site de manifestation, avant de s’adresser à la foule en signe de solidarité avec les manifestants.

Au lendemain de ce vote, l’OTAN, la Commission européenne et l’ONU (ONU) ont condamné cette initiative gouvernementale. Les manifestations contre ce texte, inspirées de la législation en vigueur en Russie pour réprimer l’opposition et qui cible les médias et les ONG recevant des fonds étrangers, durent depuis plus d’un mois. Les défilés rassemblent de grandes foules brandissant des drapeaux européens, ukrainiens et géorgiens et scandant des slogans contre la Russie, qui a mené la guerre contre la Géorgie en 2008.

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Des milliers de personnes ont commencé mercredi soir à bloquer un carrefour majeur de Tbilissi, paralysant la circulation dans les quartiers centraux de la capitale. « Nous descendons dans la rue jour après jour depuis plus d’un mois et nous ne reculerons pas jusqu’à ce que cette loi russe soit abrogée »Anuka Liparteliani, une étudiante de 19 ans, a déclaré à l’AFP. « Et à l’automne, nous chasserons ce gouvernement pro-russe »a-t-elle ajouté en faisant référence aux élections législatives prévues en octobre.

Des manifestations ont également eu lieu dans les villes occidentales de Kutaisi et de Tsalenjikha. Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, au nom de la Commission européenne, a appelé la Géorgie à  » retirer «  cette loi, jugée contraire à la « valeurs » et à « normes essentielles » de l’UE.

« Un impact important sur la liberté d’expression »

Le vote sur ce texte a eu lieu « un impact négatif » sur le processus d’adhésion de cet État à l’UE, a souligné Josep Borrell dans un communiqué de presse. La Géorgie est officiellement candidate à l’entrée dans l’UE depuis décembre 2023. Elle aspire également à rejoindre l’Otan, dont la porte-parole, Farah Dakhlallah, a dénoncé une mesure qui« loin » de son « Intégration européenne et euro-atlantique ».

La présidente géorgienne Salomé Zourabichvili, pro-européenne en conflit ouvert avec le gouvernement, devrait opposer son veto à la nouvelle loi, mais le parti au pouvoir, le Rêve géorgien,, s’assure qu’il dispose de suffisamment de voix au Parlement pour passer outre.

 » Les impacts (de la loi) sur les droits à la liberté d’expression et d’association en Géorgie risquent malheureusement d’être désormais importants »a regretté de son côté le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk.

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Les États-Unis ont réagi mardi en avertissant qu’ils pourraient « réévaluer » leurs relations avec la Géorgie. Les ministres des Affaires étrangères letton, estonien, lituanien et islandais se sont quant à eux rendus mercredi à Tbilissi pour exprimer leur inquiétude.

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Le président Zourabichvili a proposé des amendements au projet de loi mais a mis en garde, lors de cette conférence de presse avec les représentants baltes et islandais, contre toute négociation « artificiel ». Le Premier ministre géorgien, Irakli Kobakhidzé, s’est pour sa part déclaré prêt à discuter d’éventuelles modifications.

Dans sa forme actuelle, le texte impose à toute ONG ou média recevant plus de 20 % de ses financements de l’étranger de s’inscrire en tant qu’organisation.« organisation poursuivant les intérêts d’une puissance étrangère » et se soumettre au contrôle administratif.

Le Monde avec l’AFP

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